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La déception est-elle inhérente a la nature du désir ?

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« INTRODUCTION Définition des termes : Nous sommes déçus quand ce qui arrive ne répond pas à nos attentes, à nos espoirs.

La déception est donc l'indice d'un hiatus entre la réalité et ce que nous attendons d'elle.

Elle est un terme relatif.

En effet nous pouvons être déçus par quelque chose ou par quelqu'un.

Par exemple quand un ami nous avait fait la promesse d'être présent à un évènement important pour nous, nous sommes déçus qu'il n'ait pas tenu sa promesse.

Mais cet ami pouvait avoir de bonnes raisons de ne pas venir, comme le fait de devoir secourir quelqu'un par exemple.

Cet exemple nous permet de distinguer deux sources possibles de la déception.

Soit le tort provient de la personne ou de la chose qui pouvaient répondre à notre attente (mon ami n'avait rien de prévu, il avait juste oublié sa promesse).

Soit le tort provient du sujet de la déception qui avait des attentes irréalisables (mon ami ne pouvait préférer abandonner une personne en danger pour être présent à cet évènement).

Dans ce dernier cas nous pouvons parler de mécompte, dans le premier cas nous pouvons parler de désappointement, la déception étant accompagnée de mécontentement.

Ce qui est inhérent à est ce qui est lié nécessairement à.

Donc le sujet nous invite à réfléchir sur la relation qu'il y a ou qu'il peut y avoir entre la déception et le désir et sur la nature de cette relation.

C e qui caractérise le désir est qu'il vise toujours ce que l'on ne possède pas, en ce sens il est manque, et une fois que l'on arrive à nos fins le désir de l'objet s'éteint et porte sur un autre objet, le désir est donc insatiable. Problématique : Le désir comme manque pose le problème de l'éternelle insatisfaction qui rend l'homme désabusé.

Mais si le désir ne provoquait pas cette déception, c'est-à-dire s'il procurait à l'homme satisfaction, il provoquerait alors sa propre extinction.

D'autre part si l'homme face au désir n'était habité par aucune attente, et donc ne risquait pas d'être déçu, serait-il encore porté à désirer, n'aboutissons-nous pas, là aussi, à une destruction du désir ? PLAN DETAILLE Première partie : Le désir est un manque qui loin d'être la condition d'une satisfaction est bien plutôt la source d'une continuelle insatisfaction. 1.1 Le désir est éternellement inassouvi et asservit l'homme. « Tout vouloir procède d'un besoin, c'est-à-dire d'une privation, c'est-à-dire d'une souffrance.

La satisfaction y met fin ; mais pour un désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés ; de plus, le désir est long, et ses exigences tendent à l'infini ; la satisfaction est courte, et elle est parcimonieusement mesurée.

Mais ce contentement suprême lui-même n'est qu'apparent : le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir ; le premier est une déception reconnue, le second est une déception non encore reconnue.

La satisfaction d'aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable.

C'est comme l'aumône qu'on jette à un mendiant : elle lui sauve aujourd'hui la vie pour prolonger sa misère jusqu'à demain- Tant que notre conscience est remplie par notre volonté, tant que nous sommes asservis à l'impulsion du désir, aux espérances et aux craintes continuelles, qu'il fait naître, tant que nous sommes sujets du vouloir, il n'y a pour nous ni bonheur durable, ni repos.

Poursuivre ou fuir, craindre le malheur ou chercher la jouissance, c'est en réalité tout un : l'inquiétude d'une volonté toujours exigeante, sous quelque forme qu'elle se manifeste, emplit et trouble sans cesse la conscience ; or sans repos le véritable bonheur est impossible.

A insi le sujet du vouloir ressemble à Ixion attaché sur une roue qui ne cesse de tourner, aux Danaïdes qui puisent toujours pour remplir leur tonneau, à Tantale éternellement altéré.

» SCOPENHAUER, Le Monde comme volonté et comme représentation. 1.2 L'homme est condamné à être déçu par le désir. « -Essaye donc aussi, reprit Socrate, à propos de l'Amour, de nous dire s'il est amour de quelque chose ou de rien. - Il est certainement l'amour de quelque chose. Garde donc dans ta mémoire, dit Socrate, de quoi il est amour, et réponds seulement à ceci : l'Amour désire-t-il ou non l'objet dont il est amour ? - Il le désire, répondit-il.

Mais, reprit Socrate, quand il désire et aime, a-t-il ce qu'il désire et aime, ou ne l'a-t-il pas ? - Vraisemblablement il ne l'a pas, dit Agathon. - Vois, continua Socrate, si, au lieu de vraisemblablement, il ne faut pas dire nécessairement que celui qui désire désire une chose qui lui manque et ne désire pas ce qui ne lui manque pas.

[...] Cet homme donc, comme tous ceux qui désirent, désire ce qui n'est pas actuel ni présent ; ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque, voilà les objets du désir et de l'amour.

» PLATON, Le Banquet, 200. Transition : Le désir ne permet pas à l'homme d'atteindre un état de satisfaction, il le rappelle sans cesse à sa privation et le pousse à être dans une continuelle recherche.

Mais cette recherche n'aboutit jamais car le désir renaît de ses cendres et n'atteint jamais sa cible.

L'homme désirant pour éviter d'être éternellement déçu ne doit-il pas se détacher du désir ? Deuxième partie : La satisfaction et l'absence de désillusion ne sont pas des solutions au caractère inassouvi et donc décevant du désir mais au contraire ils l'anéantissent. 2.1 Vouloir atteindre l'objet du désir c'est en un certain sens provoquer sa mort. « Il semble que la mort est un raccourci qui nous mène au but, puisque, tant que nous aurons le corps associé à la raison dans notre recherche et que notre âme sera contaminée par un tel mal, nous n'atteindrons jamais complètement ce que nous désirons et nous disons que l'objet de nos désirs, c'est la vérité.

Car le corps nous cause mille difficultés par la nécessité où nous sommes de le nourrir ; qu'avec cela les maladies surviennent, nous voilà entravés dans notre chasse au réel.

Il nous remplit d'amours, de désirs, de craintes, de chimères de toute sorte, d'innombrables sottises, si bien que, comme on dit, il nous ôte vraiment et réellement toute possibilité de penser.

» PLATON, Phédon, 66a-b. 2.2 Avoir conscience de la vanité du désir nous permet de ne pas être déçus. « La recommandation [...] c'est de ne pas travailler à des choses inutiles d'une façon inutile ; c'est-à-dire de ne pas désirer ce que nous ne pouvons pas atteindre, ou, si on arrive à bout, de ne pas comprendre trop tard, à notre grande honte la vanité de nos désirs.

» SÉNÈQUE, De la tranquillité de l'âme, XII. Transition : Atteindre l'objet du désir de même que n'attendre plus rien de lui sont de faux remèdes à la déception inhérente au désir dans la mesure où ils provoquent la mort du désir.

Le problème de la déception liée au désir ne peut être résolu que si l'homme prend conscience que la source de cette désillusion ne vient pas de la nature du désir mais réside dans notre manière de l'envisager.. »

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