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Jean-Paul SARTRE

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Et comme il faut assumer nécessairement pour changer, le refus romantique de la maladie par le malade est totalement inefficace. Ainsi y a-t-il du vrai dans la morale qui met la grandeur de l’homme dans l’acceptation de l’inévitable et du destin. Mais elle est incomplète car il ne faut l’assumer que pour la changer. Il ne s’agit pas d’adopter sa maladie, de s’y installer mais de la vivre selon les normes pour demeurer homme. Ainsi ma liberté est condamnation parce que je ne suis pas libre d’être ou de n’être pas malade et la maladie me vient du dehors ; elle n’est pas de moi, elle ne me concerne pas, elle n’est pas ma faute. Mais comme je suis libre, je suis contraint par ma liberté de la faire mienne, de la faire mon horizon, ma perspective, ma moralité, etc. Je suis perpétuellement condamné à vouloir ce que je n’ai pas voulu, à ne plus vouloir ce que j’ai voulu, à me reconstruire dans l’unité d’une vie en présence des destructions que m’inflige l’extérieur […]. Ainsi suis-je sans repos : toujours transformé, miné, laminé, ruiné du dehors et toujours libre, toujours obligé de reprendre à mon compte, de prendre la responsabilité de ce dont je ne suis pas responsable. Totalement déterminé et totalement libre. Obligé d’assumer ce déterminisme pour poser au-delà les buts de ma liberté, de faire de ce déterminisme un engagement de plus. Jean-Paul SARTRE

« Et comme il faut assumer nécessairement pour changer, le refus romantique de la maladie par le malade est totalement inefficace.

Ainsi y a-t-il du vrai dans la morale qui met la grandeur de l’homme dans l’acceptation de l’inévitable et du destin.

Mais elle est incomplète car il ne faut l’assumer que pour la changer.

Il ne s’agit pas d’adopter sa maladie, de s’y installer mais de la vivre selon les normes pour demeurer homme.

Ainsi ma liberté est condamnation parce que je ne suis pas libre d’être ou de n’être pas malade et la maladie me vient du dehors ; elle n’est pas de moi, elle ne me concerne pas, elle n’est pas ma faute.

Mais comme je suis libre, je suis contraint par ma liberté de la faire mienne, de la faire mon horizon, ma perspective, ma moralité, etc.

Je suis perpétuellement condamné à vouloir ce que je n’ai pas voulu, à ne plus vouloir ce que j’ai voulu, à me reconstruire dans l’unité d’une vie en présence des destructions que m’inflige l’extérieur […].

Ainsi suis-je sans repos : toujours transformé, miné, laminé, ruiné du dehors et toujours libre, toujours obligé de reprendre à mon compte, de prendre la responsabilité de ce dont je ne suis pas responsable.

Totalement déterminé et totalement libre.

Obligé d’assumer ce déterminisme pour poser au-delà les buts de ma liberté, de faire de ce déterminisme un engagement de plus. VOCABULAIRE SARTRIEN: Liberté : ce n'est pas une propriété parmi d'autres de l'homme, c'est l'étoffe même de son existence, qui renvoie à cette indétermination (« l'existence précède l'essence ») et à cette ouverture aux possibles qui caractérisent la réalité humaine.

Selon une formule récurrente de Sartre, « l'homme est condamné à être libre ».

De cette liberté découle sa responsabilité.

Elle s'éprouve dans l'angoisse. Responsabilité : découle de la liberté humaine et est aussi radicale que celle-ci.

Satire prend le mot au sens courant de « conscience d'être l'auteur incontestable d'un événement ou d'un objet » (EN, p.

612), à condition d'ajouter que nous sommes toujours, quoi qu'il nous arrive, responsables de nous-mêmes en tant que manière d'être et du sens que nous donnons au monde par nos choix. Engagement : désigne à la fois notre être dans le monde (en écho du « nous sommes embarqués » pascalien) et la nécessité à laquelle nous ne pouvons nous dérober de nous choisir en nous projetant vers nos possibles, donnant ainsi un sens à notre être-jeté.

La signification première de l'engagement est donc ontologique, et non politique ; l'engagement social et politique n'est qu'une spécification - à vrai dire essentielle, puisque nous sommes des êtres historiques et sociaux - de l'engagement dans son sens ontologique. Déterminisme : théorie consistant à affirmer que tout ce qui arrive dans le monde est l'effet d'une cause préalable. Le déterminisme est le plus souvent affirmé comme un facteur conditionnant l'activité humaine. L'homme est un être libre, semble-t-il, et c'est ce qui le distinguerait de l'animal.

Sa conscience et sa morale le poussent à être responsable de ses choix, ou plus encore, selon Kant, la liberté doit être postulée si l'on veut que l'action morale ait encore un sens.

Mais l'homme n'est-il pas aussi, de par sa nature sensible, animal et déterminé ? Comment serait-il alors possible de concilier ces deux aspects? N'est-on pas soit libre soit déterminé, c'est-à-dire soit totalement libre soit totalement déterminé, ce qui rendrait impossible justement toute conciliation ? Tel n'est pas le point de vue de Sartre : l'homme est « totalement déterminé et totalement libre ».

Sa liberté devient même contrainte, « condamnation ».

Ainsi et paradoxalement, pour Sartre, l'homme n'a ni choisi d'être déterminé ni choisi d'être libre.

Et pourtant sa liberté reste totale : au sein même de ce qu'il n'a pas choisi, l'homme peut encore se poser les buts qu'il a choisi de se donner, et c'est ainsi qu'il fait sien ce qui au départ lui est extérieur, étranger.

Cette liberté qui repose ainsi sur des contraintes est-elle et peut-elle être considérée comme totale? Une liberté à ce point assumée est-elle encore une liberté? Sartre montre d'abord que la liberté consiste à changer ce qui me détermine en l'assumant (l.

1 à 6).

Conséquence : ma liberté est l'expression de ma condition, celle d'une double contrainte (l.6 à 14).

Cette double contrainte a elle même pour conséquence une vie harassante (l.14 à 18). Comment comprendre tout d'abord la possibilité d'une liberté à l'intérieur du déterminisme (L.

1 à 6) ? Sartre prend l'exemple de la maladie (l.

1-2) pour introduire l'idée de changement : le changement suppose justement un certain déterminisme qu'il faudrait selon Sartre «assumer».

En effet, changer suppose bien un état initial que je m'emploierais à vouloir modifier, un état ne me convenant pas et que pourtant je ne saurais nier.

Le nier reviendrait à adopter une attitude que Sartre appelle « romantique » : s'imaginer que la réalité qui nous déplaît n'existe pas pour en inventer une autre, comme en témoigne le roman.

D'où l'idée qu'aucune action n'est alors possible sur ce qui ne correspond pas à la réalité.

Refuser de voir les choses telles qu'elles sont ne peut déboucher sur aucun changement puisque rien n'est donné (accepté) au départ : aucune base sur laquelle fonder mon changement. C'est donc que l'homme doit adopter une autre attitude, plus réaliste (l.

2 à 4), pour faire valoir cette faculté qu'il a de changer, et c'est ce qui fait sa « grandeur».

L'homme a une conscience et sa grandeur consiste à la faire travailler : qu'elle soit le miroir fidèle des choses qui l'entourent et de lui-même.

Cette attitude est donc une exigence.

Elle devient une « morale ». Cependant cette attitude n'est pas une fin en soi (l.

4 à 6), elle n'est qu'un moyen au service du changement.

Ce qui. »

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