Aide en Philo

L'erreur peut-elle contribuer à la découverte de la vérité ?

Extrait du document

Par exemple, la découverte du virus du SIDA, en 1980, constitue un progrès indéniablement gigantesque ; cependant, tout en ayant réussi à trouver que tous les patients, mourant de maladies jamais observées, de nouveaux types de cancers, très rares, voire nouveaux, et en tous les cas très surprenants, mourraient d'une même cause.

La découverte du virus, et des modes de transmission  a représenté un progrès énorme à la fois au plan scientifique et moral : il a supprimé les grandes légendes et les grandes peurs, toutes deux issues d'un manque de connaissances.

Mais, en ayant réussi à penser l'unité de cette maladie, on s'est empêchés de penser la diversité des symptômes : grande difficulté à trouver un vaccin commun. Les scientifiques ont pensé que, pour un même virus, il fallait un même vaccin et ceci les empêchant de réfléchir sur la diversité des symptômes, et les différentes emprises de la maladie sur différentes personnes. Chercher un vaccin commun est une erreur qui empêche le progrès. C'est en fait la connaissance de l'unité qui empêche le progrès. Ces obstacles au progrès sont des obstacles scientifiques internes, soient épistémologiques : la connaissance ne peut être pensée comme important simplement une vérité, comme permettant de penser quelque chose de nouveau, elle est également ce qui va empêcher de penser autre chose.

 

« La vérité n'est pas la réalité ; la réalité est objective, indépendante du sujet qui la pense ; la vérité est un discours particulier qui implique nécessairement un jugement.

Or un jugement s'élabore et par là même, nous pouvons parler d'une élaboration de la vérité, c'est-à-dire que la vérité suppose une réflexion, un travail, une recherche. Or s'il y a un travail à fournir, une recherche à faire, cela signifie que la vérité ne s'impose pas, ce qui veut dire que le risque de faire des erreurs et présent. Deux types d'erreurs peuvent venir interrompre la recherche de la vérité ; la première erreur est aisée à rectifier, car il s'agit d'un échec à la cohérence, soit à la vérité formelle, soit par étourderie, soit par négligence, qui fait que certains éléments, pourtant connus, ne sont pas pris en compte. Le second type d'erreur vient du fait que notre source d'information est limitée dans le temps et dans l'espace, et ne nous donne pas suffisamment d'éléments pour pouvoir construire un système en accord avec la réalité.

Cette erreur, échec à la vérité matérielle, devrait alors être présentée comme une simple hypothèse, malheureusement ce n'est pas toujours le cas.

De là vient que l'erreur est ignorée comme telle par celui qui la commet, ou dans le cas contraire, elle est appelée mensonge. La notion de vérité s'oppose au mensonge, et non à l'erreur, puisque ce n'est pas une opinion conforme au réel, comme ça l'était dans son sens ancien. Ainsi, l'erreur ne doit pas être perçue comme le contraire de la vérité. Par la même, pourquoi les hommes sont-ils ainsi poussés vers l'erreur sans qu'ils en aient conscience ? Ces erreurs, au-delà de l'indéniable place qu'elles tiennent dans cette recherche de la vérité ont-elle véritablement un rôle à jouer, c'est-à-dire, ont-elles des répercussions concrètes dans cette élaboration, et constituent-elles un moteur ou une entrave à ce travail laborieux ? La connaissance scientifique entraîne-t-elle nécessairement des erreurs ? Où sont les limites de cette vérité scientifique. Nous pouvons donc considérer les erreurs comme des interruptions plus ou moins longues selon leur importance, mais également comme des moteurs de cette recherche de la vérité, moteurs, à condition qu'elles soient remises en cause puis supprimées pour aboutir à une vérité vérifiable, et qui s'impose. Prenons, plus particulièrement la vérité scientifique ; Aristote établit, à la suite de deux expériences, deux théories, la première établissant que l'air est naturellement léger, soit que l'air n'a pas de poids, et la seconde, que la nature a horreur du vide.

C es deux théories ne posent aucun problème jusqu'au XV IIe siècle, où des fontainiers, ayant construit un puit de onze mètres de profondeur, n'arrivent pas a en faire remonter la moindre goutte d'eau : l'une des expériences d'A ristote est alors contredite et par là même, l'observation des fontainiers fait apparaître une erreur dans cette théorie d'A ristote : « La nature a horreur du vide », qui avait été prise pour vérité pendant plusieurs siècles.

Les affirmations fausses d'A ristote, venant du fait que les sources d'information à l'époque d'Aristote étaient limitées : impossibilité à cette époque de construire un puit de onze mètres de profondeur pour des questions d'étayages.

