Aide en Philo

Jean-Paul SARTRE et l'objet d'art

Extrait du document

Le paradoxe de l'objet d'art c'est que sa signification demeure irréelle, c'est-à-dire hors du monde, et que, cependant, elle peut être la cause et la fin d'activités réelles. Un tableau met en jeu des intérêts économiques ; on l'achète, on le vend. En temps de guerre, on "l'évacue" comme s'il était une personne. À la signature du traité de paix, il peut faire l'objet d'une clause spéciale que le gouvernement vainqueur impose au gouvernement vaincu. Et, sans doute, cela provient de sa valeur, des traditions qui s'y rattachent, etc. ; mais les intérêts particuliers, l'orgueil national, l'appréciation esthétique, tout, finalement, se réfère à une signification première qui est imaginaire. Autrement dit, la réalité d'une société comporte la socialisation de certaines irréalités. Imaginaires en tant qu'elles se rapportent à des événements qui n'ont jamais eu lieu ou à des personnages qui n'ont jamais existé, parfois même à des lois qui ne sont pas celles de notre univers, les oeuvres "reçues" sont réelles en ceci qu'elles provoquent des actions réelles, des sentiments réels et qu'elles définissent le développement historique d'une société. Jean-Paul SARTRE

« Commentaire de texte : « Le paradoxe de l'objet d'art c'est que sa signification demeure irréelle, c'est-àdire hors du monde, et que, cependant, elle peut être la cause et la fin d'activités réelles.

Un tableau met en jeu des intérêts économiques ; on l'achète, on le vend.

En temps de guerre, on "l'évacue" comme s'il était une personne.

À la signature du traité de paix, il peut faire l'objet d'une clause spéciale que le gouvernement vainqueur impose au gouvernement vaincu.

Et, sans doute, cela provient de sa valeur, des traditions qui s'y rattachent, etc.

; mais les intérêts particuliers, l'orgueil national, l'appréciation esthétique, tout finalement, se réfère à une signification première qui est imaginaire.

Autrement dit, la réalité d'une société comporte la socialisation de certaines irréalités. Imaginaires en tant qu'elles se rapportent à des événements qui n'ont jamais eu lieu ou à des personnages qui n'ont jamais existé, parfois même à des lois qui ne sont pas celles de notre univers, les oeuvres "reçues" sont réelles en ceci qu'elles provoquent des actions réelles, des sentiments réels et qu'elles définissent le développement historique d'une société.

» (Jean Paul Sartre) Thème : Ce texte répond à la question : « Quel rapport existe-t-il entre l’œuvre d’art et la réalité ? » Thèse : La réponse de l’auteur est que bien que la signification de l’œuvre d’art soit irréelle et imaginaire, l’œuvre d’art, a par son intermédiaire, une réalité, à travers les actions et les sentiments qu’elle provoque dans les sociétés humaines. Argumentation : 1) De « Le paradoxe » l.

1 à « gouvernement vaincu.

» l.

5 : L’œuvre d’art est parfois le but et la cause d’actions réelles qui l’inscrive matériellement dans l’existence des hommes. 2) De « Et, sans doute » l.

5 à « certaines irréalités » l.

9 : Mais ces actions n’ont pour cause ou pour but, non pas l’œuvre d’art en elle-même mais la signification que lui attachent les hommes. 3) De « Imaginaires en tant » l.

9 à « historique d'une société.

» l.

13 : Bien que l’œuvre d’art n’est bien souvent qu’une construction imaginaire, elle a une réalité, une existence matérielle, quand les hommes trouve dans cet imaginaire, dans cet irréel, une signification, un sens, pour mener leurs existences réelles. Intérêt philosophique et Horizon critique : 1) Intérêt philosophique : Ce texte mène une réflexion profonde sur la relation entre le réel et l’imaginaire.

Sartre voit dans l’imaginaire un substitut à la réalité humaine : les hommes ont pour habitude de confier la direction de leurs actions à des principes imaginaires comme la morale ou les convenances, ce qui leur évite d’expérimenter la dure réalité de l’existence : ils sont libres et donc responsables des leurs actions.

Leurs actions les engagent tout entier dans la réalité : « Préférer l'imaginaire ce n'est pas seulement préférer une richesse, une beauté, un luxe en image à la médiocrité présente malgré leur caractère irréel.

C'est adopter aussi des sentiments et une conduite « imaginaires », à cause de leur caractère imaginaire.

On ne choisit pas seulement telle ou telle image, on choisit l'état imaginaire avec tout ce qu'il comporte, on ne fuit pas uniquement le contenu du réel (pauvreté, amour déçu, échec de nos entreprises, etc.), on fuit la forme même du réel, son caractère de présence, le genre de réaction qu'il demande de nous, la subordination de nos conduites à l'objet, l'inépuisabilité des perceptions, leur indépendance, la façon même que nos sentiments ont de se développer.

Cette vie factice, figée, ralentie, scolastique qui, pour la plupart des gens n'est qu'un pis-aller, c'est. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles