Aide en Philo

Jean-Paul SARTRE: conscience et feuille blanche

Extrait du document

Je regarde cette feuille blanche, posée sur ma table; je perçois sa forme, sa couleur, sa position. Ces différentes qualités ont des caractéristiques communes : d'abord elles se donnent à mon regard comme des existences que je puis seulement constater et dont l'être ne dépend aucunement de mon caprice. Elles sont pour moi, elles ne sont pas moi (...) Elles sont présentes et inertes à la fois. Cette inertie du contenu sensible, qu'on a souvent décrite, c'est l'existence en soi (...) Ce qui est certain, c'est que le blanc que je constate, ce n'est certes pas ma spontanéité qui peut le produire. Cette forme inerte (...) que l'on doit observer, apprendre peu à peu, c'est ce qu'on appelle une chose. En aucun cas, ma conscience ne saurait être une chose, parce que sa façon d'être en soi est précisément un être pour soi. Exister, pour elle, c'est avoir conscience de son existence. Elle apparaît comme une pure spontanéité, en face du monde des choses qui est pure inertie- Nous pouvons donc poser dès l'origine deux types d'existence. Jean-Paul SARTRE

« « Je regarde cette feuille blanche, posée sur ma table; je perçois sa forme, sa couleur, sa position.

Ces différentes qualités ont des caractéristiques communes : d'abord elles se donnent à mon regard comme des existences que je puis seulement constater et dont l'être ne dépend aucunement de mon caprice.

Elles sont pour moi, elles ne sont pas moi (...) Elles sont présentes et inertes à la fois. Cette inertie du contenu sensible, qu'on a souvent décrite, c'est l'existence en soi (...) Ce qui est certain, c'est que le blanc que je constate, ce n'est certes pas ma spontanéité qui peut le produire.

Cette forme inerte (...) que l'on doit observer, apprendre peu à peu, c'est ce qu'on appelle une chose.

En aucun cas, ma conscience ne saurait être une chose, parce que sa façon d'être en soi est précisément un être pour soi.

Exister, pour elle, c'est avoir conscience de son existence.

Elle apparaît comme une pure spontanéité, en face du monde des choses qui est pure inertie- Nous pouvons donc poser dès l'origine deux types d'existence.

» SARTRE. VOCABULAIRE SARTRIEN: Cogito, conscience : pour Sartre, aucune philosophie ne peut éviter de partir du cogito (« Je pense, donc je suis », Descartes, Méditations métaphysiques, II).

Mais Sartre sous-tend le cogito réflexif cartésien (la conscience de soi réfléchie) par un cogito pré-réflexif : une conscience non thétique (irréfléchie) de soi engagée dans toute conscience d'un donné.

En outre, le cogito cartésien est modifié par Sartre dans le sens de l'intentionnalité : il n'est absolument pas substantiel et implique d’emblée la co-présence d’autrui. En-soi : manière d'être de l'ensemble des choses, des êtres distincts de la conscience. Existence : c'est le fait d'être là, de surgir dans le monde et d'avoir à assumer cette présence. Être capable d'annoncer le thème du texte, l'objectif de l'auteur et sa thèse. Thème : la conscience. Objectif de l'auteur : montrer que la conscience n'existe pas comme une chose. Thèse : la conscience n'est pas en soi, elle est pour soi.

Présenter l'articulation logique des idées en les expliquant. Analyse de la perception d'une chose, à partir de l'exemple d'une feuille de papier.

La chose est perçue à travers ses qualités sensibles : sa forme, sa couleur, son emplacement dans l'espace. Remarquer que ces qualités sont spatiales, ce qui est à rapprocher de la définition que donne Descartes de l'essence des choses : l'attribut essentiel des corps est l'étendue. Cette première démarche fait apparaître deux caractéristiques communes : elles sont présentes et inertes. Explication de la première caractéristique : elles sont présentes.

Elles sont là, en face de moi, s'offrent à mon regard, et je n'ai qu'à les constater.

Exister, quand il s'agit d'une chose, c'est être là, s'imposer à moi indépendamment de toute initiative de ma part, hors mis le fait que je la regarde.

Une première distinction se découvre entre la chose et moi : la chose existe en étant là, mais c'est moi qui la vise par mon regard.

Ainsi il faut comprendre "elles sont pour moi".

Je suis origine, sujet de cette relation à la chose qui, elle, n'est que présente en face de moi : objet.

Ainsi il faut comprendre "elles ne sont pas moi". Explication de la deuxième caractéristique : elles sont inertes.

L'inertie de la chose est opposée à la spontanéité du moi.

Comment comprendre ? La chose est ce qu'elle est, pleinement ; et s'il s'agit d'une chose vivante, on pourra dire qu'elle est inerte en ce sens qu'elle devient ce qu'elle doit être, en pleine conformité avec les lois du vivant.

