La morale est-elle incompatible avec la liberté ?
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Introduction :
La morale est l'ensemble des principes et des jugements auxquels se soumettent les individus pour diriger leur vie
pratique et justifier leur conduite.
Fondée sur les critères du bien, la morale dicte des lois, et énonce des interdits.
Or être libre, c'est pouvoir faire ce que nous voulons, c'est agir selon notre propre volonté et refuser la soumission à
toute cause externe, à tout commandement.
La liberté de l'action humaine semble donc s'opposer distinctement au
caractère prescriptif de la morale, puisque agir librement c'est agir sans être déterminé par autre chose que sa
volonté propre.
La morale est-elle donc incompatible avec la liberté ?
1ère partie : La morale est énoncée par des individus singuliers : elle ne peut être que relative et conserve
la liberté individuelle de chacun.
- Au sein d'une même société il apparaît une pluralité de morale : morale religieuse, politique, idéologique,
corporatiste, etc.
Chacun adhère librement à la morale qui lui correspond le mieux.
La morale semble donc
personnelle à chacun, et correspondre à une sensibilité individuelle, qu'on ne saurait remettre en cause et qui
exprime la liberté individuelle.
C'est contraire à « ma morale », dit-on.
On s'aperçoit en effet que ce que l'on juge
comme « moralement inacceptable », ce qui pose un « problème moral » fait souvent l'objet de vifs débats, et fait
valoir les divergences d'opinions qui ne permettent souvent pas de trancher.
Ex : débats sur l'euthanasie,
l'avortement, la peine de mort, etc.
La morale semble alors s'ancrer dans la sensibilité de chacun, et être de l'ordre
du sentiment.
La morale n'exclue donc pas la liberté d'opinion.
- La morale est relative : la morale existe à un moment donné, elle est historique et culturelle.
Ex : longtemps
l'homosexualité a été moralement condamnée en France au nom de diverses morales (religieuses, naturalistes, etc)
jusqu'à ce que cette tendance passe dans les mœurs et devienne acceptable.
- La morale n'a rien de naturel, elle est énoncée par des individus singuliers, et ne peut donc être générale,
commune, universelle.
Rousseau, dans son Discours sur les fondements et l'origine des inégalités parmi les hommes
explique que la morale est un artifice créé par les hommes dès lors que ceux-ci vivent en société.
Ainsi, pour
Rousseau, la morale n'aurait pas cours dans un état « de nature » où les hommes vivraient en solitaires, sans
aucune relation entre eux, et n'auraient pour seul but que de satisfaire leurs besoins vitaux et d'assurer leur propre
conservation.
On s'aperçoit en effet qu'on ne peut parler de « bien » ou de « mal » dans une telle situation, où la
vie suit son cours naturel sans que l'homme ne cherche à y rien changer.
Ce n'est que lorsque l'homme s'aperçoit de
ses capacités à se perfectionner, à faire évoluer son état par le travail, la production, mais aussi la relation avec
ses semblables, que le jugement moral entre en jeu.
L'homme devient un être de désir, il recherche autre chose que
ce que lui donne sa situation naturelle, et établit alors ce qui est « bon » ou « mal » pour lui.
La morale dans ce
sens ne semble alors être rien d'autre qu'un moyen pour l'homme de conserver sa liberté à l'égard d'autrui.
2ème partie : La morale est contraignante et limite la liberté des individus.
- La morale dicte des lois, fixe des interdits, et donc brime les individus et les limite dans leur action.
La morale
semble alors incompatible avec la liberté.
- La morale prend la forme de commandements et de restrictions.
On ne doit pas voler, tuer, mentir, tromper, alors
que ces actions pourraient nous rapporter beaucoup.
Si l'on se soumet à la morale, on n'est donc pas libre d'agir
dans notre seul intérêt, on est contraint par la présence des autres et l'instance morale qui régie la collectivité.
- Pour Nietzsche, pour affirmer sa liberté, il faut se défaire de la morale.
C'est
en agissant contrairement à la morale coercitive que l'homme affirme sa
puissance et son libre arbitre.
L'homme souverain est celui du vouloir
indépendant, détaché de toute prescription morale.
La véritable preuve de la
liberté est alors l'acte gratuit, (se suicider ou tuer une personne que l'on ne
connaît pas, selon l'exemple d'André Gide dans Les caves du Vatican) c'est-àdire immotivé, désintéressé, inconditionné ni par la morale ni par l'intérêt
personnel.
- Nietzsche explique dans la Généalogie de la morale que la morale était à
l'origine celle des forts, des puissants, des individus souverains.
Le « bon »
équivalait au fort.
Mais cette morale originaire a été renversée au profit des
faibles et des soumis et le « bon » est devenu le sacrifié, le démuni, le
pauvre.
Cette morale « du ressentiment », selon l'expression de Nietzsche, ne
laisse pas de place à la liberté, mais au contraire, elle valorise le handicap, la
souffrance et la détermination des individus.
3ème partie : La morale est au fondement même de la liberté.
- La morale, si elle établie des lois, est cependant nécessaire aux hommes.
La
morale n'est pas incompatible avec la liberté puisqu'elle est ce qui permet à
l'homme de se conduire en tant qu'homme.
L'homme sans morale n'est pas
libre, puisqu'il est en dessous de la condition humaine, soumis comme les
animaux aux aléas de la nature, sans aucune règle de conduite.
Descartes, dans la 3ème partie de Discours de la
méthode, compare l'homme sans morale à un homme « sans logis », et explique la nécessité pour l'homme de se
constituer une morale.
La morale pour Descartes est indispensable pour pouvoir régler sa vie, s'orienter dans la
conduite pratique, et servir de référence.
Sans morale, l'homme est comme un voyageur égaré dans une forêt de.
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