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"Jusqu'où interpréter" DS philosophie

Publié le 21/02/2023

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« SUJET DE PHILOSOPHIE : « JUSQU’OÙ INTERPRÉTER ? » D’après le philosophe Hans-Georg Gadamer « l’interprétation est l’accomplissement de la compréhension ».

L’idée ici est que l’interprétation permettrait de comprendre et de révéler le sens d’un objet qui nous donné (cad une idée, un point de vue, un texte, ou autre). Interpréter est quelque chose d’ordinaire pour l’être humain, qui est toujours dans l’interprétation. Par exemple, lorsqu’on regarde le ciel afin de deviner le temps qu’il fera.

En interprétant le réel, l’homme s’y rapporte, c’est donc quelque chose qui lui est fondamental. L’interprétation peut se faire à différents niveaux, nécessitant, ou pas, une qualité professionnelle. C’est le cas des sociologues qui analysent les données statistiques pour ensuite interpréter les différentes pratiques sociales par exemple. Du latin « interpretari », composé de « inter » qui signifie « entre », et du radical « pret » qui peut aussi bien vouloir dire « connaître » que « demander, interroger », l’interprétation donne une signification à un phénomène réel ou imaginaire afin d’en saisir le sens et de le comprendre.

C’est l’action de donner du sens à quelque chose par le biais d’une médiation qui vise à comprendre. En effet, l’interprétation d’un objet donné suppose une médiation pour arriver à sa compréhension finale.

C’est le sujet qui va tenter de comprendre ce qui lui est proposé.

Cela revient à dire que l’interprétation est quelque chose de subjectif, puisqu’il y existe autant d’interprétations qu’il y a d’hommes pour comprendre les différents sens d’un même objet. S’il y a une infinité d’interprétations, il y a donc la possibilité de saisir le sens de l’objet interprété d’une d’une certaine manière et pas d’une autre.

Cette potentielle erreur de compréhension peut poser la question des limites de l’interprétation, si il convient de toujours interpréter ou non et auquel cas, quand le faut-il ou non. C’est pourquoi on peut se demander si l’interprétation a des limites et jusqu’où il convient d’interpréter afin de comprendre et de saisir le sens de ce qui nous est donné. I.

Dans quels domaines l’interprétation doit agir ou non II.

Elle n’est pas réalisable de la même manière selon les situations III.

La limite que pose l’interprétation lorsqu’elle est omniprésente I.

A) Tout d’abord, l’interprétation n’est pas quelque chose qui s’impose dans tous les domaines, elle agit dans les cas où l’esprit est confronté à une réalité ayant le statut de signes, c’est-à-dire lorsqu’on est face à ce qu’on ne voit pas à priori. Interpréter, c’est avant tout comprendre et éventuellement expliquer ce qu’il y a d’ambigu, d’obscur ou de caché derrière une pensée, un comportement etc. Charles Sander Peirce explique que l’émetteur et le destinataire d’un message utilisent l’interprétant, cad un signe qui n’apparaît pas dans le message mais qui est « sous-jacent » et traduit de manière inconsciente le signe principal. Ce philosophe a étudié la sémiologie, qui est l’étude des signes, et il a théorisé le processus sémiotique.

Ce dernier est un rapport triadique mettant en œuvre un representanem, un objet et un interprétant.

Le representanem est la face perceptible du signe, cad le signifiant, par exemple lorsque je dis le mot « arbre ».

Le signifiant a pour effet propre de créer dans l’esprit du destinateur un autre signe : c’est le signifié.

Ce dernier, aussi appelé l’interprétant, est l’image mentale associée à l’objet, c’est l’idée d’un arbre dans ce cas-ci.

Quant à l’objet, il est ce qu’il représente, cad le référent, c’est donc l’arbre lui-même. Ce processus montre l’utilité de l’interprétation pour déchiffrer des sens cachés qui ne sont pas évidents à première vue.