C'est donc par un manque de moyens et de connaissances que cette erreur a été établie non comme une hypothèse, mais comme une théorie.

Cette remise en cause fait se pencher sur le problème Torricelli, grand expérimentateur, puis Blaise Pascal.

L'invention expérimentale au mercure de Torricelli aboutit à une théorie en totale contradiction avec celle d'Aristote ; il en arrive à la conclusion qu'à partir de dix mètres trente de profondeur, l'eau ne peut plus remonter, car il se forme une bulle de rien, soit de vide, qui empêche tout contact du piston avec l'eau, et qui par-là même empêche e bon fonctionnement du piston du puit. Pascal se penche à son tour sur le problème, et remet en cause la première théorie d'A ristote, en disant que l'air est relativement léger, soit que l'air a un poids. Les deux théories d'A ristote, jusqu'alors considérées comme vraies, sont remises en cause, et permettent à Torricelli, puis Pascal d'établir une nouvelle vérité avec les nouveaux moyens dont ils disposent, et de nouvelles inventions expérimentales. Les deux théories d'A ristote ont donc permis d'élaborer de nouvelles théories vraies. C'est ainsi que l'on voit que l'erreur n'est pas qu'une interruption ou une entrave à l'élaboration de la vérité, mais elle peut être également à l'origine de la découverte de nouvelles vérités.

Ainsi, c'est en corrigeant ces erreurs que l'on parvient à un résultat conforme à la réalité. C'est ainsi que l'on en arrive à la conclusion de la théorie du progrès : le progrès est discontinu, il doit en effet nécessairement passer par des phases de régressions, car la connaissance physique ne procède pas par accumulation.

La remise en cause du discours d'A ristote par Torricelli et Pascal a engendré une digression, aussitôt suivie d'une évolution supérieure à celle d'A ristote. Si l'on considère l'image des « nains sur les épaules de géants », c'est le même problème : admettons que Pascal et Torricelli soient plus petits qu'Aristote, chacun sur les épaules de chacun, ils sont de plus en plus grands, et celui qui est tout en haut, voit plus loin que celui qui est tout en bas, quelle que soit sa taille. Ce qui implique que considérer le discours scientifique des anciens comme des autorités, revient à refuser au progrès scientifique, donc à mépriser la raison humaine.

La connaissance n'est pas immuable ; au contraire, elle progresse peu à peu en produisant ou adoptant des concepts qui répondent aux nouvelles expériences.

La science est un processus procédant par critiques, et remises en cause des théories antérieures et par élimination des obstacles épistémologiques. Au-delà de ces évolutions scientifiques qui nécessitent des phases de régression, toute connaissance rencontre un obstacle à son propre dépassement. Par exemple, la découverte du virus du SIDA , en 1980, constitue un progrès indéniablement gigantesque ; cependant, tout en ayant réussi à trouver que tous les patients, mourant de maladies jamais observées, de nouveaux types de cancers, très rares, voire nouveaux, et en tous les cas très surprenants, mourraient d'une même cause. La découverte du virus, et des modes de transmission a représenté un progrès énorme à la fois au plan scientifique et moral : il a supprimé les grandes légendes et les grandes peurs, toutes deux issues d'un manque de connaissances. Mais, en ayant réussi à penser l'unité de cette maladie, on s'est empêchés de penser la diversité des symptômes : grande difficulté à trouver un vaccin commun.

Les scientifiques ont pensé que, pour un même virus, il fallait un même vaccin et ceci les empêchant de réfléchir sur la diversité des symptômes, et les différentes emprises de la maladie sur différentes personnes.

Chercher un vaccin commun est une erreur qui empêche le progrès.

C'est en fait la connaissance de l'unité qui empêche le progrès.

C es obstacles au progrès sont des obstacles scientifiques internes, soient épistémologiques : la connaissance ne peut être pensée comme important simplement une vérité, comme permettant de penser quelque chose de nouveau, elle est également ce qui va empêcher de penser autre chose. Le risque de se tromper, de faire des erreurs, même en aboutissant à une vérité partielle, est toujours présent : c'est pour cette raison qu'il faut sans arrêt remettre en cause les discours antérieurs, et non pas se reposer dessus par paresse intellectuelle. C'est uniquement par ces remises en cause perpétuelles que la vérité peut aboutir.

Les erreurs sont une étape dans cette recherche de la vérité ; c'est en les remettant en cause que les erreurs peuvent apparaître.

Toute erreur peut être supprimée ; il s'agit donc pour nous d'agir continuellement contre ces erreurs, qui dépendent entièrement de nous, pour arriver à faire apparaître la vérité.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles