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Interpréter est-ce dénaturer le réel ?

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« Analyse du sujet: Le sujet s'inscrit dans une thématique cla ssique de la philosophie de la conna issance qui interroge le rapport de l'homme ou sujet a u réel et plus précisément la relation entre d'une part le monde intérieur, subjectif, c'est-à -dire le monde de la pensée, et le monde objectif d'autre part. "Interpréter" peut aussi bien désigner une manière de recevoir une information que de l'émettre.

On interprète aussi bien un texte en le lisant qu'un rôle a u théâtre en le jouant.

Autrement dit, il faut penser les deux sens du rapport intérieur- extérieur par l'interprétation. Quand on interprète quelque chose, et ce, quelque soit le sens qu'on lui prête, on la modifie, on la transforme.

On lui donne une forme qui n'est pas identique à sa forme initiale, soit on lui confère quelque chose en plus, quelque chose qui pouvait lui manquer (par exemple da n s l'interprétation théâtrale ou musica le, la partition a besoin d'être interprétée, elle est en défaut d'interprétation) soit on dévoile, on extirpe une forme qui n'était pas apparente par la seule perception (l'interpréta tion d'un texte, par exemple l'exégèse de la Bible ou le commentaire philosophique met en relief, rend significatif quelque chose qui n'apparaissait pas dans une première lecture). Ma is, interpréter c'est aussi déformer.

Il y a de ma uvaises interprétations qui peuvent défigurer l'intention d'un auteur on parle d'interprétation plate pour désigner une interpréta tion qui nivelle qui appauvrit un rôle. La possibilité de dénaturer le réel signifie que le réel a une forme naturelle, que notre rapport à ce monde par l'interprétation nous donne une fa usse image du monde, une ima ge déformée, que cette relation n'est pas immédia te. Problématisation: Interpréter, c'est toujours transformer, soit donner une forme personnelle à quelque chose qui a un défaut de forme soit au contraire niveler, applanir.

Mais dans notre rapport à la réalité ne sommes-nous pas toujours condamnés à de l'interprétation? La perception, la projection du monde réel par l'intermédiaire des sens est-elle une mise en forme de la réalité ou plus encore un détournement, un fourvoiement ? Tout dépend bien sûr de notre manière d'interpréter le monde sans interprétations. Proposition de Plan: 1.

Percevoir et interpréter. a) Interpréter désigne quelque chose de plus qu'une simple perception pa ssive.

Quand je regarde le monde, je subis en quelque sorte sa forme naturelle.

Je n'ai pas d'activité sur ce que je perçois d'emblée.

Ainsi, dans la tra dition philosophique empiriste de Locke puis de Hume, nos idées viennent de l'expérience sous la forme de copies de ce qui existe à l'extérieur.

Mes sens ne font que transmettre, ils sont des m é d i a tions qui ne transforment pas et donc qui n'interprètent pas leur objet. b) Mais, si l'on envisage à présent un éca rt entre le monde tel qu'il est, la chose en soi, et le monde tel qu'il nous apparaît, le monde des phénomènes pour reprendre un vocabulaire kantien.

Percevoir sera-t-il dans ce cas "interpréter"? Pour Kant, dans la Critique de la raison pure, la chose en soi est inaccessible, ce que je perçois est transformé par des catégories a priori de l'intuition partagée par l'humanité.

La mise en forme du monde ne fa it intervenir aucune activité consciente, a ucune a ctivité personnelle puisqu'elle est a priori, c'est-à-dire qu'elle précède l'expérience.

Or, dans l'interprétation, il faut un accès à la chose interprétée et une activité du sujet. c) L'interprétation se situe davantage entre le monde tel qu'il est perçu par nos sens et le monde tel qu'on se le représente.

C'est sans doute à ce nivea u-là qu'il peut y a voir interprétation.

Se représenter le monde c'est avoir une certaine idée de la structure, de l'ordre du monde.

Par exemple, la structure du langage tra nsforme notre rapport à la réalité.

Bergson pense deux accès à la réalité, soit par l'intelligence, c'est-à dire par le langage, la raison, soit par l'intuition.

L'intuition seule permet un accès à la pâte concrète des choses, à la nature du monde. Mais le monde a-t-il seulement une nature ? 2.

La réalité n'est-elle pas en défaut de forme ? a) Interpréter, nous l'avons vu plus ha ut c'est donner une forme, une tournure à quelque chose qui ne dit rien de lui-même.

Par exemple, prenons un fait historique, de lui-même il n'est qu'un fait qui est en défaut d'explication, l'interprétation est nécessaire pour comprendre l'enchaînement de l'histoire même s'il y a toujours entre l'interprétation et la réalité un écart incompressible.

Mais, si je n'interpréta is pas, je n'accéderais à aucune compréhension.

Un texte allégorique, qui nous dit par un détour le sens véritable, serait inintelligible sans interpréta tion, il faut interpréter le texte pour comprendre ce que l'auteur a voulu dire, pour comprendre donc la raison même du texte c'est-àdire lui restituer en l'interprétant sa raison d'être.

Il y a donc des réalités qui ont besoin d'être interprétées. b) Or, on peut transposer l'exemple du texte à toute la réalité.

Si la réalité a par elle-même une nature c'est-à-dire en quelque sorte un sens, pour la sa isir il fa ut que l' homme l'interprète.

Si elle n'a pas de sens alors l'interprétation n'a pas d'assise, et parler de dénaturation de la réalité ne veut alors rien dire.

Interpréter ce n'est pas plus dénaturer que former. c) L'interpréta tion peut dénaturer la réalité à condition qu'il y ait une forme de la réalité à laquelle il s'a git d'être fidèle.

On en fait tous l'expérience dans la communication, je peux interpréter un message en me méprenant sur l'intention de celui qui le prononce.

Si je surinteprète des signes, des tons, je déforme ce qu'on me dit, et donc la réalité du message.

Mais, bien interpréter la parole de l'a utre est-il toujours évident ? Il y a peut-être des messages qui me sont inaudibles parce que je ne peux accéder à leur compréhension.

Cela peut se constater da ns la discussion entre deux personnes, dont on dit dans la langage ordinaire qu'elles viennent "d'univers complètement différents".

Une mauvaise interprétation consiste alors à être enfermé dans un monde de significations qui est mon interprétation du monde, qu'elle soit individuelle ou sociale. Conclusion: L'interprétation est vitale à l'homme.

Sans elle, il ne serait jamais qu'un réceptacle à sensations.

Mais pour autant cela ne signifie pas que toutes les interprétations se valent, si se représenter la nature de la réalité est peut être impossible, on peut peut-être s'y approcher par une capacité d'interpréter l'intention et qui présuppose la sympathie a vec son susceptible auteur, et avec son intention.. »

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