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La philosophie s'accorde-t-elle avec la religion ?

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« Introduction La religion est un ensemble de croyances, de rites, de cérémonies qui rassemblent - relient- les membres d'un groupe autour de ce qui le dépasse : esprits, divinités, dieux ou Dieu. L'activité philosophique semble, à la différence de la croyance, relever de la raison.

Que l'on évoque le personnage de Socrate, qualifié dans le dialogue de Platon MÉNON de « douteur » et de « semeur de doute », ou Descartes racontant au début de la première Méditation qu'il lui faut se retirer dans la solitude de sa chambre pour mener en toute liberté une démarche de réflexion, telle qu'il puisse «se défaire des opinions reçues jusqu'alors en sa créance » : il s'agit dans tous les cas de penser par soi-même, de ne se fier ni aux apparences ni aux évidences sans les avoir éprouvées.

Comment la philosophie pourrait-elle s'accorder avec la religion ? S'accorder, c'est être du même avis, réaliser une union des esprits et des coeurs.

C'est aussi aider l'autre, se trouver en harmonie avec lui.

Or la philosophie ne se constitue-t-elle pas en se séparant de la religion ? Sa tâche ne consiste-t-elle pas à s'interroger sur la religion ? Mais la religion, en particulier la religion chrétienne, ne peut-elle s'accorder avec la philosophie ? Elle utilise en effet les mêmes modes de raisonnement, les mêmes débats que la philosophie.

L'accord entre la philosophie et la religion peut encore prendre un autre tour lorsque la philosophie s'emploie à justifier la religion.

Mais la philosophie ne risque-t-elle pas alors de disparaître dans la religion qu'elle justifie ? Autrement dit, l'apologétique, justification de la religion par la raison, est-elle encore oeuvre philosophique? I.

La philosophie se constitue en se séparant de la religion La philosophie paraît se constituer en se séparant de la religion.

La religion en tant qu'institution suppose l'adhésion à des croyances, l'organisation du culte, la réglementation des devoirs.

La plupart des religions assignent à quelques-uns de leurs membres des fonctions particulières au service du sacré et leur confèrent un pouvoir spécifique.

Devins ou prêtres, par exemple, sont entourés du prestige que mérite leur consécration.

Le dialogue de Platon Euthyphron s'ouvre sur un débat entre Socrate, qui représente le philosophe, et Euthyphron, prêtre de son état.

L'entretien se situe avant le procès de Socrate « accusé de corrompre la jeunesse ».

Euthyphron, venu porté plainte contre son père, semble porter atteinte à la piété filiale.

Socrate et Euthyphron sont considérés comme impies, alors qu'ils pensent l'un et l'autre agir comme ils le font par vénération à l'égard du sacré, autrement dit par piété.

Socrate demande à Euthyphron, présumé compétent en la matière, de lui apprendre ce qu'est le pieux en tant que tel.

Or, Euthyphron se borne à invoquer des exemples sans jamais les analyser, à décrire des comportements, à désigner des pratiques, à user d'arguments d'autorité.

Il dit ce qui est pieux; il ne parvient pas à définir l'être du pieux en tant que tel.

Euthyphron professe une conception anthropomorphique du divin (le divin est représenté à partir de la forme humaine) empruntée au polythéisme mythologique.

Ses propos sont contradictoires et blasphématoires.

Euthyphron ne parvient pas à répondre à l'exigence de définition posée par Socrate, faute de questionnement méthodique et de procédures rigoureuses, nécessaires pour parvenir à connaître ce par quoi ce qui est pieux l'est véritablement.

Ce que le philosophe tente de rechercher c'est la cause du pieux, son idée ou essence, le principe d'unification et le modèle de tout ce qui est pieux, bref, l'entreprise du philosophe, c'est de rendre raison de ce qui est. Ce faisant, Socrate déconstruit les mécanismes qui régissent la conduite d'Euthyphron.

Celui-ci gouverne son action au titre d'une autorité définie fondée sur le poids et la valeur du passé.

Il défend sa position et ses privilèges en conservant l'ordre de la cité dans lequel elle s'inscrit.

Un juridisme absolu commande sa pensée et ses décisions. La religion et la philosophie ne sont pas susceptibles de s'accorder.

Euthyphron et Socrate ne sont pas du même avis et ne procèdent pas de la même façon.

Ils ne s'apportent aucune aide.

Le dialogue se termine sur un constat d'échec.

La religion et la philosophie appellent deux attitudes intellectuelles opposées.

L'une relève de la croyance et de l'opinion, de la conviction dogmatique et de la dévotion ; elle n'a pas besoin de comprendre pour croire. L'autre s'interroge sur ce qu'on croit savoir - à distinguer de ce qu'on sait réellement et de ce qu'on peut savoir ; elle refuse les idées confuses et pourchasse sans répit les illusions, dénonçant toute prétention de savoir qui se fait prendre pour un savoir. II.

Interrogation sur les conditions de production des phénomènes religieux Cette rupture entre la philosophie et la religion est radicalisée lorsque la philosophie se constitue en critique de la religion.. »

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