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La croyance manque-t-elle de clarté ?

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« Il importe au plus haut point au philosophe comme au savant de ne pas confondre ce qui est vrai et ce qu'il croit vrai.

Or il est difficile d'éviter cette confusion parce que le vraisemblable est parfois un faux ressemblant au vrai, comme un faux billet qui présente tous les signes extérieurs d'un vrai.

C 'est pourquoi, selon Descartes, on ne peut considérer une idée comme vraie que si, à son propos, le doute est impossible.

Ne devra être admis pour vrai par l'esprit que ce qui est indubitable, c'est-à-dire ce dont l'esprit ne pourra pas douter. Mais, pour savoir de quelles idées on ne peut pas douter, il faut au préalable les avoir soumises au doute.

C 'est ce qui conduit Descartes à rejeter de sa « créance », c'est-à-dire de ce qu'il croit vrai, toutes les opinions.

Si elles sont un tant soit peu douteuses, elles seront considérées comme si elles étaient fausses.

Alors que, dans la vie courante, nous prenons bien souvent pour vrai ce qui n'est que probable, il faut, écrit Descartes, prendre pour règle de considérer comme faux tout ce qui n'est pas absolument certain.

C ar si une idée résiste au doute malgré tous nos efforts, alors nous pourrons la recevoir comme une vérité absolument certaine. C 'est cette démarche qui conduit Descartes à affirmer que, lorsque je pense, ma conscience d'être celui qui pense constitue une première vérité, car plus je la mets en doute, plus je confirme par là que je suis en train de penser et de douter.

A yant ainsi rencontré une première fois l'évidence absolue, nous disposons désormais d'un modèle auquel nous pourrons comparer toutes les autres connaissances.

Nous pourrons adopter comme critère de l'idée vraie, la « clarté et la distinction », c'est-à-dire le fait pour une idée d'être clairement présente à l'esprit de celui qui la pense tout en n'étant pas confondue avec une autre.

Pour Descartes, seules les idées qui s'imposent à l'esprit comme évidentes doivent être tenues pour vraies. CONTENU INTELLECTUEL ET ATTITUDE INTELLECTUELLE La façon dont nous recevons dans des types de pratiques humaines la différence entre croyance et connaissance révèle quels sont les présupposés avec lesquels nous abordons la différence entre penser connaître et croire. En décrivant le pensée comme l'objet de la philosophie, la croyance comme l'objet des religions ou des cultes et la connaissance comme l'objet de la science, on situe concrètement la question, mais on ne donne qu'un traitement institutionnel du problème.

Dire que ce qui différencie la connaissance de la croyance est que l'une appartient à la science et l'autre aux religions est parfaitement tautologique.

On ne définit en aucun cas l'acte de connaître, de croire ou de penser.

Un tel questionnement aboutit nécessairement à une remise en question de l'étanchéité de ces catégories institutionnelles. A - Distinctions Reprenons nos deux passants à la recherche de l'arrêt de bus et essayons de qualifier ce qui différencie en profondeur les trois réponses envisagées.

Dans les deux premiers cas, on décrit nos propres représentations, de sorte que si l'on s'est trompé, on peut toujours dire que c'était seulement là ce que l'on pensait ou croyait.

« Je pense que X » ou « je crois que X » sont des propositions qui restent vraies, indépendamment de la réalité de l'emplacement de l'arrêt de bus, à moins que je mente sur ce que je pense ou crois effectivement.

Dans la dernière expression au contraire, « je sais qu'il est là », on décrit la réalité.

La proposition peut être vérifiée ou non par les faits et elle presque équivalente à la proposition : « L'arrêt de bus est là ».

On remarque également que lorsque l'on croit quelque chose, on manifeste une adhésion vis-à-vis de l'objet de représentation qui n'est pas présente lorsqu'on pense simplement quelque chose.

On examine une idée, une situation, un objet, on l'analyse, sans engager un jugement d'existence. B - Un même objet L'exemple de l'a de bus permet de remarquer qu'il s'agit dans les trois réponses du même objet de représentation, tandis que la relation que nous établissons avec ce contenu de représentation est à chaque fois très différente.

C ette analyse est en réalité valable dans tous les cas où nous nous interrogeons sur la distinction entre penser, connaître et croire.

La différence n'est une différence d'objet, mais une différence d'attitude. La pensée, la connaissance et la croyance ne délimitent pas à proprement parler des domaines d'objets.

Aussi, les progrès scientifiques ne réduisent pas l'exercice de la pensée ou de la croyance, et par là le rôle de la philosophie ou des religions.

Leur objet peut être le même.

A insi le C hrist peut être un objet de foi dans la religion chrétienne, un objet de connaissance pour l'histoire, et un objet de pensée pour la philosophie.

C ertaines personnes refusent de réfléchir sur Dieu et son existence en disant : « Je n'y crois pas, donc je ne peux pas en parler.

» Elles refusent alors de distinguer entre un objet de représentation et le type d'attitude adopté à son égard : Dieu peut être un objet de pensée pour un athée. C - Des visées différentes On peut ainsi croire à une proposition issue de la science.

Une loi scientifique est un objet de connaissance pour qui est capable de la comprendre.

Pour le non-scientifique c'est une croyance, puisqu'elle est admise par la force d'autorité des savants.

Ce n'est pas parce qu'une proposition a été produite dans le cadre de la science qu'elle est automatiquement une connaissance pour nous.

Il faut encore s'y rapporter par un acte de connaissance, c'est-à-dire fonder son adhésion sur des principes objectifs et rationnels. Il ne suffit donc pas d'adhérer à une pensée ou de l'avoir apprise (par exemple, la philosophie de Hegel) pour penser soi-même.

Il ne suffit pas de répéter une proposition scientifique connue par ouï-dire pour posséder à proprement parler une connaissance scientifique.

Distinguer penser, connaître, et croire, c'est provoquer une réflexion sur le rapport que nous entretenons avec nos représentations.

La façon dont nous nous rapportons à ces représentations conditionne le statut que nous pouvons leur reconnaître. La distinction de ces différents actes suppose que l'on passe d'une simple possession de contenus à une évaluation réflexive de nos représentations. Descartes dit ainsi que le doute radical des Méditations métaphysiques conduit à rejeter des vérités.

Mais il n'exclut pas la possibilité de réintégrer ces vérités admises, puis rejetées, à l'édifice de la connaissance.

Leur contenu sera le même, mais leur statut aura changé.

Mais il faut d'abord que l'ordre de sa méditation les fondent comme telle.

Descartes n'efface pas ces représentations, il continue de les posséder, mais il suspend leur statut de vérité en attendant de les avoir fondées aux yeux de sa propre raison, en attendant de les avoir pensées. CITATIONS: « Je dus [...] abolir le savoir afin d'obtenir une place pour la croyance.

» Kant, Critique de la raison pure (2e éd.), 1787. C royance : « C 'est le mot commun qui désigne toute certitude sans preuve.

» Alain, Définitions, 1953 (posth.) « Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances.

[...] Ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir et une avalanche de malheurs et de maladies se succédant sans interruption dans une famille ne la fera pas douter de la bonté de son Dieu ou du talent de son médecin.

» Proust, Du côté de chez Swann, 1913. « Les mots doute et croyance, comme on les emploie d'ordinaire, sont usités quand il est question de religion [...].

Je les emploie ici pour désigner la position de toute question grande ou petite et sa solution.

» Charles S.

Peirce, Textes anticartésiens, 1984 (posth.). »

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