Aide en Philo

La notion moderne de culture humaine ?

Extrait du document

« Culture Par opposition à la nature, la culture est l'ensemble cohérent des valeurs, normes, moeurs et connaissances qui caractérisent une société humaine. C'est ce à quoi nous initie l'éducation, en tant qu'elle a pour but de nous ouvrir au monde humain.

La culture est à rapprocher de la notion de civilisation. Civilisation La civilisation, c'est d'abord ce qui s'oppose à la barbarie ou à l'état sauvage, comme un progrès dans les moeurs et les connaissances.

Rousseau a contesté cette identification de la civilisation, au sens d'éloignement de l'état de nature, avec le progrès, tant moral qu'intellectuel. On tend de plus en plus à parler de civilisations au pluriel, notamment sous l'influence de Lévi-Strauss, comme ensembles cohérents et durables de règles, de savoirs et de moeurs, sans hiérarchie. Le mot de culture, dans son acception française traditionnelle, exprime l'idée d'un développement, d'un perfectionnement de la personne qui «a enrichi en s'instruisant son goût, son sens critique et son jugement» (Lalande, Vocabulaire).

La culture se distinguerait ainsi nettement de la civilisation, d'abord parce que la civilisation se présente comme un « ensemble de phénomènes sociaux» propre à un groupe ou commun à plusieurs groupes, tandis que la culture caractérise un individu, une personne.

En outre la culture signifie surtout un développement spirituel alors que la civilisation désignerait plutôt, selon certains, le niveau de développement matériel, technique, d'une société.

On pourrait ainsi, sans trop forcer l'usage courant des mots, opposer le partisan de la «civilisation», progressiste et souvent matérialiste, au défenseur de la «culture» humaniste et traditionaliste. Mais si, pour beaucoup d'entre nous, la notion de culture a des résonances à la fois individualistes et spirituelles, la civilisation étant plutôt quelque chose de collectif et de matériel, il faut cependant indiquer que cet usage des mots tombe en désuétude.

Dans le langage des philosophes, des anthropologues modernes, le terme de culture est devenu synonyme du terme de civilisation.

Le sens moderne et technique du mot français culture tend ainsi à rejoindre l'emploi traditionnel du terme «kultur» dans la langue allemande.

D'autre part la notion moderne de civilisation — ou de culture — implique indissolublement des éléments matériels et spirituels : «Une civilisation, dit le Vocabulaire de Lalande, est un ensemble complexe de phénomènes sociaux, de nature transmissible, présentant un caractère religieux, moral, esthétique, technique ou scientifique et communs à toutes les parties d'une vaste société».

A vrai dire la notion moderne de culture recouvre l'ensemble de ce que l'école sociologique française appelait naguère «les moeurs ».

Une ethnologue américaine, Margaret Mead, écrit que la culture est «l'ensemble des formes acquises de comportement d'un groupe d'individus unis par une tradition commune, transmises par l'éducation».

Pas de société «inculte» puisque la culture désigne tous les modes collectifs d'existence d'une société quelconque.

La manière de laver la vaisselle, de faire la cuisine, de coucher les bébés (on a distingué les civilisations du berceau et celles du portage où le bébé est perpétuellement porté par sa mère), la façon de désigner le chef de gouvernement, tout cela fait partie de la culture. Toutefois le terme de culture, si vous considérez attentivement les définitions précédentes, ne désigne que des comportements acquis et transmis par l'éducation.

La culture c'est ce qui s'ajoute à la nature.

L'organisation raffinée de la ruche, par exemple, n'est aucunement une culture.

Le comportement complexe des abeilles semble jaillir immédiatement, en effet, de leur structure biologique.

Les abeilles dont parle Virgile dans ses Géorgiques se comportaient exactement comme celles d'aujourd'hui.

Sans doute tous les êtres vivants sont-ils soumis à l'Évolution qui transforme très lentement les espèces au cours des millions d'années, mais seul l'homme a une histoire car seul il est à la fois un inventeur et un héritier.

Il crée des langues, des outils, des religions, des oeuvres d'art, transmettant ce patrimoine par la parole — et dans les derniers millénaires, par l'écriture — aux générations suivantes qui n'exercent à leur tour leur faculté d'invention que dans le cadre de ce qu'elles ont reçu.

Dans ces conditions, le système de valeurs d'une société donnée, relatif à une longue succession d'inventions et d'héritages, a quelque chose d'accidentel, de contingent.

Et il y a autant de cultures, de civilisations qu'il y a de sociétés distinctes.

Tandis que ce qui est universel, propre à tous les hommes, révèle leur nature tout ce qui appartient à la culture porte la marque du divers du relatif : il y a plusieurs religions, plusieurs formes d'art, etc.

Ce sont les cultures qu'il convient d'opposer à la nature.

Toutefois les diverses cultures ne sont pas incommunicables.

Les croyances religieuses peuvent fusionner (Guignebert voyait dans la religion chrétienne un syncrétisme du messianisme juif et des religions orientales du salut).

La science et la technique qui triomphent aujourd'hui dans la culture occidentale exercent sur toutes les autres civilisations un prestige considérable ; la facilité de plus en plus grande des moyens de communications et d'échanges laisse entrevoir à brève échéance une uniformisation des cultures. D'autre part, quelle que soit la diversité des civilisations à travers l'espace et le temps, il est néanmoins remarquable que tous les peuples ont eu des techniques, des croyances et des rites magiques et religieux, des activités esthétiques.

Variables dans leur contenu, ces expressions du génie humain, partout présentes, montrent que la culture sous sa forme religieuse, technique, artistique (et scientifique dans la mesure où la préoccupation scientifique existe en germe dans la technique et dans la religion), s'enracine dans la nature humaine universelle. Laissant à l'anthropologie le soin de faire l'inventaire et l'analyse des cultures, le philosophe semble donc fondé à réfléchir sur la culture humaine.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles