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Hume: conscience et morale

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Prenez une action reconnue comme vicieuse : un meurtre prémédité, par exemple. Examinez-la sous tous les aspects et voyez si vous pouvez découvrir ce point de fait, cette existence réelle que vous appelez vice. De quelque manière que vous la preniez, vous trouvez seulement certaines passions, certains motifs, certaines volitions et certaines pensées. Il n'y a pas d'autre fait dans ce cas. Le vice vous échappe entièrement tant que vous considérez l'objet. Vous ne pouvez le trouver jusqu'au moment où vous tournez votre réflexion sur votre propre coeur et découvrez un sentiment de désapprobation qui naît en vous contre cette action. Voilà un fait : mais il est objet de conscience et non de raison. Il se trouve en vous et non dans l'objet. Si bien que, lorsque vous affirmez qu'une action ou un caractère sont vicieux, vous voulez simplement dire que, sous l'effet de votre constitution naturelle, vous éprouvez, à les considérer, un sentiment de blâme.

« La morale ne se fonde pas sur la raison La morale, qui guide notre conduite par la distinction du bien et du mal, ne repose pas sur l'exercice de la raison, mais sur un sens moral'.

En effet, l'argumentation rationnelle ne peut décider de la valeur d'un acte ni motiver notre comportement : ce sont les sentiments de plaisir ou de douleur qui suscitent l'approbation de la vertu ou la condamnation du vice et qui constituent le ressort de nos actions.

La morale s'enracine donc dans l'affectivité, elle a pour principe les passions.

Toutefois, elle ne se réduit pas un instinct : le sens moral a besoin d'être éclairé et perfectionné par les analyses de la raison, comme Hume va le montrer à travers la distinction des vertus naturelles (la bienveillance) et artificielles (la justice). Le sentiment de bienveillance, origine de la morale La première qualité universellement approuvée par les hommes est la bienveillance, qui est le « généreux souci de nos semblables » (II).

Il s'agit d'une vertu naturelle, c'est-à-dire d'une disposition affective inscrite dans la loure de l'homme, qui le rend capable d'une sympathie générale à l'égard de l'humanité et lui inspire des conduites altruistes. Opposée à l'égoïsme, la bienveillance témoigne de ce que l'homme n'est pas uniquement mû par l'amour de soi, contrairement à ce qu'affirment les morales de l'intérêt.

Le constat de son existence permet de réfuter le pessimisme anthropologique de Hobbes et de conforter l'hypothèse d'un sens moral, en montrant qu'il t ire son origine de cette passion. Prenez une action reconnue comme vicieuse : un meurtre prémédité, par exemple.

Examinez-la sous tous les aspects et voyez si vous pouvez découvrir ce point de fait, cette existence réelle que vous appelez vice. De quelque manière que vous la preniez, vous trouvez seulement certaines passions, certains motifs, certaines volitions et certaines pensées.

Il n'y a pas d'autre fait dans ce cas. Le vice vous échappe entièrement tant que vous considérez l'objet.

Vous ne pouvez le trouver jusqu'au moment où vous tournez votre réflexion sur votre propre coeur et découvrez un sentiment de désapprobation qui naît en vous contre cette action. Voilà un fait : mais il est objet de conscience et non de raison.

Il se trouve en vous et non dans l'objet. Si bien que, lorsque vous affirmez qu'une action ou un caractère sont vicieux, vous voulez simplement dire que, sous l'effet de votre constitution naturelle, vous éprouvez, à les considérer, un sentiment de blâme.

HUME POUR DÉMARRER La morale ne repose pas sur l'expérience, les faits, la raison, mais sur la subjectivité et la conscience de l'homme, dans laquelle elle prend sa source : cette idée directrice permet également de saisir l'intérêt philosophique essentiel de ce texte.

Elle vous rappelle que Hume mettait l'expérience au centre de sa philosophie. CONSEILS PRATIQUES Dans ce texte, il est capital de bien définir un certain nombre de termes essentiels : vice, fait, passion, volition, coeur, conscience, raison.

Toute la philosophie de Hume se manifeste à travers eux.

Hume avait à coeur de constituer une science de la nature humaine, de prendre en compte les principes réglant les opérations de la pensée.

C'est bien ce que nous donne à voir ce très beau texte. I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ? Ce texte de Hume constitue une réflexion sur la nature du mal. Il a pour thème le statut du vice, en tant que propriété attribuée, le cas échéant, à un homme. Il pose le problème suivant : le vice est-il une propriété objective, définie par la raison, ou bien est-il un simple corrélat des jugements que nous portons en fonction de notre "constitution naturelle" ou de notre "conscience" ? En réponse à ce problème, la thèse de Hume consiste à affirmer que le vice est un prédicat subjectif de nos jugements, qui est entièrement fondé sur notre "sentiment", en l'occurrence le sentiment de "désapprobation". L'enjeu est de taille : derrière la question du vice, c'est tout le problème de la relativité, ou au contraire de l'universalité et de la rationalité de la morale qui est posé.. »

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