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La Fontaine définit ses Fables comme « Une ample comédie à cent actes divers / Et dont la scène est l'univers / Hommes, dieux, animaux tout y fait quelque rôle.» Dans quelle mesure les fables que vous avez étudiées, justifient-elles cette affirmation du

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La Fontaine insiste sur la variété intrinsèque de son oeuvre, le mot «comédie» ne renvoyant pas ici au théâtre, mais à une représentation de I'« univers» (au sens où Balzac, au xixe siècle, regroupera l'ensemble de ses romans sous le titre général de «comédie humaine »). De fait, les fables créent un vaste monde où le lecteur est invité à pénétrer; de là découle sa diversité. Cet «univers» n'en possède pas moins son unité organique.

« La Fontaine insiste sur la variété intrinsèque de son oeuvre, le mot «comédie» ne renvoyant pas ici au théâtre, mais à une représentation de I'« univers» (au sens où Balzac, au xixe siècle, regroupera l'ensemble de ses romans sous le titre général de «comédie humaine »).

De fait, les fables créent un vaste monde où le lecteur est invité à pénétrer; de là découle sa diversité.

Cet «univers» n'en possède pas moins son unité organique. I. La création d'un univers D'un genre voué depuis ses origines à la concision et même à une certaine pauvreté, La Fontaine parvient à faire le support d'un vaste univers. La multiplicité des personnages Alors que la fable de tradition ésopique était exclusivement animalière, la fable telle que la pratique le poète met en scène des personnages les plus divers.

Ici ce sont des hommes, dont la présence est de plus en plus marquée (VIII, 1, 2, 4, 6, 8, 10, 11, 13, 16 par exemple).

Là, ce sont des fruits, des plantes (Le Gland et la Citrouille, IX, 4) ou une forêt (La Forêt et le Bûcheron, XII, 16).

Ailleurs des objets (Le Cierge, IX, 12) et des allégories (La Mort et le Mourant, VIII, 1 ; L'Éducation, VIII, 24) acquièrent une véritable existence.

Les dieux de la mythologie gréco-romaine (Jupiter et le Passager, IX, 13) côtoient les animaux.

La Fontaine crée ainsi une «ample comédie» où se font entendre les multiples voix d'un monde tout à la fois imaginaire et réel. La variété des thèmes Cet enrichissement que provoquent la multiplicité et la diversité des personnages permet l'orchestration de «cent actes divers », c'est-à-dire de situations dans lesquelles «hommes, dieux et animaux» se trouvent plongés.

La liste des thèmes abordés suffirait à le prouver.

Les fables traitent de l'amour, de l'amitié, de l'ambition, du travail, de la justice, de la politique, de la religion, de la philosophie, de la science.

Dans le second recueil des Fables, il s'agit désormais moins pour La Fontaine d'enseigner que de peindre les moeurs, moins de s'adresser aux enfants qu'aux adultes. II.

Une diversité à l'image du monde Le mélange des genres et des styles est une conséquence obligée de cette multiplicité de sujets, tant il est impossible de concevoir un «univers» monotone et bâti sur un modèle unique. Le mélange des genres La Fontaine construit ses fables tantôt comme une petite pièce de théâtre (VII, 1 ; IX, 9; X, I), tantôt comme un conte (VII, 2; VIII, 6), tantôt comme une méditation philosophique (VIL 17; Discours à Madame de La Sablière (fin du Livre IX), tantôt comme une épître (VIII, 4), tantôt comme des poèmes d'amour.

Tircis et Amarante (VIII, 13) s'apparente par exemple à I'églogue*, tandis que la seconde moitié des Deux Pigeons (IX, 2) est un poème lyrique de la plainte amoureuse. Le mélange des styles À la variété des formes correspond la richesse d'une langue originale.

Le vocabulaire juridique abonde comme il convient dans les scènes de justice et de procès (VII, 1 ; IX, 9; X, 1 ; XII, 8, 29).

Le vocabulaire militaire apparaît presque partout. Certaines formules se rattachent à la langue populaire: «cri[er] haro sur le baudet» (VII, 1); «tirer [les] marrons du feu » (IX, 17). La Fontaine utilise également le vers libre et tire des effets très sûrs de la combinaison de l'alexandrin (vers de 12 syllabes) avec les autres vers : «Même il m'est arrivé quelquefois de manger/Le Berger», dit le Lion (VII, 1, v.

28-29) qui escamote sa faute dans un vers de trois syllabes. III. Une unité organique Pour éviter que la diversité ne débouche sur l'éparpillement, La Fontaine unifie toutefois son « univers » littéraire. Des procédés d'harmonisation L'humanisation des animaux constitue une première forme d'unification du recueil dans la mesure où ils illustrent les travers et les vices des hommes.

Grâce à ce procédé voisin de la surimpression, les règnes animal, végétal et minéral vivent dans une parenté universelle. Le choix des thèmes est une deuxième manière de conserver à l'ensemble des Livres VII à XII une réelle unité.

Les thèmes entretiennent, d'un livre à l'autre, des rapports étroits et se font parfois écho.

Ainsi la satire des nobles et de la cour apparaît aussi bien dans le Livre Vll (I, 6, 14) que dans les Livres VIII (3, 4.

14), X (I, 5, 7), XI (1, 2, 5) ou XII (I à 9). L'unité du recueil provient enfin de la présence discrète, mais presque permanente, du fabuliste (IX, 2; XI, 4). Un créateur désabusé La vision pessimiste que La Fontaine a de la société et des hommes assure, sous le fractionnement des fables en plusieurs livres, une homogénéité générale.

Le poète ne croit pas en effet au progrès de l'individu.

Incapable de s'amender et de modifier sa nature, celui-ci, pense-t-il, ne peut durablement corriger ses défauts.

Le naturel finit toujours par revenir au galop. A y bien réfléchir en effet, deux vices fondamentaux sont à l'origine de tous les déboires des êtres et des dysfonctionnements de la société: l'intérêt et l'amour-propre. Originalité, diversité et unité sont ainsi les qualités majeures du monde des Fables.. »

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