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La philosophie peut-elle ignorer le corps ?

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« Il s'agit ici de s'interroger sur les rapports que la philosophie peut entretenir avec le corps.

Vous remarquerez que la réflexion philosophique porte d'abord essentiellement sur l'âme ou sur l'esprit, philosopher c'est réfléchir, penser en se détachant de ses opinions et de ses désirs.

C'est dans une telle perspective que Platon, dans l'allégorie de la caverne, au livre 7 de la République, nous montre que le philosophe est celui qui quitte les prisonniers attachés au fond de la caverne.

Ces prisonniers sont soumis à ce qu'ils voient et entendent, et prennent tout cela pour la réalité.

Le corps apparaît ainsi comme un obstacle à tout démarche philosophique. C'est en cela d'ailleurs que Platon nous dit que le corps est le tombeau de l'âme.

Ainsi, la philosophie semble s'attacher à se détourner du corps en le saisissant négativement.

Néanmoins, il faudrait se demander si une telle attitude ne consiste pas à ignorer une dimension essentielle de l'homme, car nous sommes aussi des corps.

C'est ce que noteront des philosophes comme Nietzsche ou encore Spinoza.

Nietzsche montrera que ce refus du corps propre à la tradition philosophique et que l'on retrouve dans le christianisme est finalement une négation de la vie.

Il faudrait alors montrer en quoi la philosophie ne peut pas se permettre de réduire le corps au silence si elle veut pouvoir penser l'homme puisqu'une de ses questions essentielle semble être : « Qu'estce que l'homme ? ». [C'est en se détachant des liens qui l'unissent au corps que l'âme peut accéder à la connaissance du vrai. Le corps est le lieu des passions.

L'ignorer, c'est parvenir à la suprême sagesse.] Le corps est la prison de l'âme "Les amis du savoir n'ignorent pas ceci : quand la philosophie a pris possession de leur âme, cette dernière était étroitement liée au corps, et collée à lui ; elle était contrainte de voir les réalités pour ainsi dire à travers les barreaux d'une prison constituée par son corps, au lieu de le faire par ses propres moyens et à travers elle-même, et elle se vautrait dans une ignorance absolue.

La philosophie a bien saisi l'étonnant caractère de cette prison : elle est l'oeuvre du désir, en sorte que celui-là même qui est attaché a toutes chances de contribuer de la manière la plus efficace à sa propre captivité.

Ainsi, dis-je, les amis du savoir n'ignorent pas ceci : quand la philosophie a pris possession de leur âme dans cet état, elle la conseille avec douceur, elle entreprend de la délier.

Tout n'est qu'illusion, lui dit-elle, dans l'étude qui se fait par le moyen des yeux, tout n'est qu'illusion aussi dans celle qui se fait par le moyen des oreilles et des autres sens.

Elle la persuade de s'en dégager dans la mesure où leur usage n'est pas nécessaire, elle l'exhorte à se recueillir, à se concentrer sur elle-même, quel que soit par luimême l'objet de sa pensée quand, isolée en elle-même, elle exerce cette pensée ; et en revanche, si l'âme envisage par d'autres moyens que cette pensée un objet, quel qu'il soit, qui diffère selon les circonstances, la philosophie la persuade de ne le tenir pour vrai en aucune façon.

Car il y a d'un côté les objets de ce genre, c'est-à-dire le sensible et le visible, et de l'autre, ce que l'âme voit par elle-même, c'est-à-dire l'intelligible et l'invisible." PLATON Introduction Ce passage du Phédon expose l'action de la philosophie à l'égard de l'âme. Scandé par la répétition de la phrase : « les amis du savoir n'ignorent pas ceci : quand la philosophie a pris possession de leur âme », le texte se divise en deux moments : 1.

Le rapport de l'âme et du corps, avant que la philosophie n'ait pris possession de l'âme, alors que le corps est encore la prison de l'âme. 2.

Le rôle libérateur de la philosophie, lorsqu'elle a pris possession de l'âme, et que, face au sensible et au visible, elle valorise l'intelligible et l'invisible. Développement Le texte définit des acteurs : les amis du savoir, autrement dit ceux qu'on appelle généralement des philosophes.

Mais en utilisant une expression qui explicite le terme : philo, comme familiarité, amour, amitié, sophie, comme sagesse, savoir.

Le philosophe n'est pas celui qui possède la sagesse (ce serait alors un sage), il est celui qui, en tant qu'ami du savoir, s'en approche. Le texte définit d'ailleurs, dès le début, un rapport au savoir : il n'est pas un fait d'appropriation — qui se marquerait positivement par une phrase du type : l'ami du savoir sait que...

Ce rapport au savoir existe. »

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