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La raison peut-elle rendre raison de tout ?

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« INTRODUCTION La raison peut-elle tout penser, tout comprendre, tout expliquer ? Quelle est l'étendue de son pouvoir, sa sphère de légalité ? Connaît-elle des limites, des impuissances ? Est-ce la raison qui, de façon structurelle, ne peut pas penser certains objets ou est-ce un défaut de méthode, une incapacité à l'appliquer qui produit les limites auxquelles elle va se heurter ? (Un peut comme si nous possédions un outil parfait mais que nous n'étions pas réellement capables d'en tirer tout le bénéfice.) En fait, les limites de la raison ne sont rien d'autres que les limites de notre pouvoir de connaître en général.

Sous ce rapport, il est évident que nous ne pouvons pas tout savoir, mais que, par ailleurs, certains objets nous échappent et nous échapperont toujours.

Ainsi, par exemple, on peut citer Dieu, la mort ou l'âme...

ces " objets " ne pouvant être l'objet d'une expérience, il est impossible pour nous de les connaître de façon rationnelle. Notre plan sera dialectique.

Dans un premier temps, nous verrons, qu'en droit, la raison peut tout connaître.

Ensuite, avec l'empirisme que son pouvoir est limité à l'expérience sensible.

Puis, en guise de synthèse, nous étudierons les limites de la raison grâce au criticisme kantien. 1) La raison peut rendre raison de tout (le rationalisme) Selon Platon, il existe un autre monde, le monde des Idées ou Formes par rapport auquel le monde sensible n'a pas plus de consistance qu'une ombre.

La connaissance dépasse la simple opinion en ceci qu'elle ne porte pas sur le monde sensible mais s'attache au monde intelligible dont le sensible n'est qu'un vague et pâle reflet.

Le dualisme de Platon est une manière d'échapper au relativisme de Protagoras.

La première raison d'être des Idées c'est d ‘échapper au devenir sensible et de constituer ainsi l'objet d'une connaissance possible.

En affirmant l'existence d'essences intemporelles et immuables, séparées des choses sensibles, Platon rend possible une connaissance nécessaire et universelle.

Connaître c'est alors contempler les Idées.

Mais si l'âme humaine peut abandonner le sensible et se tourner vers les réalités intelligibles, c'est qu'elle a déjà connu ces réalités dans une vie antérieure.

La connaissance est assimilée à une réminiscence de ce monde des Idées que notre âme immortelle a entre vu avant de s'incarner dans un corps. Cette théorie de la réminiscence ressemble à un conte mais elle est à rapprocher de la théorie des idées innées chez Descartes.

Celui-ci, en effet, affirme que les idées vraies sont les idées claires et distinctes que nous trouvons en notre âme avec « leurs vraies et immuables natures », cad qui s'imposent évidemment à nous lorsque, grâce à un doute totalitaire, nous avons réussi à « détacher l'esprit des sens » et à lui rendre sa pureté native.

A l'opposé de l'empirisme, le rationalisme dogmatique affirme que l'esprit humain possède en lui-même toutes les conditions de son savoir a priori, cad antérieurement à toute expérience. Une première solution consiste à affirmer que la raison est une donnée première qui ne doit rien à l'expérience et que l'homme en possède congénitalement les principes.

Toute une tradition philosophique, depuis l'Antiquité grecque, affirme que les principes de la raison existent a priori et indépendamment de l'expérience sensible. C'est ainsi que pour Platon, l'âme les tient d'une existence antérieure à son union au corps.

Pour Platon, l'âme a une existence distincte du corps.

Elle est immortelle, elle est source et principe du mouvement, elle est ce qui anime le corps.

Elle a existé avant d'être enfermée en lui, elle existera après sa disparition.

Avant de s'incarner dans un corps, l'âme a appartenu à un cortège divin, elle a eu connaissance de la vérité dans un monde suprasensible. Pour Descartes aussi la raison est innée et irréformable.

Il voit en elle « la marque de Dieu sur son ouvrage ».

Les principes sont de « vraies et immuables natures » ou « idées innées » et ont été comme gravés dans l'esprit de tout homme par le créateur . « Si de cela seul que je puis tirer de ma pensée l'idée de quelque chose, il s'ensuit que tout ce que je reconnais clairement et distinctement appartenir à cette chose, lui appartient en effet, ne puis-je pas tirer de ceci un argument et une preuve démonstrative de l'existence de Dieu ? Il est certain que je ne trouve pas moins en moi son idée, cad l'idée d'un être souverainement parfait, que celle de quelque figure ou de quelque nombre que ce soit.

Et je ne connais pas moins clairement et distinctement qu'une actuelle et éternelle existence appartient à sa nature, que je connais que tout ce que je puis démontrer de quelque figure ou de quelque nombre, appartient véritablement à la nature de cette figure ou de ce nombre.

Et partant, encore que tout ce que j'ai conclu dans les Méditations précédentes ne se trouvât point véritable, l'existence de Dieu doit passer en mon esprit au moins pour aussi certaine, que j'ai estimé jusques ici toutes les vérités des mathématiques, qui ne regardent que les nombres et les figures : bien qu'à la vérités cela ne paraisse pas d'abord entièrement manifeste, mais semble avoir quelque apparence de sophisme.

Car ayant accoutumé dans toutes les autres choses de faire distinction entre l'existence et l'essence, je me persuade aisément que l'existence peut être séparée de l'essence de Dieu, et qu'ainsi on peut concevoir Dieu comme n'étant pas actuellement.

Mais néanmoins, lorsque j'y pense avec plus d'attention, je trouve manifestement que l'existence ne peut non plus être séparée de l'essence de Dieu, que de l'essence d'un triangle rectiligne la grandeur de ses trois angles égaux à deux droits, ou bien de l'idée d'une montagne l'idée d'une vallée ; en sorte qu'il n'y a pas moins de répugnance de concevoir un Dieu (cad un être souverainement parfait) auquel manque l'existence (cad auquel manque quelque perfection), que de concevoir une montagne qui n'ait point de vallée.

[...] De cela seul que je ne puis concevoir Dieu sans existence, il s'ensuit que l'existence est inséparable de lui, et partant qu'il existe véritablement : non pas que ma pensée puisse faire que cela soit de la sorte, et qu'elle impose. »

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