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II y a dans toute erreur une part de vérité », écrit Leibnitz. qu'en pensez-vous

Extrait du document

« I.

— INTRODUCTION. L'erreur est l'acte de l'esprit qui tient pour vrai ce qui est faux et inversement.

C'est aussi le résultat de cet acte.

Dès lors, comment comprendre le mot de Leibniz affirmant qu'on retrouve une part de vérité dans toute erreur ? Commençons par situer l'erreur de façon précise avant de nous prononcer. II.

— L'ERREUR. Il existe des erreurs d'ordre purement mathématique, des erreurs pratiques et des erreurs spéculatives.

L'élève qui énonce que trois et trois font sept ou qui trouve dans son problème que la largeur d'une cuisine est quatre cents métres, commet des erreurs mathématiques. Se tromper de rue, de maison, de page d'un livre, prendre une personne pour une autre, voilà des erreurs pratiques.

Elles nuisent à l'action, mais ne sont pas susceptibles de contenir une part de vérité. Déjà, on peut.

dire que le jugement de Leibniz ne concerne que les erreurs dites spéculatives ou formelles. III.

— TOUTE ERREUR CONTIENT-ELLE UNE PART DE VÉRITÉ ? Assez souvent, un problème est faux par suite d'une erreur de calcul quoique la solution soit correcte. On retrouve des cas analogues en sciences, en logique, en psychologie et dans la vie courante.

Ils ont la singularité d'unir, à la fois, le faux et le vrai. La source la plus fréquente de l'erreur c'est la précipitation du jugement.

Nous omettons souvent de vérifier des opérations ou de nous assurer du bon enchaînement des idées au cours d'un raisonnement.

L'erreur est imputable à la faiblesse de nos sens et de l'entendement.

« Toutes nos manières d'apercevoir nous sont autant d'occasions de nous tromper », dit Malebranche. En outre, les erreurs des sens nous poussent à accepter des illusions ou des apparences pour des réalités.

Ainsi, dire que le soleil tourne autour de la terre c'est, du point de vue scientifique, affirmer une proposition fausse, mais pas tout à fait dénuée de sens, du point de vue empirique.

Aragon estime : "L'erreur s'accompagne de certitude.

L'erreur s'impose par l'évidence.

Et tout ce qui se dit de la vérité, qu'on le dise de l'erreur : on ne se trompera pas davantage.

Il n'y aurait pas d'erreur sans le sentiment même de l'évidence.

Sans lui, on ne s'arrêterait jamais à l'erreur." Quoique l'entendement puisse critiquer et rectifier les données des sens, notre intelligence reste si bornée, que vérité et erreur se côtoient sinon se pénètrent sans cesse.

« Un même objet est apprécié différemment par les hommes qui sont incertains dans leurs jugements et sujets à l'erreur », dit A.

France. Dans le domaine physique, les mesures qu'utilise le physicien ne sont jamais qu'approchées. Sur le plan psychologique, nous commettons des erreurs de raisonnement inductif si nous interprétons mal les faits observés.

Mais, commettre des erreurs, connaître avec imprécision, c'est tout de même connaître un peu.

Cette connaissance imprécise n'est pas toujours sans valeur. IV.

— CE QU'IL FAUT EN RETENIR ? En fait, l'erreur n'est pas le contraire de la réalité.

C'est le faux qui s'oppose au vrai.

L'erreur mêle le vrai et le faux. Au départ, toute connaissance s'enracine d'abord dans le concret, au niveau de la conscience individuelle dont le champ demeure forcément restreint.

Aussi ne peut-on empêcher que nombre d'affirmations soient entachées d'erreurs ! La vérité, loin d'être la négation d'une erreur précédente, en constitue plutôt une mise au point.

Alain dit : « La vérité n'est jamais qu'une suite d'erreurs redressées.

» C'est donc à la vérité qu'il appartient, comme le pense Lavelle, d'accorder et de compenser les erreurs. V.

— CONCLUSION. Dans sa Méditation V, Descartes écrit : « ...

L'erreur n'est pas une pure négation, c'est-à-dire n'est pas le simple défaut ou manquement de quelque perfection qui ne m'est point due, mais c'est une privation de quelque connaissance qu'il me semble que je devrais avoir.

» Sur le plan éthique l'erreur n'est qu'un moindre bien.

Joubert signale : « Il y a des esprits qui vont à l'erreur par toutes les vérités; il en est de plus heureux qui vont aux grandes vérités par toutes les erreurs.

» En réalité, l'erreur apparaît comme une vérité amoindrie.

Elle ne signifie nullement défaut total de connaissance, mais une connaissance imparfaite contenant malgré tout, une part de vérité.

Il est difficile à l'homme d'échapper à l'erreur.

On dit même que cette dernière est son propre. Sans aucun doute, la somme de ses erreurs diminue à mesure qu'augmentent ses connaissances.

Malgré tout, il n'accédera jamais à la connaissance totale, ni à la certitude absolue.

C'est peut-être pourquoi Descartes le place entre Dieu et le néant, c'est-à-dire, entre la connaissance absolue et la science totale et Pascal en fait un « cloaque d'incertitude et d'erreur, gloire et rebut de l'Univers ».. »

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