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La philosophie nous détache-t-elle du monde ?

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« Il serait bon de partir de l'opinion que l'on a tendance à se faire immédiatement de la philosophie lorsqu'on ne la connaît pas.

Le philosophe véhicule en effet l'image d'un homme détaché du monde, jusqu'au ridicule parfois.

De ce point de vue, il est incapable de se faire comprendre et vit dans un univers d'idées sans rapport au concret.

Mais c'est là une caricature qu'il convient de réfuter.

Après tout, qu'y a-t-il de plus concret que la vie, la mort, la liberté, le pouvoir, la morale...

Bref, autant d'aspects de l'existence qui sont questionnés en philosophie.

La notion de détachement a cependant un sens moins péjoratif si on sait de quoi le philosophe parvient à se détacher.

Peut-être est-ce l'illusion, le désir, l'opinion.

Auquel cas, l'éloignement sert peut-être alors à la pensée et permet de mieux construire notre monde. La réflexion philosophique, qui s'annonce comme une médiation entre nous et le monde, semble nous couper du reste du réel en tant qu'elle nie son actualité, son caractère concret et présent.

N'est-ce pas contradictoire avec le projet philosophique même, qui est de comprendre le réel ? En ce sens, la philosophie est-elle intrinsèquement contradictoire ? Philosophie et détachement Le philosophe n'est pas vraiment de ce monde, il préfère la contemplation du ciel intelligible plutôt que le monde sensible.

On connaît l'anecdote d'un célèbre philosophe-mathématicien qui, perdu dans ses méditations, tomba dans un puits ! On pourrait dire que le philosophie vit sur Terre mais habite le monde de la pensée pure. Le philosophe est incapable de changer le monde En 1845, Marx écrit les « Thèses sur Feuerbach ».

La onzième précise que « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde, ce qui importe, c'est de le transformer ».

Contrairement à ce que prétend une interprétation courante, il ne s'agit pas pour Marx de répudier la philosophie et le travail de réflexion, mais de le redéfinir, et de lui donner une nouvelle place, une nouvelle tâche.

Marx ne récuse pas la pensée, mais sa transformation en idéologie, son éloignement de la pratique.

Il s'agit donc de récuser une vue abstraite et éloignée du réel pour s'attacher à ce que sont les hommes concrets et leur évolution historique. Marx critique ici la philosophie classique qui n'a aucun projet de changer le monde.

Ici le détachement est assimilable à une passivité, à une fuite. Par son détachement, le philosophe nous aide à comprendre le monde Grâce à la compréhension qu'elle nous donne, la philosophie peut nous affranchir de nos angoisses en nous détachant du monde.

Il ne s'agit donc plus d'une fuite, mais d'une élévation qui permet au penseur de voir le monde avec recul et de s'y replonger pour agir avec efficacité.

C'est ici le thème de l'étonnement chez Platon et Aristote. Dans un passage de la « Métaphysique » (Livre A, chapitre 2), Aristote explique l'origine de la philosophie et le but qu'elle poursuit.

« Ce qui à l'origine poussa les hommes aux premières recherches philosophiques, c'était, comme aujourd'hui, l'étonnement .

» L'admiration et l'incompréhension devant le monde poussent l'homme à chercher à comprendre et à rendre compte de ce qui l'entoure.

Ainsi naît la philosophie, qui n'a d'autre but que de tendre à expliquer le monde.. »

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