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La guerre n'est-elle qu'un haïssable accident de l'Histoire ?

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« La guerre est-elle un mal... Du Candide de Voltaire au roman de Barbusse, Le feu, la guerre figure le Mal, l'absurdité d'une horreur qui révèle la part sombre de la nature humaine.

Thomas Hobbes dans De cive et Léviathan rappelle l'évidence de cette nature mauvaise que signale l'existence de la guerre.

A l'état de Nature les hommes, explique-t-il, vivent dans la crainte : Tous les hommes sont égaux par leur force et leur intelligence : si je suis moins fort, je puis m allier avec d'autres faibles, ou bien ruser pour l'emporter contre celui qui est apparemment plus fort que moi ; je suis également persuadé d'être plus malin que mon voisin, mais lui aussi est persuadé de la même chose.

Or il n'y a pas de meilleur signe d'égalité que lorsque chacun est satisfait de sa part. L'état de nature est le règne des désirs et du droit de tous sur toutes choses : il n'y a pas de loi, il n'y a que des droits sans limitation, sinon la force de celui qui m'empêchera de prendre ce que je désire.

C'est pourquoi je vis sous la menace permanente de la mort violente du fait d'autrui, pour peu qu'il désire le peu que j'ai réussi à m'accaparer. Cette condition naturelle de l'humanité est rude, en ce que chacun a un droit sur toutes les choses, puisque rien, sinon un état de fait, ne lui interdit de s'emparer de ce qu'il désire : c'est un état de menace permanente, une guerre de chacun contre chacun qui est peu propice au travail et au confort qui doit en résulter. Les hommes sont très égaux dans le désir de nuire.

On connaît trop la formule célèbre « l'homme est un loup pour l'homme » qui dit la loi de la nature humaine ; la bestialité. Le philosophe britannique imagine l'idée d'un contrat passé entre tous les hommes pour les soustraire à l'angoisse insupportable de cette guerre permanente.

La société est une alliance forcée pour combattre la guerre cachée au plus noir du désir de chacun. Les hommes se donnèrent le droit, civil pour régler les conflits internes, international (au droit des gens) pour les relations entre les peuples.

Mais si pour le premier l'État a bien les moyens d'imposer la loi (seul détenteur qu'il est de la violence légitime), dans le second cas, celui du droit international quelle instance a la possibilité d'imposer le respect des traités passés entre les nations ? Celles-ci demeurent, pour exploiter le schéma hobbien, à l'état de nature. La guerre inscrite dans la nature humaine se révèle inévitable dès lors que l'on ne prend pas soin d'envisager l'obligation de créer une sorte de « Confédération planétaire », de « Sénat des nations », issus d'un nouveau pacte « suprasocial ». ...

nécessaire ? L'échec de la SDN et les paralysies de l'ONU font de cet objectif cosmopolitique, cher à Kant, un idéal voué à n'enfanter que des utopies. Pourquoi la paix résiste-t-elle si mal à la guerre ?'Pourquoi les peuples ne trouvent-ils pas la force de mettre la guerre « hors la loi»? C'est peut-être, risquerons-nous avec Machiavel, que la guerre est nécessaire (étymologiquement, elle ne peut pas ne pas être).

L'auteur du Prince enseigne à se méfier de la paix, toujours trompeuse : « (Le Prince) ne peut se fonder sur ce qu'il voit en temps paisible.

» La paix se serait qu'une ruse de la guerre destinée à endormir la méfiance des princes et celle des peuples.

La paix nous fait croire en effet que le monde est stable (pangere : fixer) alors qu'il n'est toujours que mouvement et chaos.

La pensée politique de Machiavel fait du chaos de l'Histoire une nécessité que le véritable homme d'État sait accepter. Or si la guerre est inévitable, c'est qu'elle exprime à l'échelle des nations la nature profondément insociable des hommes. Kant dans l'Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique ne dit pas autre chose.

Si l'homme, par nature, témoigne d'un penchant à s'associer aux autres hommes « il manifeste (aussi) une grande propension à se détacher, car il trouve en lui le caractère d'insociabilité qui le pousse à vouloir tout diriger dans son sens...

».

Or la guerre reproduit le schéma du conflit de deux singularités (« La guerre est un combat singulier agrandi, et la lutte entre deux hommes est l'image qui permet le mieux à la pensée de se représenter en un acte unique le nombre indéterminé de combats dont une guerre se compose », Clausewitz). « La guerre n'est ni un passe-temps, ni pure et simple passion du triomphe et du risque, non plus que l'oeuvre d'un enthousiasme déchaîné : c'est un moyen sérieux en vue d'une fin sérieuse.

Tout le chatoyant prestige de la fortune qu'elle déploie, tous les frémissements de passion et de courage, d'imagination et d'enthousiasme qu'elle comporte, ne sont que les propriétés particulières de ce moyen. La guerre d'une communauté — de nations entières et notamment de nations civilisées — surgit toujours d'une situation politique et ne résulte que d'un motif politique.

Voilà pourquoi la guerre est un acte politique.

» Il est donc absurde aux yeux de Clausewitz de penser les rapports entre guerre et politique en termes de ruptures. La guerre n'ouvre pas dans la vie des peuples un espace à part où les règles de la politique n'auraient plus de valeur.

Clausewitz ne nie pas cependant la spécificité du phénomène guerrier.

La politique doit tenir compte de cette spécificité et s'y adapter.

Cependant, c'est au bout du compte la politique qui doit l'emporter sur la guerre et. »

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