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La justice est-elle de ce monde ?

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« Introduction Le constat de l'injustice présente en ce monde nous pousse parfois à nous consoler, en affirmant, plus ou moins péremptoirement, que « la justice n'est pas de ce monde ».

Une telle déclaration est-elle vraie, et que peut-elle vouloir dire ? Faut-il entendre par là que justice ne sera faite que dans un autre monde ? Mais quel sens l'idée de justice pourrait-elle avoir si elle ne pouvait nous apparaître en ce monde, si elle ne pouvait inspirer nos actions et exercer ses effets ici-bas ? Si la justice, en tant qu'idéal ou principe transcendant, n'est pas de ce monde, faut-il la condamner à y rester étrangère de toute éternité et la mettre définitivement hors de portée du monde des hommes ? Comment justifier ce monde ? Première partie : En tant qu'idéal, la justice n'est pas de ce monde, mais peut-elle lui servir de critère ? A/ La justice, un critère transcendant ? En tant qu'idéal, la justice est un critère transcendant qui permet de juger de la conformité, ou non, du monde sensible à celui-ci (cf.

Kant, « Des idées en général », section « Dialectique transcendantale » dans la Critique de la raison pure, A316).

En ce sens, la justice est de l'ordre de l'intelligible, et non du monde sensible.

Elle ne peut être de ce monde, en ce sens où elle y trouverait son origine. B/ Mais, en tant que norme idéale, la justice n'apparaît-elle pas dans la conformité des lois à celle-ci ? Si la justice est un idéal intelligible, et qu'elle permet, en tant que norme, de juger de la conformité des lois établies, du droit positif, à celle-ci, ne faut-il pas dire qu'elle apparaît, de manière phénoménale, au sein d'un ordre juridique considéré comme juste ? Ainsi, la conformité du droit positif au droit naturel (voir les théories du contrat social, par exemple Rousseau, Le contrat social) ne permet-elle pas de faire apparaître la justice, norme intelligible et naturelle, au sein même du monde des hommes ? C/ Mais puisque nous avons chacun une idée différente de ce qui est juste, comment prétendre qu'elle soit à notre portée ? Néanmoins, si la justice est une norme permettant de juger de la conformité du droit positif, des lois, avec celle-ci, comment pourrions-nous partager une conception unanime de celle-ci ? Ainsi, chacun se fait une idée différente de ce qu'est la justice, empêchant ainsi celle-ci empêchant ainsi celle-ci d'acquérir une existence phénoménologique au sein de l'ordre juridique (cf.

Pascal : « plaisante justice qu'une rivière borne ! », fragment 94 dans la liasse IV, « Misère », des Pensées). Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà. (Pensées) Pascal s'en prend ici au caractère relatif, conventionnel de la justice humaine.

Les lois varient d'un État à l'autre.

La justice des hommes n'est pas universelle au contraire de la justice divine. Si la justice est un idéal normatif et transcendant, elle semble néanmoins demeurer hors de portée de la connaissance humaine.

Sommes-nous alors condamné à vivre dans un monde injuste où règne la force et la coutume, comme l'affirme Pascal ? Seconde partie : En tant qu'idéal extra-mondain, la justice peut-elle s'incarner ou se réaliser dans notre monde ? Cependant, en tant que la justice règle le rapport des hommes entre eux (cf.

Aristote, Ethique à Nicomaque, livre V), ne faut-il pas dire qu'elle ne peut avoir d'existence qu'en tant qu'elle prend forme dans notre monde ? Ne faut-il pas que la justice devienne mondaine pour qu'elle ait un sens ? Repousser l'avènement de la justice à un au-delà, n'est-ce pas nier le monde au profit d'un idéal n'ayant aucune consistance propre (cf.

Nietzsche, « Comment le « monde vrai » devint une faible » dans Le crépuscule des idoles) ?. »

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