La loi peut-elle dire la morale ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Morale : La morale a principalement pour objectif de répondre à la question : « comment dois-je me conduire ? » Elle
est constituée de normes communes et intériorisées qui permettent de juger les actions.
La morale que nous
connaissons vient du monde antique, particulièrement du stoïcisme.
Elle a ensuite été façonnée par le christianisme
et elle connaît un nouveau visage comme morale impérative avec Kant, qui insiste sur l'importance des principes
d'universalité et d'impartialité.
Enfin, elle se continue sous l'influence de l'utilitarisme, d'où découle l'éthique de la
responsabilité.
Depuis Paul Ricœur, on distingue parfois la morale de l'éthique.
La morale serait ainsi associée aux
valeurs universelles héritées, alors que l'éthique serait plus à même de répondre aux problématiques individuelles.
Suivant les différentes théories, la morale peut être guidée par le bien, le bonheur ou le devoir.
Pour les doctrines
qui placent le bien au-dessus de tout, ce dernier doit être recherché en tant que tel car il est la perfection, ce qui
est bon en soi et pour soi.
Le bien est alors souvent considéré comme un principe d'ordre.
Pour les philosophies qui
s'appuient sur le bonheur, seul ce dernier peut motiver nos actions et nos désirs, et il serait absurde de vouloir
rompre avec cette recherche du bonheur qui constitue la tendance naturelle de l'homme.
La morale est donc ce qui
incarne le moyen le plus certain de parvenir au bonheur, et c'est pourquoi il faut y souscrire.
Enfin, pour les morales
du devoir, c'est le respect, principe fondamental, qui différencie l'homme des autres membres de la création qui
motive l'être humain accompli.
Ce respect est celui du devoir et c'est donc le devoir qui doit primer pour accorder
l'homme avec sa nature profonde.
Loi : Dans le domaine juridique, une loi est une règle obligatoire, édictée par une autorité souveraine et qui établit
les comportements que doivent respecter les individus au sein d'une société.
Le droit part généralement du postulat
que les individus ne peuvent parvenir à s'imposer d'eux-mêmes les contraintes qui seraient nécessaires pour réussir
la vie en collectivité.
On considère en effet la plupart des individus comme étant trop « passionnels » pour pouvoir
oublier leurs intérêts égoïstes.
Ainsi, le droit prescrit-il des lois qui obligent les individus à certaines actions et qui
permettent à la société de punir ceux ou celles qui voudraient s'y soustraire.
Le but des lois est donc le bon
fonctionnement de la société.
Ce qui pose cependant problème, et qui peut empêcher le droit d'effectuer son
œuvre, c'est la question de la légitimité du droit.
Sur quoi se fonde le droit et d'où tire-t-il le respect qu'on lui
accorde ? Il se peut que le droit ne soit que l'institutionnalisation d'un rapport de force et qu'il semble donc injuste
(thèse marxiste).
Il se peut également que le droit tire sa légitimité de divinités.
Le droit peut aussi résulter d'une
réflexion rationnelle des hommes qui aboutirait à une sorte de contrat.
Enfin, le droit peut aussi être le fruit de la
morale.
Dans tous les cas, le droit prétend viser la justice et il ne peut donc totalement faire fi de la morale.
Reste à
savoir dans quelle mesure le droit respecte réellement la morale, si la morale peut vivre en accord avec le droit, et
encore s'il est certain que la morale n'est pas qu'un artifice résultant de l'intériorisation du droit.
Problématisation :
Si la loi pouvait dire la morale, si la loi décidait de ce qui était bien ou mal, ne faudrait-il pas concéder
immédiatement que la morale n'existe pas ? En effet, le bien et le mal sont par définition des valeurs inscrites dans
l'éternité qui ne peuvent résulter de décisions humaines.
Penser que l'homme puisse choisir ce qu'est le bien ou ce
qu'est le mal, c'est anéantir la morale.
Cependant, si la loi n'avait pas de pouvoir moral, alors d'où viendrait la
morale ? Comment aurions-nous connaissance d'elle ? Tout le problème consiste à savoir lequel, de la morale ou du
droit, doit et peut être subordonné à l'autre.
Proposition de plan :
1.
Théorie d'après laquelle la loi fonderait la morale.
a) D'après Hobbes, la morale en tant que telle n'existe pas, et seul prévaut
partout l'intérêt.
La morale n'est que le résultat d'un long processus qui
découle des lois naturelles.
Dans le chapitre XIV du Léviathan il écrit que
« Une LOI DE NATURE est un précepte ou une règle générale trouvée par la
raison selon laquelle chacun a l'interdiction de faire ce qui détruit sa vie, ou
qui le prive des moyens de la préserver, et de négliger de faire ce par quoi il
pense qu'elle serait le mieux préservée.
» Les lois naturelles constituent ainsi
les conclusions que la raison élabore concernant ce qui mène à la
conservation de soi.
Elles élaborent les préceptes de la raison qui instruisent
les hommes au sujet de ce qu'il faut qu'ils fassent pour éviter les périls et
assurer au mieux leur conservation.
Les lois de nature ont donc rapport plus
avec l'intérêt égoïste qu'avec la morale.
Hobbes résume ces lois en une seule
dans le chapitre XV du Léviathan : « ne fais pas à un autre ce que tu ne
voudrais pas qu'on te fît à toi-même.
»
b) Toutefois, ces « lois naturelles » ne valent pas sans la société civile et le
droit.
Dans l'état de nature, « l'homme est un loup pour l'homme » ainsi
qu'Hobbes l'écrit dans la dédicace du De cive.
Dans de telles conditions,
l'individu n'a pas intérêt à respecter les lois de nature car il n'est pas sûr que
les autres les respecteront également.
Ainsi les lois de nature sont alors.
»
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