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La Métaphysique est-elle inutile ?

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« Introduction On peut définir la métaphysique par son étymologie : est métaphysique ce qui est situé au-delà de la physique. C'est donc une discipline qui s'occupe de ce qui n'est pas réductible à la matière : Dieu, l'âme, la liberté, l'être sont donc des objets propres à la métaphysique.

On pourrait donc comprendre par là que la métaphysique est inutile, puisque ne peut être utile que ce qui est utilisé comme moyen vers une fin plus importante que lui, et ce qui par là même satisfait un besoin.

Il semble au contraire que la physique ou du moins les disciplines qui ont pour objet ce qui est physique (c'est-à-dire la matière, le tangible) soient utiles.

Pourtant, n'existe-t-il pas une autre forme d'utilité, différente de celle qui nous encourage à améliorer nos moyens de transport ou de communication qui serait une utilité spirituelle ou sociale : s'interroger sur Dieu ou se demander ce qu'est un sujet n'est-il pas tout aussi utile au bien-vivre que les progrès de la technique ? La métaphysique perd-elle sa noblesse en se révélant utile, ou faut-il admettre une autre sorte d'utilité aux cotés de l'utilité habituelle, qui pourrait expliquer la pérennité des considérations métaphysiques ? I. La métaphysique se définit par son inutilité. A. Aristote dans le premier livre de la Métaphysique explique que les connaissances les plus hautes, les plus nobles et les plus belles sont les connaissances désintéressées.

Il prend l'exemple des mathématiciens : les sciences mathématiques prirent naissance en Égypte, lorsque la caste des prêtres employait de cette façon les loisirs qui lui avaient été ménagées.

La science « qu'on recherche pour elle-même et exclusivement en vue de savoir, est bien plus philosophique que celle qu'on recherche pour les résultats matériels qu'elle procure ». B. Et en effet, la question de la métaphysique n'est pas « comment » telle chose est devenue ce qu'elle est mais « pourquoi ».

Le comment implique d'emblée une réflexion portée sur le mode de fabrication ou de formation de la chose en question, qui suppose que l'on soit intéressé par sa production.

Ainsi Platon dans le Phédon explique comment Socrate est passé de la physique à la métaphysique : la physique ne lui fournissait pas d'explication satisfaisante.

Par exemple, si l'on veut savoir pour ces bâtons que l'on a sous les yeux sont deux et non pas un, il existe deux explication physiques possibles : soit on les a rapprochés, et ils sont devenus deux à cause de ce rapprochement, soit on a rompu un bâton en deux et d'un qu'il était, il est devenu deux.

L'explication fournie par la physique est donc utile, puisqu'elle donne deux moyens distincts d'avoir deux choses, mais elle est insatisfaisante du point de vue de la raison, puisqu'elle donne deux explications contradictoires (rapprochement et séparation) pour une même chose.

C'est bien pour cela que Socrate se tourne vers la métaphysique, qui lui donne beaucoup plus de satisfaction : les bâtons sont deux parce qu'ils participent à l'Idée de deux, tout comme une chose est belle parce qu'elle participe à l'Idée de beauté.

La métaphysique permet donc de trouver une explication convenable au pourquoi de toute chose, mais uniquement en faisant découler l'existence de cette chose de l'Idée et du monde des Idées qui devient un monde stable et fixe à partir duquel l'existence contingente, singulière et imparfaite du monde sensible peut être comprise. C. On constate donc qu'il y a une véritable dévaluation de l'utilité : seul ce qui est inutile est noble.

Ce qui est utile ramène au contraire l'homme à son état animal : il doit satisfaire ses besoins, et pour cela il doit travailler, mais il est alors asservi aux besoins, tandis que ce sont les activités inutiles qui montrent quelle est sa véritable nature.

La métaphysique s'est donc autoproclamée inutile, et c'est de cette inutilité même qu'elle tire toute sa force. Transition : la meilleure des preuves de cette inutilité constitutive, c'est que les critiques les plus virulentes contre la métaphysique visent à montrer qu'elle n'est pas inutile, et qu'elle n'est donc pas ce qu'elle prétend être. II. La métaphysique a-t-elle encore un sens si elle est utile ? A. Marx a dressé des critiques à l'encontre de la métaphysique dans la préface de la Contribution à la critique de l'économie politique en montrant justement qu'elle n'est ni désintéressée ni inutile.

Il distingue une infrastructure, qui est première, et une superstructure, qui est seconde et découle de l'infrastructure. L'infrastructure, selon lui, ce sont les conditions matérielles d'existences, qui sont déterminées par les progrès techniques, qui influent directement sur la force de travail et la capacité de production d'une société.

Par exemple, la découverte du métier à tisser mécanique modifie l'infrastructure, puisqu'il y besoin de beaucoup moins de travail qu'auparavant pour fabriquer une toile.

L'infrastructure détermine donc les rapports de production : c'est en fonction de ce que l'on est capable de produire que l'on peut organiser la société et les rapports de production (savoir qui possède quoi : dans le système féodal, seul les nobles ont des terres par exemple). B. Or, la superstructure n'est rien d'autre que toute l'idéologie qui vient justifier ces rapports de production : elle comprend tout d'abord les textes juridiques, puis le fonctionnement politique, les idées politique, mais de manière plus large, l'histoire, la littérature, l'art, la religion et la philosophie ne sont formées qu'après et selon l'infrastructure, de manière à justifier cette première. C. Marx reverse donc complètement l'ordre traditionnel de pensée: ce sont les conditions matérielles qui sont premières, et ce qui semble le plus abstrait, le plus désintéressé n'a d'autre fonction que renforcer ces. »

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