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Illusion et réalité ?

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« Définition des termes du sujet: Réalité / Réel : Réalité: * Caractère de ce qui a une existence concrète, par opposition aux apparences, aux illusions ou aux fictions de notre imagination. * Ensemble des choses et des faits réels. Réel: * Comme adjectif : qui existe effectivement, et pas seulement à titre d'idée, de représentation ou de mot (exemple : un pouvoir réel). * Comme nom : l'ensemble des choses qui existent, le monde extérieur (synonyme : réalité). ILLUSION: 1) Toute erreur provenant de l'apparence trompeuse des choses (illusions perceptives). 2) Croyance ou opinion fausse abusant l'esprit par son caractère séduisant et le plus souvent fondée sur la réalisation d'un désir (Cf.

l'analyse de Freud concernant la religion).

Contrairement à l'erreur, qui peut être corrigée, l'illusion survit à sa réfutation. Dans le langage courant, l'illusion est attachée aux idées de tromperie et de mystification : « illusion d'optique », « se faire des illusions », « illusionniste », par exemple.

Illudere, en latin, veut dire « se jouer de...

».

Par exemple, cette tour que je vois au loin me paraît carrée, mais, m'en rapprochant, je me rends compte qu'elle est ronde.

C'est un effet d'optique.

L'illusion fait donc prendre une chose pour différente de ce qu'elle est ou pour une autre chose. Elle donne un aspect trompeur de la réalité et peut ainsi conduire à commettre une erreur de jugement. Toutefois, ce caractère dangereux de l'illusion doit être relativisé.

Ne dit-on pas de quelqu'un qui « a perdu ses illusions » qu'il a perdu du même coup ce qui ferait le sel de l'existence, l'espoir de voir la réalité répondre à ses attentes ? L'illusion est ici liée à la faculté d'imagination qui permet d'envisager l'avenir, de former un projet, de dépasser le cadre rigide de la réalité pour s'aventurer au-delà, dans le but de la transformer. L'illusion est donc bien au coeur d'un problème humain important : à la fois source possible d'erreur et expression d'un dépassement de la réalité par celui qui se propose de la changer. L'illusion, polymorphe et trompeuse, nous abuse. Il y a une variété de formes des illusions liées aux sens, à l'imagination et au discours : – Les illusions des sens sont fréquentes.

Par exemple, un bâton plongé dans l'eau m'apparaît toujours cassé au niveau de la surface de l'eau.

L'erreur de jugement consisterait à assimiler sans précaution le paraître et l'être.

Mais sur quoi nous appuyer pour dire, avec certitude, quand et pourquoi nous pouvons nous fier à ce que nous voyons, entendons, etc.

? Une attitude sceptique est nécessaire, car le risque est bien réel : un mirage peut par exemple mettre en péril notre vie.

L'illusion est source de confusion.

Il est donc utile de ne pas avoir une confiance aveugle en nos sens.

De plus, la vérité est en jeu : la science ne peut se fier à la perception.

La perception, source possible d'illusion, doit être l'objet d'un doute méthodique.

Et la connaissance de la véritable réalité nous aide à « marcher avec assurance en cette vie » (Descartes). – L'imagination, sous la puissance des désirs et des passions, est créatrice d'illusion.

La « cristallisation » dont parle Stendhal à propos de la passion amoureuse, en est un exemple.

On voit ce qu'on désire voir ou ce qu'on craint de voir, et, ce faisant, on est coupé de la réalité, des autres, même de soi.

Alors l'illusion peut être source d'une aliénation qui atteint l'individu en sa liberté.

De même, nous avons pu voir la puissance de l'inconscient, à l'origine de troubles et d'illusions symptomatiques. La passion suppose une double illusion.

Elle est tout d'abord valorisation délirante d'un objet privilégié.

Stendhal a très bien décrit ce processus psychologique sous le nom de cristallisation.

Une branche banale, jetée dans les salines de Salzbourg, est retirée toute couverte de cristaux, étincelante comme un bijou.

C'est l'image exacte de ce qui se passe dans l'état de passion.

Une femme ordinaire paraîtra exceptionnelle à celui qui en est passionnément amoureux, parce que tous ses rêves, tous ses souvenirs viennent « cristalliser » sur l'objet de sa passion.

C'est sans doute pour cela que les amours des autres nous sont généralement incompréhensibles.

L'objet de la passion semble dérisoire pour celui qui juge de l'extérieur.

On a ainsi pu dire que l'objet d'une passion était son prétexte, plutôt que sa source. Si la passion est liée aux vicissitudes de mon existence corporelle, comme l'a montré Spinoza, il n'est nullement étonnant qu'elle soit fille de l'imagination, cette faculté par laquelle nous combinons et formons les représentations sensibles. L'exemple le plus célèbre de cette action de l'imagination nous est fourni par Stendhal, à propos de la cristallisation. Un banal rameau d'arbre, jeté dans les mines de sel de Salzbourg, en est retiré trois mois après, couvert de cristallisations brillantes.

De même, l'objet aimé, grâce au travail de l'imagination, cristallise autour de lui un ensemble de souvenirs et de rêves.

Que serait la passion sans cette cristallisation de l'imaginaire, qui véritablement l'engendre ou la recrée? A peu près rien, peut-être un pur néant affectif ... «Laissez travailler la tête d'un amant pendant vingt-quatre heures, et voici ce que vous y trouverez : Aux mines de sel de Salzbourg, on jette, dans les profondeurs abandonnées de la mine, un rameau d'arbre effeuillé par l'hiver; deux ou trois mois après, on le retire couvert de cristallisations brillantes : les plus petites branches, celles qui ne sont pas plus grosses que la patte d'une mésange, sont garnies d'une infinité de diamants, mobiles et éblouissants; on ne peut plus reconnaître le rameau primitif.. »

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