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La conscience et le temps

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« Définition des termes du sujet: TEMPS: Milieu indéfini et homogène, analogue à l'espace, dans lequel se déroulent les événements. Temps objectif: Mouvement continu et irréversible (« flèche du temps ») par lequel le présent rejoint le passé. Temps subjectif: Sentiment intérieur de la temporalité, telle qu'elle est vécue par le sujet (synonyme : durée). La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).

Être conscient signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.

Mais il convient de distinguer la conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie, conscience qui se saisit elle-même comme conscience.

La première consiste à « avoir conscience », tandis que la seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».

Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre conscience ». 1 Intériorité de la conscience, extériorité du temps La conscience et l'instant Chez Descartes, le rapport au temps — que la conscience peut entretenir — n'est explicité que dans les Méditations métaphysiques.

Après la référence particulière au malin génie, très puissant et très rusé, Descartes dit: «qu'il me trompe tant qu'il voudra, il ne saurait jamais faire que je ne sois rien tant que je penserai être quelque chose».

Et encore : «Enfin il faut conclure et tenir pour constant que cette proposition, Je suis, j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit».

L'unité du «je suis, j'existe» (qui est identique à l'unité de la pensée, ou encore à l'unité de la conscience) est chez Descartes subordonnée au temps. Posée dans la Seconde Méditation cette subordination est claire : «la pensée est un attribut qui m'appartient.

Elle seule ne peut être détachée de moi, je suis, j'existe, cela est certain; mais combien de temps? A savoir autant de temps que je pense; car peut-être se pourrait-il faire si je cessais de penser, que je cesserais en même temps d'être ou d'exister»...

Ainsi la conscience est-elle ici comme «baignée» dans le temps, qui lui est extérieur, et qui lui préexiste, au même titre sans doute que l'espace qui reçoit les corps dans leur étendue.

«Espace de fond» des figures géométriques dont parle pour la première fois Descartes dans sa Géométrie et qui préfigure «l'espace absolu» de Newton englobant à la fois l'espace de fond de la mathématique et l'espace de fond de la mécanique terrestre et céleste. Dieu, garant de la conscience et du temps Dans le dualisme cartésien on a d'un côté l'âme dont l'attribut essentiel est la pensée, et de l'autre le corps dont l'attribut essentiel est l'étendue.

De l'âme, comme substance immatérielle—comme conscience — je suis assuré de son existence pour «autant de temps que je pense» ! Quant au corps, substance matérielle, il n'est pas d'emblée en rapport avec le temps, mais avec l'espace. L'essentiel est ici la question du temps, sommation sans cesse répétée d'instants.

Pour garantir à la fois la permanence de la conscience et la permanence du monde on sait que Descartes construit la théorie de la création continue qui, complétant la conception de la création du monde par Dieu, ainsi que la création des vérités éternelles, permet d'expliquer la «persistance dans l'Être de toute créature».

Pour être maintenue dans l'existence, la substance (aussi bien la conscience que l'étendue) a besoin du secours incessant et à chaque instant renouvelé de Dieu, qui en quelque sorte la recrée.

Ce qu'exprime clairement la Troisième Méditation : «Car tout le temps de ma vie peut être divisé en une infinité de parties, chacune desquelles ne dépend en aucune façon des autres; et ainsi de ce qu'un peu auparavant j'ai été, il ne s'ensuive pas que je doive maintenant être, si ce n'est qu'en ce moment quelque cause me produise et me crée, pour ainsi dire, derechef, c'est-à-dire me conserve». La substance, aussi bien comme conscience que comme corps, a donc rapport avec Dieu, considéré comme perfection, comme Être achevé, sans aucune limitation, possédant en soi la plénitude de l'être et supportant indéfiniment, dans le temps, l'instant.

Les notions de parfait et d'infini ne diffèrent en rien.

D'une manière ascendante il est possible d'emboîter la notion d'instant, de temps et d'infini — même si, en vérité c'est l'idée d'infini qui rend possible la notion de fini, l'idée d'éternité qui rend possible le temps et l'instant ; de même que, dans l'ordre des raisons, c'est l'existence préalable de Dieu qui rend possible la pensée (cogito) et l'existence (sum), la conscience et le monde. 2 La double intériorité de la conscience et du temps Le temps comme forme de la sensibilité Mais qu'en est-il de cette double réalité de la conscience et du temps lorsque vient s'effondrer cette prétention de la métaphysique affirmant qu'une connaissance absolue serait possible et qu'au contraire s'affirme la conviction qu'il n'y a de connaissances possibles pour l'homme que des connaissances strictement humaines, notre pouvoir de connaître «étant borné par l'expérience.» Ici on aura reconnu la thèse de Kant, dans la Critique de la raison pure. Certes, nous avons un pouvoir de connaître a priori (et pas seulement a posteriori) «mais avec ce pouvoir nous ne pouvons pas dépasser les limites de l'expérience possible».

Une telle position va avoir une incidence considérable sur la conception du temps, en ruinant la position réaliste de Descartes.

En effet, pour Kant, prolongeant le point de vue de Leibniz selon lequel «les instants hors des choses ne sont rien et ne consistent que dans leur ordre successif», le temps est idéalité.. »

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