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Jean-Paul SARTRE et la signification du passé

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La signification du passé est étroitement dépendante de mon projet présent. Cela ne signifie nullement que je puis faire varier au gré de mes caprices le sens de mes actes antérieurs; mais, bien au contraire, que le projet fondamental que je suis décide absolument de la signification que peut avoir pour moi et pour les autres le passé que j’ai à être. Moi seul en effet peux décider à chaque moment de la portée du passé: non pas en discutant, en délibérant et en appréciant en chaque cas l’importance de tel ou tel événement antérieur, mais en me « pro-jetant » vers mes buts, je sauve le passé avec moi et je décide par l’action de sa signification. Cette crise mystique de ma quinzième année, qui décidera si elle « a été » pur accident de puberté ou au contraire premier signe d’une conversion future? Moi, selon que je déciderai - à vingt ans, à trente ans - de me convertir. Le projet de conversion confère d’un seul coup à une crise d’adolescence la valeur d’une prémonition que je n’avais pas prise au sérieux. Qui décidera si le séjour en prison que j’ai fait, après un vol, a été fructueux ou déplorable? Moi, selon que je renonce à voler ou que je m’endurcis. Qui peut décider de la valeur d’enseignement d’un voyage, de la sincérité d’un serment d’amour, de la pureté d’une intention passée, etc. ? C’est moi, toujours moi, selon les fins par lesquelles je les éclaire. Jean-Paul SARTRE

« La signification du passé est étroitement dépendante de mon projet présent.

Cela ne signifie nullement que je puis faire varier au gré de mes caprices le sens de mes actes antérieurs; mais, bien au contraire, que le projet fondamental que je suis décide absolument de la signification que peut avoir pour moi et pour les autres le passé que j’ai à être.

Moi seul en effet peux décider à chaque moment de la portée du passé: non pas en discutant, en délibérant et en appréciant en chaque cas l’importance de tel ou tel événement antérieur, mais en me « pro-jetant » vers mes buts, je sauve le passé avec moi et je décide par l’action de sa signification. Cette crise mystique de ma quinzième année, qui décidera si elle « a été » pur accident de puberté ou au contraire premier signe d’une conversion future? Moi, selon que je déciderai - à vingt ans, à trente ans - de me convertir.

Le projet de conversion confère d’un seul coup à une crise d’adolescence la valeur d’une prémonition que je n’avais pas prise au sérieux.

Qui décidera si le séjour en prison que j’ai fait, après un vol, a été fructueux ou déplorable? Moi, selon que je renonce à voler ou que je m’endurcis.

Qui peut décider de la valeur d’enseignement d’un voyage, de la sincérité d’un serment d’amour, de la pureté d’une intention passée, etc.

? C’est moi, toujours moi, selon les fins par lesquelles je les éclaire. VOCABULAIRE SARTRIEN: Liberté : ce n'est pas une propriété parmi d'autres de l'homme, c'est l'étoffe même de son existence, qui renvoie à cette indétermination (« l'existence précède l'essence ») et à cette ouverture aux possibles qui caractérisent la réalité humaine.

Selon une formule récurrente de Sartre, « l'homme est condamné à être libre ».

De cette liberté découle sa responsabilité.

Elle s'éprouve dans l'angoisse. Projet: traduction du terme heideggérien Entwurf.

C'est ce qui caractérise le mode d'être de l'homme en un sens ontologique radical : l'homme est projet, c'est-à-dire existe en se projetant indéfiniment en avant de soi vers l'avenir, vers ses fins, vers l'être qu'il a à être sans jamais coïncider avec lui.

Le projet fondamental d'une existence est le projet qui constitue la signification synthétique profonde des multiples projets secondaires.

C'est ce que vise à mettre au jour la psychanalyse existentielle. Intentionnalité : visée d'un objet par la conscience qui manifeste ainsi un perpétuel choix d'orientation d'ellemême. Conseils pratiques. • N’oubliez pas que Sartre dans toute son œuvre, donne à voir l’univers de la liberté humaine.

Chez lui, j’existe et je suis libre se présentent comme deux propositions rigoureusement équivalentes.

Il y a, en un sens, identité de l’existence et de la liberté.

Ce qui signifie que même le passé ne saurait se constituer comme un donné opaque me gouvernant et régissant ma vie.

La liberté est ce pouvoir de rompre la chaîne infinie des causes et des effets… A moi de décider et de choisir… • Définir clairement les termes ou expressions importantes : ~ Passé : Il désigne, selon une définition générale, une dimension du temps écoulé, en tant qu’il n’est plus là et exprime une irréversibilité absolue. Chez Sartre, le passé se définit comme un « pour-soi noyé par l’en-soi », à savoir une manière d’être de l’existant humain figée dans ce qui est, de manière stable. ~ Projet : aspect de la conscience humaine, toujours en avant d’elle-même, vers l’avenir. ~ Se projeter vers : se transcender, au-delà de soi-même, dans le monde, dans la temporalité, vers le futur. ~ Projet fondamental : projet originel commandant nos déterminations particulières.

Choix par lequel chaque personne se fait personne.

Un choix unique de notre vie unifierait, en effet, nos choix particuliers et informerait toutes nos actions et tous nos goûts. ~ Projet présent : libre production de la fin, censée exister dans le moment où je parle. ~ Signe : élément représentant ou symbolisant un élément futur.

Donné gros d’autre chose que lui-même. ~ Fin : but vers lequel je tends. • Structure du texte : Dans un premier mouvement, la pensée de Sartre est théorique.

Thèse sur la signification du passé humain, sur le caractère choisi et construit du passé.

Ensuite, une série d’exemples nous est présentée.

Passage de l’abstrait au concret, de l’élucidation philosophique à l’illustration concrète. 1) « La signification du passé … sa signification » : mon « projet originel » et mon projet présent décident de la. »

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