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La raison peut-elle se tromper ?

Extrait du document

« Vous pouvez partir sur ce sujet d'une expression aussi simple que : " Avoir raison ".

Lorsqu'on dit d'une personne qu'elle a raison cela signifie qu'elle ne se trompe pas, qu'elle ne commet pas d'erreur.

Essayez donc de voir en quoi dans ces conditions l'usage de la raison devrait consister à ne pas faire d'erreurs.

Pourtant, on peut remarquer dans l'histoire de la connaissance par exemple, que nous avons affaire à une suite d'erreurs rectifiées.

Est-ce à dire qu'il n'y avait alors aucun usage de la raison ? Peut-être faut-il ici vous attacher à distinguer le fait d'être doué de raison et l'usage que l'on peut faire de sa raison. [Je peux être abusé par mes sens.

Je peux croire, alors que je rêve, que ce que je ressens est la réalité. Je peux aussi me tromper moi-même en tenant pour vraies certaines opinions fausses.] La raison est sujette à l'erreur Mes sens ne cessent de m'abuser.

Je peux voir ce qui n'est pas.

Ainsi en est-il des illusions optiques.

De même, en rêvant, je suis persuadé de vivre certaines situations, je crois marcher, voler, alors que je suis simplement allongé dans mon lit.

D'autre part, qu'est-ce qui peut me garantir que j'ai bien un corps, deux bras, deux jambes ? En l'absence de certitudes, le mieux est de suspendre tout jugement.

C'est là le premier pouvoir de la raison. Dans la deuxième Méditation, Descartes observe un morceau de cire "qui vient d'être tiré de la ruche, il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'il contenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs d'où il a été recueilli ; sa couleur, sa figure, sa grandeur sont apparentes : il est dur, il est froid, on le touche, et si vous le frappez, il rendra quelque son".

Connaître un corps, c'est apparemment le connaître par les caractères que nous percevons : son odeur nous renseigne sur son origine, ainsi que sa couleur, sa consistance, sa température, le son qu'il rend, sa forme et sa taille.

Approchant ce bloc de cire d'une flamme, sa "saveur s'exhale, l'odeur s'évanouit, sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe, à peine le peut-on toucher, et quoiqu'on le frappe il ne rendra plus aucun son".

S'agit-il de la même cire ? Tous les caractères distinctifs par lesquels on le connaissait ont disparu, mais "il faut avouer qu'elle demeure, et personne ne le peut nier".

Les organes des sens ne peuvent donc rien nous apprendre de stable ni de certain.

Ce que nous percevons de la cire ne nous apprend rien d'elle.

Fondue, il ne demeure d'elle que quelque chose de flexible, d'étendu et de muable.

Imaginant la cire je ne connaîtrai rien de plus d'elle ; flexible et malléable, elle pourrait prendre une infinité de figures que mon imagination ne peut se représenter.

Par conséquent, il reste qu'il n'y a que "mon entendement seul qui conçoive ce que c'est que cette cire".

Conçue par l'entendement ou l'esprit, cette cire n'est pas une autre cire que celle dont je fais l'expérience sensible, mais seule une inspection de l'esprit me permet de la connaître, et non pas la vue, le toucher ou l'imagination. La raison est la victime d'un «malin génie» Dieu, qui est source de vérité, ne peut pas vouloir que la raison de l'homme soit trompée.

C'est pourquoi il permet à l'homme d'avoir des idées claires et distinctes.

La source de l'erreur n'est pas divine.

Celle-ci s'explique par l'intervention d'un «mauvais génie».

Qui est-il ? Descartes le définit comme une force aussi rusée que trompeuse et puissante.

Cette force exprime l'imperfection de l'homme.

Mais elle n'invalide pas la puissance de sa raison, laquelle peut toujours, et à condition de penser droitement, méthodiquement, découvrir les chemins qui mènent à la vraie connaissance.. »

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