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La matière est-elle spirituelle ?

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« La matière est la substance qui constitue les corps, ce dont les corps sont faits et constitués.

Elle peut être de différentes natures, comme la matière organique des être vivants ou la matière minérale des êtres inanimés. Si nous disons d'une chose qu'elle est spirituelle, nous procédons à une définition de son identité : une chose spirituelle est une chose douée d'un esprit ou de naturelle spirituelle, ce qui signifie qu'elle est esprit.

Prenons bien garde à ces deux définitions potentielles, qui ne sont en aucun cas synonymiques : elles font signe, au contraire, vers deux conceptions différentes des rapports entre la matière et l'esprit, qui font tout l'objet de notre réflexion.

Si la matière est douée d'un esprit, cela veut dire qu'elle est liée à l'esprit d'une manière sur laquelle nous devrons porter l'effort de notre réflexion.

En ce sens, elle n'est pas en elle-même spirituelle, mais l'attribut « spiritualité » lui est associé.

En revanche, si nous disons de la matière qu'elle est en elle-même spirituelle, nous entendons par là que la nature de la matière est l'esprit, qu'il n'y a pas de différence entre matière et esprit puisque l'esprit englobe la matière.

A l'inverse d'un monisme matérialiste comme celui de Diderot, pour qui il n'y a d'autre réalité, d'autre substance que le corps, nous entendons à l'inverse qu'il n'y a d'autre réalité que l'esprit.

Il s'agira donc d'un « immatérialisme ». Traditionnellement, la matière a été pensée dans un rapport d'altérité par rapport a la pensée.

La matière serait la composante des corps, l'esprit une faculté attachée au corps mais non corporelle : c'est l'esprit qui est pensant, non la matière.

Cette dualité et cette incompatibilité ont été représentées au moyen du couple de l'âme et du corps : le corps serait matériel et l'âme de nature spirituelle, il s'agirait de deux substances absolument hétérogènes dont la difficulté est de penser la communication. Cependant, peut être est-il possible de concevoir l'âme et le corps non comme des substances hétérogènes, mais de manière à faire de la matière elle-même une substance spirituelle.

Nous nous demanderons si le concept de matière pensante est une contradiction dans les termes, ou s'il est possible de concevoir la matière comme une substance à laquelle appartient en propre la pensée. I. a. Une matière spirituelle est paradoxale, donc inconcevable Une contradiction dans les termes Parler de « matière spirituelle » est une contradiction dans les termes.

En effet, la matière est ce qui constitue les corps, alors que l'esprit est par définition irréductible à la matière et d'une autre nature.

Ce n'est donc jamais la matière elle-même qui pense, qui peut être dit spirituelle, mais l'esprit qui possède cette faculté que l'on nomme la pensée.

Dans les Méditations Métaphysiques, Descartes propose un modèle permettant de comprendre l'union de cette faculté qu'est la pensée, faculté immatérielle, avec la substance matérielle qu'est le corps : il s'agit du modèle dualiste de l'âme et du corps.

L'âme et le corps sont entièrement unies, de sorte que le corps peut avoir des effets sur la pensée, et la pensée commander au corps, mais cette union générale est plus intime encore dans la glande pinéale, au cœur du cerveau, où se fait la communication entre les deux substances (substance inétendue, la pensée, et substance étendue, le corps).

Par conséquent, c'est par un abus de langage, ou par facilité, que l'on parle de matière spirituelle.

La matière est seulement unie à l'âme en laquelle se trouve la faculté de penser. b. Une conception poétique mais non philosophique Par conséquent, nous dirons que si l'on peut concevoir une matière spirituelle, c'est seulement au sens trivial de concevoir, c'est-à-dire se représenter, imaginer.

Les fictions poétiques sont pleines d'exemples où la matière parle et pense, où le monde inerte est doué de la faculté de penser : que l'on pense aux Métamorphoses d'Ovide, ou à la poésie de Saint John Perse qui prête aux éléments du monde la faculté de penser, comme dans son splendide recueil intitulé Vents.

Pensons également aux Ents dans la mythologie de Tolkien, qui sont des arbres doués de l'esprit et de la parole, et dont nous pouvons même dire qu'ils sont spirituels au sens non philosophique du terme, à savoir doués d'un humour subtil.

Il n'y a donc pas de conception philosophique de la matière spirituelle, mais seulement une conception poétique et fictionnelle.

Un concept philosophique de matière spirituelle est l'union d'éléments hétérogènes, une sorte d'oxymore intellectuel.. »

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