Aide en Philo

La beauté de l'art dépend-elle de la maîtrise technique d'un matériau ?

Extrait du document

« Vocabulaire: TECHNIQUE Tout ensemble de procédés pour produire un résultat utile.

La technique moderne s'appuie sur la science; mais elle s'en distingue puisque la science est un effort pour expliquer ce qui existe tandis que la technique cherche à produire ce qu'on souhaite qui soit — qui n'est pas. La technique peut se définir comme un vouloir, incarné en un pouvoir par l'intermédiaire d'un savoir. Comme adjectif: par opposition à esthétique, qui concerne des procédés susceptibles d'être développés et transmis, et non des dons ou capacités innées. Beau: Ce qui fait naître le sentiment esthétique.

Si l'Antiquité cherchait à formuler des règles objectives du beau, la modernité, avec Kant, a insisté sur le fondement subjectif du jugement esthétique et sa spécificité.

Kant définit le beau comme « ce qui plaît universellement sans concept ». On a tendance à ramener l'art à l'immatériel, au spirituel, l'essentiel se trouverait dans la conception dans l'esprit de l'artiste, souvent par une inspiration quasi divine.

On néglige souvent la question des matériaux employés qui ne sont que de l'ordre de la technique.

Mais dans les arts comme la sculpture, l'architecture, le matériau est primordial à l'art, c'est lui qui induit la technique de l'artiste.

On ne travaille pas le fer comme on travaillerait la pierre ou le verre.

Dans ce cas, dans les arts proches de la matière, la beauté résiderait presque entièrement dans la maîtrise des matériaux.

On ne peut parler de matériau dans la littérature, dans la musique, la question est plus délicate pour la peinture.

La maîtrise de la peinture à l'huile, de la gouache irait de pair avec l'exécution d'une toile.

La question de la maîtrise du matériau n'aurait de sens que pour l'architecture, la sculpture et n'en aurait pas pour les autres arts. 1) La beauté et la maîtrise des matériaux, l'exemple du fer. Les problèmes que pose la civilisation industrielle à l'art sont divers.

Les nouveaux matériaux offrent des possibilités immenses à des artistes et architectes parfois dépourvus d'inspiration ou issus de formations très académiques.

Des matériaux comme le fer ou le verre et la relative croissance économique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe permettront d'exécuter d e nombreuses fantaisies architecturales qui étaient autrefois impossibles à réaliser.

Le véritable avènement de l'architecture du fer a eu lieu la veille de la première exposition universelle de Londres en 1850 avec la construction du Crystal Palace de Paxton.

Ces expositions universelles seront la vitrine des produits de la civilisation industrielle.

Mais comme toute exposition est par essence éphémère, on a dû construire rapidement des édifices démontables ou faciles à détruire.

Bâtir un édifice de pierre peut prendre plusieurs années ou décennies, il y a la contrainte de réunir des pierres, de les acheminer, et le coût financier est plus important.

Un bâtiment en fer peut être facilement monté et démonté, la structure peut être refondue et réutilisée pour un tout autre but.

Ces mêmes matériaux serviront à la mobilité, à la vitesse et aux lieux de passage comme les passages couverts, les ponts, les gares, les grands magasins, les usines.

On comprend qu'on puisse admirer la Tour Eiffel, les grands ponts de fer comme des oeuvres d'art même si elles sont l'oeuvre d'ingénieur. 2) la rencontre d'une idée et d'un matériau. Pour Hegel, dans son Esthétique, Dans l'art classique qu'il assimile à la sculpture, l'esprit constitue le fond de la représentation, seule la forme extérieure est empruntée à la nature.

La forme est accordée avec l'idée.

L'esprit a crée une image fidèle à lui-même.

Pour Hegel le sommet de l'art., c'est la sculpture qui représente l'unité du corps et de l'esprit dans la forme humaine.

La forme humaine est la seule capable de manifester l'esprit de manière sensible.

On ne concevoir de sculpture qui n'aie pour bu de représenter une idée. C'était vrai de la sculpture qui représentait des formes humaines, ça l'est d'autant plus à l'heure de l'abstraction.

L'immatérialité, l'effacement de la matière dans l'oeuvre de Giacometti, les mobiles de Calder.

De même, le constructivisme russe de Tatline avec ses constructions mêlant architecture et sculpture, répudie la distinction de la forme et du fond.

L'art doit donc être avant tout un art fonctionnel, directement lié à la production et à la construction.

Il faut abolir la différence traditionnelle de la forme et du contenu, puisque la matière elle-même est à la fois forme et contenu.

C'est le concept qui présiderait à la beauté de l'art.

La maîtrise d'un matériau ne relèverait que de l'artisanat, du savoir-faire technique. 3) L'adéquation du matériau et de l'idée. Le kitsch peut se définir par l'inadéquation du matériau et de l'objet.

Par exemple, la reproduction d'une oeuvre d'art dans un matériau moins noble aura un effet kitsch ou sera tout simplement laide. On appréciera réellement une oeuvre d'art, un objet si le matériau est approprié au projet.

Une sculpture originale en marbre apportera plus l'adhésion qu'une reproduction en plâtre.

Il existe donc des matériaux nobles plus adaptés à certains sujets que d'autres.

En fait, le sculpteur dispose d'une très grande liberté, car l'éventail des techniques et des matériaux qui s'offrent à lui est incontestablement plus ouvert que celui dont dispose le peintre.

Mais chaque option est pour lui contraignante : matériaux et techniques imposent au sculpteur une certaine démarche.

Aussi la sculpture ne porte-t-elle jamais aussi profondément que la peinture la marque de l'individu.

Cette marque sera la maîtrise du matériau, la force du sculpteur à extraire d'une grande masse de pierre une forme, en somme d'affronter les éléments.

On admire d'autant plus les oeuvres d'art dont le matériau a résisté au temps quand il n'a pas ruiné, la solidité des matériaux employés.

Aussi des matériaux comme le béton ruine mal avec le temps, se fissure, il n'a pas la patine habituelle qu'on s'habitue à voir sur les autres monuments. Conclusion. La question de la beauté d'oeuvre d'art et de la maîtrise d'un matériau se pose avec plus d'acuité pour la sculpture et pour l'architecture et moins pour la peinture.

Un matériau induit des techniques et des possibilités nouvelles, la maîtrise de celui-ci est donc primordial. Cependant, on ne peut réduire la beauté à cela, l'expression de l'idée, d'un concept est aussi essentielle à l'art.

Sinon cela le réduire à de l'artisanat.

Il faut que l'idée soit adéquate au matériau, qu'il résiste au temps, que la maîtrise du matériau suscite l'admiration et par là un sentiment de beauté.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles