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Jean-Paul SARTRE

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Tout matérialisme a pour effet de traiter tous les hommes y compris soi-même comme des objets, c’est-à-dire comme un ensemble de réactions déterminées, que rien ne distingue de l’ensemble des qualités et des phénomènes qui constituent une table ou une chaise ou une pierre. Nous voulons constituer précisément le règne humain comme un ensemble de valeurs distinctes du règne matériel. Mais la subjectivité que nous atteignons là à titre de vérité n’est pas une subjectivité rigoureusement individuelle, car nous avons démontré que dans le cogito, on ne se découvrait pas seulement soi-même, mais aussi les autres. Par le je pense, contrairement à la philosophie de Descartes, contrairement à la philosophie de Kant, nous nous atteignons nous-mêmes en face de l’autre, et l’autre est aussi certain pour nous que nous-mêmes. Ainsi, l’homme qui s’atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres, et il les découvre comme la condition de son existence. Il se rend compte qu’il ne peut rien être (au sens où on dit qu’on est spirituel, ou qu’on est méchant, ou qu’on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel. Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l’autre. L’autre est indispensable à mon existence, aussi bien d’ailleurs qu’à la connaissance que j’ai de moi. Dans ces conditions, la découverte de mon intimité me découvre en même temps l’autre, comme une liberté posée en face de moi, qui ne pense, et qui ne veut que pour ou contre moi. Ainsi découvrons-nous tout de suite un monde que nous appellerons l’intersubjectivité, et c’est dans ce monde que l’homme décide ce qu’il est et ce que sont les autres. Jean-Paul SARTRE

« VOCABULAIRE SARTRIEN: Liberté : ce n'est pas une propriété parmi d'autres de l'homme, c'est l'étoffe même de son existence, qui renvoie à cette indétermination (« l'existence précède l'essence ») et à cette ouverture aux possibles qui caractérisent la réalité humaine.

Selon une formule récurrente de Sartre, « l'homme est condamné à être libre ».

De cette liberté découle sa responsabilité.

Elle s'éprouve dans l'angoisse. Cogito, conscience : pour Sartre, aucune philosophie ne peut éviter de partir du cogito (« Je pense, donc je suis », Descartes, Méditations métaphysiques, II).

Mais Sartre sous-tend le cogito réflexif cartésien (la conscience de soi réfléchie) par un cogito pré-réflexif : une conscience non thétique (irréfléchie) de soi engagée dans toute conscience d'un donné.

En outre, le cogito cartésien est modifié par Sartre dans le sens de l'intentionnalité : il n'est absolument pas substantiel et implique d’emblée la co-présence d’autrui. Tout matérialisme a pour effet de traiter tous les hommes y compris soimême comme des objets, c’est-à-dire comme un ensemble de réactions déterminées, que rien ne distingue de l’ensemble des qualités et des phénomènes qui constituent une table ou une chaise ou une pierre.

Nous voulons constituer précisément le règne humain comme un ensemble de valeurs distinctes du règne matériel.

Mais la subjectivité que nous atteignons là à titre de vérité n’est pas une subjectivité rigoureusement individuelle, car nous avons démontré que dans le cogito, on ne se découvrait pas seulement soi-même, mais aussi les autres.

Par le je pense, contrairement à la philosophie de Descartes, contrairement à la philosophie de Kant, nous nous atteignons nous-mêmes en face de l’autre, et l’autre est aussi certain pour nous que nous-mêmes.

Ainsi, l’homme qui s’atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres, et il les découvre comme la condition de son existence.

Il se rend compte qu’il ne peut rien être (au sens où on dit qu’on est spirituel, ou qu’on est méchant, ou qu’on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel.

Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l’autre.

L’autre est indispensable à mon existence, aussi bien d’ailleurs qu’à la connaissance que j’ai de moi.

Dans ces conditions, la découverte de mon intimité me découvre en même temps l’autre, comme une liberté posée en face de moi, qui ne pense, et qui ne veut que pour ou contre moi.

Ainsi découvrons-nous tout de suite un monde que nous appellerons l’intersubjectivité, et c’est dans ce monde que l’homme décide ce qu’il est et ce que sont les autres. Déterminisme : théorie consistant à affirmer que tout ce qui arrive dans le monde est l'effet d'une cause préalable. Le déterminisme est le plus souvent affirmé comme un facteur conditionnant l'activité humaine. En-soi : manière d'être de l'ensemble des choses, des êtres distincts de la conscience. Existence : c'est le fait d'être là, de surgir dans le monde et d'avoir à assumer cette présence. Modèle. I.

A l’opposé du matérialisme, l’existentialisme traite l’homme comme subjectivité. II.

Mais ce subjectivisme là, exprimé par le cogito existentialiste (je pense) n’est ni le subjectivisme cartésien, ni le subjectivisme kantien ; il atteint aussi l’autre. III.

Concrètement, et Sartre en fournit plusieurs exemples, l’existence d’autrui est indispensable à mon existence. IV.

D’emblée le monde que nous découvrons est le monde de l’intersubjectivité. I.

Sartre définit tout d’abord le matérialisme.

Aussi bien des choses que les hommes en général, ou soi-même comme sujet, tout est traité comme un objet.

Il y a donc implicitement dans tout matérialisme un impérialisme, qui est celui d’un déterminisme (« des réactions déterminées ») ne laissant aucune place à la liberté.

Tous les objets, du monde naturel (la pierre), du monde fabriqué par l’homme (une table, une chaise), l’homme lui-même répondent à la même définition : « ensemble de réactions déterminées », d’ordre quantitatif, ne tenant aucun compte d’autres qualités ou d’autres phénomènes spécifiques. Au contraire, Sartre souhaite, en le formulant de manière programmatique (« nous voulons constituer »), marquer une spécificité du « règne humain » distingué du « règne matériel » et défini, au plus simple, comme « un ensemble de valeurs ».

S’ouvre par là une dimension de liberté distincte du déterminisme matérialiste et aussi une dimension axiologique (« ensemble de valeurs ») avec sa composante morale.

C’est reconnaître à côté de l’objectivité des objets du monde matériel, une subjectivité des sujets humains (« le règne humain »). Cette reconnaissance d’une spécificité de la subjectivité s’inscrit dans une tradition philosophique, selon laquelle « le. »

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