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La raison évolue-t-elle ?

Extrait du document

« A.

La raison est une activité de synthèse, dynamique • Le propre de la raison est de comprendre.

La science, c'est le savoir organisé.

C'est donc dans les sciences qu'on voit vraiment la raison à l'oeuvre, lorsqu'elle essaie de rendre raison des multiples phénomènes de la nature.

« La science instruit la raison », dit Bachelard (1884-1962). • Aujourd'hui, la raison n'est plus la valeur absolue, source de toute vérité.

L'histoire des sciences, histoire de la raison vivante, est celle d'une révolution permanente.

Le point de départ d'un progrès surgit de ce que Bachelard appelle une « rupture épistémologique ».

Il n'y a plus de principes rationnels éternels, même si les principes énoncés ci-dessus restent valables : « Ce n'est pas un système de règles qui définit la raison, mais sa capacité d'en instituer un nombre indéfini », fait remarquer Jean Ullmo dans La Pensée scientifique moderne. B.

La « rupture épistémologique » • La science progresse en dépassant les obstacles qu'elle rencontre.

La vérité, provisoire, sera polémique, dans la mesure où le progrès de la connaissance ne peut s'exprimer qu'en termes d'obstacles : « On connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites l ». • Ces obstacles produisent un changement radical de point de vue.

Prenons l'exemple de la nouvelle vision du monde introduite par Copernic au xvie siècle : jusqu'en 1543, on pensait que le soleil tournait autour de la terre (géocentrisme).

Copernic émet l'hypothèse que c'est la terre qui tourne autour du soleil (héliocentrisme) et rompt avec cette tradition fondée sur l'évidence sensible : la terre n'est plus le centre de l'univers.

Cette nouvelle vision du monde aura des conséquences non seulement scientifiques, mais également sociales et religieuses. • Pour que la science progresse, il faut : — penser contre l'intuition, l'expérience première ; — penser contre une connaissance antérieure. « En revenant sur un passé d'erreurs, on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel.

» BACHELARD Philosophe, épistémologue, critique littéraire, BACHELARD est tout autant un penseur, un savant qu'un poète.

Son oeuvre comporte deux versants : la réflexion sur les sciences et le poétique.

Pourquoi cette dualité au sein de son oeuvre ? tout simplement parce que, de l'aveu du philosophe, « un homme ne saurait être heureux dans un monde stérilisé ».

Ce qui signifie que l'esprit scientifique exige un véritable ascèse où l'esprit ne saurait trouver une satisfaction entière.

D'où le besoin de « recourir aux poètes » et de se mettre à « l'école de l'imagination ».

Ainsi, dans « La psychanalyse du feu », BACHELARD analyse de manière poétique les fantasmes liés au feu, dans leur joie brûlante.

Au même moment, dans « La formation de l'esprit scientifique : contribution à une psychanalyse de la connaissance objective » (1938), il s'applique à montrer comment les fantasmes constituent un obstacle à la connaissance scientifique.

C'est dans cet ouvrage qu'on peut lire : « En revenant sur un passé d'erreurs, on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel.

En fait on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit même, fait obstacle à la spiritualisation.

» « Revenir sur un passé d'erreurs, trouver la vérité en un véritable repentir intellectuel », cela signifie d'abord que la connaissance scientifique ne se fait pas ex nihilo.

Elle se fait toujours « contre une connaissance antérieure », cad par la destruction « des connaissances mal faites » : « Face au réel, ce qu'on croit savoir clairement offusque ce qu'on devrait savoir.

Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune.

Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés.

Accéder à la science, c'est spirituellement rajeunir, c'est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé.

» L'esprit scientifique ne peut donc se former que par une rupture radicale avec les préjugés et plus généralement avec tout ce que l'on croyait savoir.

Pourquoi une rupture radicale ? Parce qu'on ne détruit pas les erreurs une à une facilement.

Elles sont solidaires, coordonnées.

L'erreur n'est pas simple privation ou manque, elle est une forme de connaissance.

L'esprit scientifique ne peut, selon une formule de BACHELARD, « se former qu'en se réformant », cad en détruisant l'esprit non scientifique. D'emblée, l'esprit scientifique est contraire à l'opinion, cad à la connaissance commune.

Fondée sur notre perception immédiate des choses ou sur l'ouï-dire, liée à notre tendance à ne retenir des choses que ce qui est utile à la vie, l'opinion est incertaine.

Elle ne peut donc qu'entraver la recherche de la vérité et le scientifique ne doit pas se contenter de la rectifier sur des points particuliers, il doit la détruire : « La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion.

s'il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion ; de sorte que l'opinion a, en droit, toujours tort. L'opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances.

» Le scientifique doit même s'interdire d'avoir des opinions sur des questions qu'il ne comprend pas, sur des questions qu'il ne sait pas formuler clairement.

Car avoir une opinion, c'est déjà répondre avant même d'avoir trouvé la question.

Or ce qui caractérise avant tout l'esprit scientifique, c'est le sens du problème : « Avant tout, il faut. »

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