Par exemple, c’est ce que tente de faire Freud quand il analyse les rêves. Pour lui, le rêve est un objet qui témoigne d’un relâchement de la conscience et dans lequel les contenus psychiques refoulés dans l’inconscient peuvent se manifester.

Selon ce psychanalyste, le rêve exige une méthode interprétative dans la mesure où il est nécessaire de « décoder » le langage du rêve pour faire apparaître le sens caché, cad le contenu psychique refoulé.

Cela se fait grâce au processus sémiotique de Peirce. Par ailleurs, un référent peut avoir plusieurs signes et donc diverses interprétations.

Par exemple, les mythes de la Grèce Antique se déclinent et existent sous de multiples formes, selon la façon dont on interprète des signes implicites. Donc, dans les cas où l’esprit est confronté à des sens cachés derrière un ou plusieurs signes, l’interprétation permet de décrypter ces sens, mais aussi d’en donner diverses explications. Interpréter dans ce cas est sans limite, car on peut toujours trouver de nouveaux signes et d’autres interprétations, cela amène à une richesse de l’interprétation qui est diverse et variée. B) Cependant, si quand on interprète on a la liberté de choisir quel sens on veut donner à un signe, cela peut être problématique, car on peut ne pas choisir le bon sens.

Par exemple, le mot « bouchon » peut signifier à la fois un objet cylindrique dans un contexte culinaire par exemple, tout comme l’état de la route actuel où beaucoup de voiture circulent.

Cette ambiguïté du signifié selon les contextes est propre au langage où les mots portent un sens.

C’est pour cela que la science tente de s’y soustraire pour aller vers un langage plus rationnel et mathématiques.

Dans ce cas-ci, l’interprétation n’est pas judicieuse. Chez Dilthey, cette dernière acquiert un rôle de premier ordre.

Ce philosophe fait la distinction entre les sciences naturelles et les sciences de l’esprit, du point de vue de leur procédé : cad l’explication est la compréhension.

D’un côté, les sciences naturelles expliquent les phénomènes en leur appliquant des lois générales, en les ramenant à leurs causes physiques.

De l’autre, les sciences de l’esprit s’attachent au contraire à comprendre les phénomènes et à en saisir l’intention, la raison, le sens.

C’est la conscience qui les guide. Selon Dilthey, la compréhension ne va pas sans interprétation, cette compréhension est le processus « par lequel nous connaissons un « intérieur » à l’aide de signes perçus de l’extérieur » Cette compréhension qui permet l’interprétation, et l’interprétation elle-même, prétendent à la certitude, à la validité universelle des connaissances qu’elles produisent.

Or, nous avons dit que l’objet pouvait avoir plusieurs signifiés et pouvait alors posséder une multitude d’interprétation. C’est pour cela que dans le domaine scientifique l’interprétation n’est pas requise, la seule connaissance factuelle se suffit à elle-même. Par exemple, dire que 2+2=4 est une connaissance à valeur universelle, cela ne peut pas être interpréter d’une autre manière que le résultat que l’équation admet. Il y a donc des cas où l’interprétation n’a pas lieu d’être, comme dans le domaine scientifique où le fait se suffit à la connaissance et donc il n’y a ici pas, à priori, de liberté d’interprétation puisqu’il suffit de se satisfaire du résultat mathématiques. Nous avons vu que l’interprétation n’est pas une activité requise dans tous les domaines, qu’elle peut aussi bien être utile dans certains cas, comme ne pas l’être de part l’ambiguïté du signifié selon les contextes et l’universalité de la compréhension et de son interprétation.

Nous pouvons désormais voir qu’avec le caractère subjectif de l’interprétation, celle-ci n’est pas réalisable de la même manière selon les situations. II.

A) Si on ne peut interpréter en toutes situations, il y a alors des problèmes qui sont posés par l’interprétation ; des problèmes notamment liés à l’aspect subjectif ou non de l’interprétation.

