Aide en Philo

La perception de l'espace est-elle une donnée immédiate de la conscience ou se contruit-elle progressivement ?

Extrait du document

« La perception de l'espace est-elle une donnée immédiate de la conscience ou se construit-elle progressivement ? Les psychologues ne sont pas d'accord au sujet de l'origine de la perception de l'espace.

Les nativistes admettent que nos sensations sont primitivement étendues, les empiriques soutiennent que l'étendue est le résultat d'une fusion de sensations qui n'ont originellement aucun caractère spatial. Il est difficile d'admettre la thèse empirique.

On ne voit pas bien par quelle chimie mentale l'espace pourrait sortir d'une combinaison de sensations inétendues. Le principe du nativisme nous paraît inattaquable.

Il est vrai qu'il y a plusieurs théories nativistes : celle de Lachelier qui soutient que les sensations visuelles sont seules étendues ; la théorie classique qui attribue le caractère spatial aux sensations de la vue et du toucher ; la théorie de W.

James qui soutient que toutes nos sensations sont étendues, qu'elles ont toutes un caractère de « voluminosité ». La thèse de Lachelier n'est plus soutenue aujourd'hui par personne.

Ce qui reste vrai de la théorie classique, c'est que la vue et le toucher sont par excellence les sens de l'étendue.

Sans aller aussi loin que W.

James, on pourrait admettre toutefois qu'il n'y a pas seulement un espace visuel et tactile, qu'il y a aussi un espace auditif, et de plus que la cénesthésie nous donne le sentiment de notre « capacité cubique ».

Par le fait même que nous avons un corps, nous nous sentons étendus. Puisque nous avons des sensations d'étendue, il y a donc quelque chose de primitif dans notre perception de l'espace.

Nous concluons en faveur du nativisme. Mais il ne s'agit pas de soutenir un nativisme absolu ou immodéré.

Nous savons que l'enfant apprécie mal la profondeur ou la distance, que les aveugles-nés opérés de la cataracte doivent apprendre à associer l'espace visuel et l'espace tactile.

Ce qu'il faut retenir de la théorie empirique, c'est que l'expérience a une certaine part dans l'élaboration de l'étendue.

Nous apprenons peu à peu à apprécier la distance, la grandeur, la forme, la direction.

Un nativisme intransigeant serait inadmissible : Sans doute nous avons.

une perception immédiate de l'étendue, perception due sans doute au « signe local » de nos sensations ; mais cette perception primitive est confuse et elle a besoin de se préciser peu à peu par l'expérience. Il faut d'ailleurs distinguer l'étendue concrète, hétérogène et qualitative que nos sens nous révèlent, et l'espace abstrait, homogène et illimité, qui est une construction élaborée par l'intelligence. C'est avec nos sensations d'étendue que nous construisons l'espace, entendu comme milieu ou réceptacle des corps.

Cette construction intellectuelle a été évidemment progressive : elle suppose une imagination capable d'enfanter sans cesse de nouveaux espaces, un certain pouvoir d'abstraction qui nous permet de vider, en quelque sorte, de ses qualités sensibles l'étendue concrète et bigarrée que nous font percevoir nos sens, pour ne plus retenir que son caractère purement spatial. Si c'est avec nos sensations d'étendue que nous construisons l'idée d'espace, on voit que, dans la perception de l'espace, il y a du donné et du construit : ce qui est donné, c'est l'étendue concrète ; ce qui est construit, c'est la notion abstraite d'espace. Conclusion.

Il faut donc conclure avec W.

James que « toute l'histoire de la perception de I'espace s'explique, d'une part si l'on admet une certaine étendue originelle dans les sensations, et d'autre part, si l'on accorde à la conscience qui élabore ces sensations, les facultés ordinaires de discrimination, de sélection et d'association ». Dans ce travail d'élaboration, la part de l'expérience est considérable.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles