La mauvaise conscience est-elle chose bienfaisante ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
MAUVAIS: 1) Opposé à bon.
2) Mauvaise conscience: état de celui qui doute de la légitimité de ses actes ou
éprouve du remords.
CHOSE (n.
f.) 1.
— Désigne la réalité (res en latin : chose) en gén.
; cf.
DESCARTES : « chose pensante »
(âme), « chose étendue » (matière).
2.
— Désigne la réalité, envisagée comme déterminée et statique, existant hors de la représentation ; en ce sens,
KANT utilise l'expression « chose en soi ».
3.
— (Par ext.) À partir du sens 2, désigne la réalité inanimée, hors de son rapport à la pensée (le monde des
choses).
Rem.
: la chose se distingue de l'objet en ce que ce dernier est construit ; cela n'implique pas que la chose
soit chose en soi ; ce qui est chose se constitue comme ce qui est maniable, ce qui est disponible ; autrement dit,
l'objet se réfère à la pensée, la chose à l'action ; le monde des choses, c'est le monde qui se détermine dans la
pratique, et y résiste ; à partir du sens 3, le réaliste confond volontiers la chose et l'objet (cf.
DURKHEIM : « Il faut
considérer les faits sociaux comme des choses »).
4.
— Chosisme : attitude qui consiste à considérer la réalité
comme une chose au sens 2.
La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).
Être conscient
signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.
Mais il convient de distinguer la
conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie,
conscience qui se saisit elle-même comme conscience.
La première consiste à « avoir conscience », tandis que la
seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».
Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre
conscience ».
La conscience morale, comme toute conscience, est définie nécessairement comme dédoublement.
D'où, dans la
tradition philosophique, pour exprimer ce dialogue de soi à soi, l'image de la voix intérieure.
Chez Jean-Jacques
Rousseau, c'est contre la loi du corps - la nature agissant par les instincts - que s'élève la voix de l'âme (Émile,
Livre IV).
Aussi, se délivrer des illusions du corps et des sens, c'est redonner force à la voix de la conscience : « La
conscience est la voix de l'âme, les passions sont la voix du corps.
Est-il étonnant que deux langages se
contredisent ? » D'où l'appel de la Profession de foi du Vicaire Savoyard (Émile, Livre IV) : « Conscience !
Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et
libre.
»
"Conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste
voix ; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et
libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l'homme
semblable à Dieu, c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la
moralité de ses actions ; sans toi je ne sens rien en moi qui
m'élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m'égarer
d'erreurs en erreurs à l'aide d'un entendement sans règle et d'une
raison sans principe.
Grâce au ciel, nous voilà délivrés de tout cet effrayant appareil de
philosophie : nous pouvons être hommes sans être savants ;
dispensés de consumer notre vie à l'étude de la morale, nous
avons à moindres frais un guide plus assuré dans ce dédale
immense des opinions humaines.
Mais ce n'est pas assez que ce
guide existe, il faut savoir le reconnaître et le suivre.
S'il parle à
tous les coeurs, pourquoi donc y en a-t-il si peu qui l'entendent ?
Eh ! c'est qu'il parle la langue de la nature que tout nous a fait
oublier.
La conscience est timide, elle aime la retraite et la paix ;
le monde et le bruit l'épouvantent ; les préjugés dont on l'a fait
naître sont ses plus cruels ennemis [...], le fanatisme ose la
contrefaire et dicter le crime en son nom." ROUSSEAU
• Le problème posé par le texte
Il est facile de constater la diversité historique et géographique des moeurs ("dédale immense des opinions
humaines").
Peut-elle constituer un argument contre l'idée qu'il existe des principes moraux universels,
susceptibles de guider tous les hommes de la même façon ? Autrement dit, la diversité des moeurs peut-elle
justifier un relativisme qui rendrait incertaine l'idée même de moralité ?
Par le terme de « conscience », le texte désigne donc exclusivement la conscience morale.
• Le raisonnement
Il est un fait que chacun entend en lui-même la voix de sa conscience qui lui dicte son devoir.
Quelle est la nature de cette voix ? Rousseau emploie l'expression a instinct divin ».
Le mot « instinct » est en
général utilisé pour caractériser les conduites animales ou ce qui, en l'homme, relève de son aspect « animal »
et s'oppose à la raison.
Or, ici, Rousseau l'emploie au contraire pour nommer ce qui va diriger l'homme vers une.
»
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