On ne peut donc pas toujours interpréter de la même manière, l’interprétation dépend des situations. Comme je l’ai dit précédemment, l’interprétation est par essence subjective, ce qui permet une multitude d’interprétation selon chacun et il y a une richesse des interprétations grâce à la multiplicité des sens qu’elle suppose.

En effet, interpréter est une activité qui n’impose aucun cadre, justement par le fait que chacun puisse avoir la sienne, donc interpréter semble être une liberté sans limite.

C’est pourquoi dans l’art particulièrement, l’interprétation subjective peut sublimer l’œuvre de référence et en soulever d’autres aspects, que le premier auteur n’avait pas forcément pris en compte.

L’œuvre d’art se refuse à une connaissance factuelle (comme le fait la science) mais a bien une portée subjective. Pour Gadamer, toute interprétation est le déploiement du sens de l’œuvre et de la vérité, qui se présente toujours ici et maintenant devant nous, tout en jaillissant de l’œuvre elle-même.

L’œuvre contient en elle-même sa propre vérité, qui est comprise par une interprétation immédiate est donc subjective par nature. En effet, l’on appelle « interprètes » ceux qui représentent et jouent les « performing arts » comme les anglo-saxons les nomment.

Ces arts exigent d’être interpréter : par exemple, une musique qui n’est pas jouée n’en est pas vraiment une.

Pour Gadamer, l’œuvre elle-même requiert une performance interprétative.

Il ne faut pas juste réactiver un sens qui existerait déjà dans l’œuvre mère, mais il s’agit de l’actualiser grâce à l’interprétation, sans laquelle ce renouvellement n’existerait pas. En interprétant, on adapte quelque chose et on peut le rendre différemment beau, le voir sous un nouvel angle, un angle plus parlant pour certains.

Interpréter permet de donner une nouvelle dimension à quelque chose et ce n’est pas nier la vérité intentionnelle du sens de l’objet premier. L’art permet de créer d’autres vérités, comme pour un acteur qui choisirait une façon spécifique d’interpréter un rôle d’une telle manière et pas d’une autre.

Par exemple, L’île des esclaves de Marivaux est une pièce de théâtre qui a été reprise de nombreuses fois et sous différent aspects.

La représentation d’Irian Brook en 2005 soulignait la vision tragique de la dramaturgie, alors qu’en 2016, la Compagnie des Affamés mettait plutôt en lumière le niveau comique de la pièce. La subjectivité de l’interprétation permet donc une vision sans cesse renouvelée. B) Cependant, l’interprétation qui semblait libre pourrait parfois avoir une limite qui existe de part son aspect subjectif. En effet, il peut y avoir un écart entre l’objet interprété et sa fin idéale, puisque l’interprétation est subjective et donc propre à chacun.

C’est pourquoi il nous faut rester le plus objectif possible dans notre interprétation. L’herméneutique, qui est un processus des sciences de l’esprit, dont le terme grec « herméneuein » signifiait «interpréter », permet de décrypter les sens cachés.

En cela, il désigne l’ensemble des connaissances et des techniques qui permettent de faire parler les signes et de découvrir leur sens. Cette pratique était essentiellement usée par les religieux pour interpréter les textes sacrés, jusqu’à ce que Schleiermacher propose une réflexion novatrice sur l’interprétation de tout texte dont le sens n’est pas immédiatement accessible, en raison d’une distance historique, psychologique, etc.

Selon ce philosophe allemand, il faut s’immerger dans la pensée de l’auteur, pour un texte qui nous est donné, afin d’en saisir le sens. Par exemple, lorsqu’on traduit un texte, la question du langage se pose et peut être un problème auquel il est parfois dur de surmonter.

L’herméneutique, selon Schleiermacher, doit alors penser un texte tel que l’auteur l’a fait.

La subjectivité n’est donc pas permise, puisque si nous lisons quelque chose avec nos propres à priori, nous ne lisons généralement pas ce qu’il nous est donné.... »

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