Ce caractère de la chose, Sartre le désigne par l'expression : en soi.

A l'inverse, la conscience est spontanéité, c'est-à-dire activité propre à partir d'elle-même, mouvement dont elle est source, mouvement vers les choses par la perception, nous l'avons vu, mais aussi visée vers soi-même par la réflexion.

Ainsi être conscient, c'est être conscient qu'on existe.

Ceci n'est possible que par la distance que la conscience instaure avec elle-même.

Et cette distance fait qu'elle ne coïncide jamais avec elle-même ; ainsi elle n'est jamais pleinement ce qu'elle est, toujours interrogative et constructive d'elle-même.

Ce que Sartre désigne par l'expression "pour soi". Conclusion : il y a bien deux types d'existence. Dégager l'intérêt de la thèse en mettant en lumière la manière propre à l'auteur de l'affirmer. On peut situer la démarche de Sartre par rapport à une conception matérialiste "qui a pour effet de traiter tous les hommes y compris soi-même comme des objets, c'est-à-dire comme un ensemble de réactions déterminées, que rien ne distingue de l'ensemble des qualités et des phénomènes qui constituent une table ou une chaise ou une pierre". N'est-ce pas là une tendance des sciences humaines ? Au contraire Sartre, dans la lignée de Descartes, fonde sa démarche sur la vérité absolue du cogito, sur la découverte de la subjectivité. Lire : Sartre, L'Existentialisme est un Humanisme. Comme Descartes est amené à distinguer deux substances : l'âme qui est pensée et conscience, et le corps qui est étendue, Sartre distingue deux types d'existence. Lire : Descartes, Méditations métaphysiques, deuxième méditation. Mais , sous l'influence de la phénoménologie, cette distinction prend un sens différent.

Tandis que Descartes échappe difficilement au risque d'enfermer la conscience sur elle-même, tout objet de pensée ayant d'abord été révoqué en doute, la phénoménologie dévoile le caractère fondamental de la conscience : l'intentionnalité.

Cela, qui est traduit dans le texte par le mot "spontanéité", désigne l'ouverture de la conscience sur ce qui n'est pas elle. Annoncer les conséquences de cette conception : la conscience et la certitude de l'existence d'autrui ; la conscience et l'ouverture sur l'avenir ou projet ; la conscience qui donne sens au monde. SARTRE (Jean-Paul).

Né et mort à Paris, en 1905 et 1980. Il fait ses études au lycée Henry IV.

Elève de l'Ecole Normale supérieure de 1924 à 1928, il fut reçu premier à l'agrégation de philosophie, en 1929.

De 1931 à 1944, il fut professeur de lycée.

Il demanda et obtint un congé en 1945.

- La pensée de Sartre est influencée par Hegel, Husserl et Heidegger.

Ses premières recherches philosophiques ont porté sur l'imaginaire et l'imagination, qui consiste à se rendre présent un objet tenu pour absent.

« L'acte d'imagination est un acte magique : c'est une incantation destinée à faire apparaître la chose qu'on désire.» — La liberté se traduit par le retrait, c'est-à-dire la capacité de voir, dans ce qui est, ce qui n'est pas.

La conscience, qui est liberté et intentionnalité, est néantisation.

« La néantisation est l'acte par lequel la conscience se libère de l'en-soi en le pensant...

Le pour-soi surgit comme néantisation de l'en-soi.

» Sartre définit ainsi l'en- soi : « Il faut opposer cette formule : l'être en soi est ce qu'il est, à celle qui désigne l'être de la conscience (le pour-soi) : celle-ci en effet a à être ce qu'elle est...

L'être en-soi n'a pas de dedans qui s'opposerait à un dehors...

L'en-soi n'a pas de secret : il est massif.» L'en-soi désigne souvent, pour Sartre, la réalité matérielle.

Sa définition du pour-soi : « Le pour-soi, c'est l'en-soi se perdant comme en-soi, pour se fonder comme conscience.

» — Le pour-soi est une manière pour l'en-soi d'être sur le mode du non-être.

L'existence de la conscience porte témoignage de l'existence des choses.

La conscience est fascinée par ce qu'elle connaît :« son être est de n'être pas ce à quoi elle est présente.

» — « Le pour-soi est pour autrui.

» Sartre analyse l'autre et en rend compte par le trouble et la résistance qu'il provoque en nous.

Il définit : « Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire le moi qui n'est pas moi.

» La découverte de l'autre est un conflit, où les deux parties se posent toujours, l'une comme sujet, l'autre comme objet.

Il n'y a jamais deux sujets face à face.

« L'enfer, c'est les autres.

» — Son analyse du projet conduit Sartre à poser comme termes synonymes : être et faire.

Pour lui, l'existence précède l'essence.

— Telle est, succinctement et terminologiquement exposée, une doctrine qui est encore en plein accomplissement.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles