La raison doit-elle toujours se défier des sens ?
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Introduction – 1ère partie : analyse du sujet
·
Le sujet comporte deux notions (la raison, les sens).
La question porte sur la relation qui lie ces deux notions.
Le verbe « se défier » décrit cette relation comme une opposition asymétrique : la raison doit-elle « ne pas se
fier » aux sens, c'est-à-dire prendre le dessus sur eux ? C'est le présupposé du primat de la raison sur les sens
que nous sommes ici invités à mettre en question.
Le champ auquel appartient notre sujet est identifié.
·
Esquissons les contours de nos deux notions : la raison est une faculté humaine connotée positivement : le
raisonnement ouvre l'accès à la vérité, au bien, etc.
Les sens (du moins la sensibilité) sont également des
facultés.
Ils sont réceptivité, capacité d'être affecté par l'extérieur (voir, entendre, sentir...).
Ils participent
donc de l'aspect passif de l'homme, là où la raison signifiait activité, production de raisonnement.
La passivité
des sens et l'activité de la raison marquent une première opposition : les sens semblent être un frein pour la
connaissance.
Le sens, de plus, est ce qui peut être trompé (penser par exemple à l'illusion d'optique) : il pousse
l'homme vers l'erreur, alors que le raisonnement bien mené accède nécessairement à la vérité.
·
Les définitions courantes des notions de sens et raison confirment bien le primat de la raison sur les sens, au
moins dans le champ de la connaissance.
Il s'agit maintenant, afin que le sujet prenne tout son intérêt,
d'ébranler cette conviction pour montrer qu'un problème se pose réellement.
Pour cela, une possibilité consiste à
faire résonner la question (ici, assez théorique) dans des domaines particuliers, par exemple en art, en éthique,
en théorie de la connaissance, etc.
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Par exemple, dans le champ de l'art : pour comprendre et apprécier pleinement une oeuvre d'art, notre raison
est invitée à prendre le dessus sur nos sens : c'est bien notre raison qui, dans l'appréciation d'un tableau,
conduit l'analyse de la composition, du choix des couleurs, de la scène représentée, etc.
Mais, se défiant des
sens de la sorte, n'anéantissons-nous pas la possibilité d'une jouissance esthétique par la pure contemplation de
l'oeuvre, dans laquelle jamais la raison n'interviendrait ?
·
Autre exemple, en sciences : il semble impossible d'imaginer qu'un chimiste ou un physicien se passe de
l'observation, qui nécessite les sens et des moyens techniques adjoints pour accroître la précision et permettre
la mesure : dans le domaine des sciences où règne la raison, les sens sont donc des auxiliaires indispensables, et
non des ennemis.
·
Ces deux exemples concrets nient le primat absolu de la raison sur les sens.
Le sujet pose enfin un réel
problème.
Introduction – 2ème partie : problématique
Rappelons que la problématique est l'ensemble des problèmes qu'il nous faut résoudre pour répondre à la question du
sujet.
Pour faciliter notre réflexion (et conférer une force rhétorique à notre argumentation), nous hiérarchisons ces
problèmes du plus évident au plus ardu.
« La raison doit-elle se défier des sens ? »
-
Le problème que soulève immédiatement cette question est : pourquoi affirmer le primat de la raison sur les
sens ?
-
Si tant est qu'elle le doive, il faut encore qu'elle le puisse.
Du premier problème découle donc naturellement
le suivant : la raison peut-elle se défier des sens ?
Proposition de plan :
Indication méthodologique : le plan est celui de l'argumentation qui résout les problèmes soulevés par le sujet.
Il est
le parcours permettant de construire une réponse à la question qui anime notre réflexion.
Les auteurs sont
convoqués lorsqu'ils fournissent des réponses aux questions que notre réflexion rencontre chemin faisant.
Ils
permettent d'avancer dans le raisonnement jusqu'à un certain point, limite qu'il faut identifier, au-delà de laquelle
d'autres problèmes se posent, auxquelles il s'agira de répondre, ou bien par soi-même, ou bien en convoquant
d'autres philosophes.
I – Pourquoi affirmer le primat de la raison sur les sens ?.
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