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La lecture est-elle une activité purement passive ?

Extrait du document

« [Quand nous lisons, nous nous divertissons.

Nous entrons dans un univers différent de celui dans lequel nous vivons quotidiennement.

Par là, nous nous libérons de nombreuses contraintes.] La lecture est un loisir Par la lecture, nous échappons aux contraintes de la réflexion.

Nous laissons notre esprit vagabonder au fil des pages.

Nous sommes emportés par un récit qui est le fruit d'une autre imagination que la nôtre.

Selon Julien Green, «la lecture est une forme de paresse» (Journal).

Quand nous lisons, nous ne sommes plus responsables de notre existence.

C'est ce qui nous procure tant de plaisir. La lecture nous fait voyager dans le temps La lecture nous fait voyager à travers les siècles.

Nous pouvons prendre connaissance de faits et de coutumes qui appartiennent à un passé lointain.

Pour Descartes, la bonne lecture est «comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés» (Discours de la méthode). La lecture nous console de nos maux quotidiens Un bon livre entre les mains nous fait oublier, ne serait-ce qu'un temps, le motif de nos afflictions ou de nos contrariétés.

Lorsque nous lisons, nous ne pensons plus à rien.

Comme le dit Montesquieu: «Je n'ai jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture n'ait dissipé» (Mes Pensées). [La lecture n'est pas passive ou neutre.

Elle est une pratique qui révèle la structure interne du texte.

Le lecteur ne se contente pas de lire; il interprète le texte.] Le lecteur interprète le texte Loin de se limiter à Immune lecture du texte, le lecteur donne un sens à ce qu'il lit.

Pour Umberto Eco, le lecteur présuppose le contexte auquel se rapporte toute phrase.

Par exemple, lorsque l'auteur parle d'un lion, le lecteur interprète le fauve comme féroce, dompté ou en captivité.

L'imagination du lecteur est ici décisive. Tout texte comporte une part de non-dit Si le lecteur peut interpréter le texte qu'il lit, c'est que ce dernier ne prouve pas ce qu'il affirme.

Selon Umberto Eco, un texte est une série de propositions «qui font semblant d'être des assertions».

Ne demandant «ni à être crues ni à être prouvées», elles laissent au lecteur la liberté de les interpréter selon sa propre sensibilité. L'histoire que raconte un texte est en devenir Pour Umberto Eco, la lecture requiert d'autant plus la «coopération» du lecteur qu'elle «s'effectue dans le temps: un texte est lu pas à pas».

Au fil de sa lecture, le lecteur est sans cesse appelé «à prévoir» ce qui va changer dans le déroulement de l'action, ce qu'il va advenir de la suite du récit.

Le lecteur devance pour ainsi dire le récit. Umberto Eco montre en quoi la lecture, loin d'être passive, est une activité de tous les instants.

Cela est encore plus vrai aujourd'hui.

Le roman moderne prive le lecteur de tout repère comme de tout attendu.

La lecture s'apparente plutôt à une promenade entre les lignes du texte et à l'extérieur du texte même.

Ce dernier est en effet incomplet et paresseux: à la manière d'un puzzle dont nous devons agencer les pièces.

Le lecteur est celui qui donne un sens au texte.

Il s'apparente ainsi à l'inspecteur de police qui mène une enquête criminelle, reconstitue les faits et émet des hypothèses concernant les mobiles du crime.

Ainsi, c'est au lecteur qu'il revient d'éclairer tout ce que le texte ne dit pas mais laisse supposer.

Cette possibilité d'interprétation est la source même du plaisir que nous procure la lecture.. »

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