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Hobbes: La fondation scientifique de la science politique

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« Thème 443 Hobbes: La fondation scientifique de la science politique 1.

L'urgence suscitée par la guerre Hobbes impute les troubles religieux et politiques que connaît l'Angleterre à son époque à une mauvaise conception de ce que doit être la politique.

Le pouvoir, fondé sur des maximes de prudence héritées de l'expérience passée et divisé entre plusieurs autorités (le roi, le Parlement, les juges, l'Église...), ne peut se maintenir comme tel : il laisse place périodiquement à la guerre civile. 2.

La fondation scientifique de la science politique Il faut, pour parvenir à l'ordre social et au confort des hommes, fonder une nouvelle science politique, reposant d'abord sur une juste conception des mouvements des corps : la société doit, en effet, ordonner les corps des hommes.

Tout ce qui est est un corps, et tout ce qui est un corps est en mouvement.

Les corps en mouvement qui ne rencontrent pas d'obstacle tendent à persévérer dans leur mouvement indéfiniment : cela est vrai des mobiles imaginés par Galilée, auquel Hobbes doit ici beaucoup, mais aussi des corps des hommes, qui se meuvent sans cesse vers les objets de leurs désirs et ne peuvent que rencontrer les désirs des autres hommes : d'où les guerres, dans la condition naturelle de l'homme (ou état de nature).

Hors d'un modèle normé ou d'un état civil, les obstacles qu'ils rencontrent ne peuvent qu'engendrer le chaos. L’idée de contrat chez Thomas HOBBES La présentation que donne Hobbes dans le « De Cive » du contrat par lequel sont passées les premières conventions sociales mérite quelque attention, et cela d'autant plus que la théorie hobbesienne sera la référence constante de la philosophie politique et juridique aux XVIl et XVIII siècles.

Signalons que nous ne prendrons ici en compte dans la théorie de Hobbes que la partie relative aux contrats privés, qui nous paraît la plus significative de la modernité, même si cette séparation est artificielle, puisque Hobbes, comme on le verra, pense que la contrainte publique, c'est-à-dire le droit politique, est la condition ultime de respect des contrats.

Le point capital de la théorie hobbesienne est l'opposition entre l'état civil et l'état de nature.

Aussi assiste-t-on, dans le « De Cive » et le « Léviathan », à un travail de redéfinition juridique constitutif de la modernité.

Le fait d'opposer l'état civil et l'état de nature atteste du caractère artificiel du droit, caractère énoncé par Hobbes dans la première section du « Léviathan ».

L'état civil n'est plus inscrit dans une naturalité juridique, une cosmologie générale, il est au contraire rupture avec le droit naturel, suppression de la naturalité comme telle.

Toute la difficulté de Hobbes réside dans ce que l'état de nature, pour être antérieur à l'état civil, ne persiste pas comme tel dans l'état civil.

Aussi faut-il distinguer avec Hobbes deux choses : le droit naturel et la « loi de nature ». Qu'est-ce que le droit ? Hobbes nous dit qu'il s'agit de la liberté de faire une chose.

La loi est au contraire ce qui oblige, détermine à agir (chapitre XIV du « Leviathan »).

Le droit naturel est donc le droit qui régit les relations intersubjectives dans l'état de nature, tandis que la loi de nature, qui n'est pas seulement liée à cet état, est « un précepte, une règle générale, découverte par la raison, par laqueIle il est interdit aux gens de faire ce qui mène à la destruction de leur vie». Si le droit naturel ne subsiste pas dans l'état civil, comme on va le voir, les lois naturelles auxquelles Hobbes donne une permanence au-delà de la nature, celles donc qui assurent le rapport et le passage entre nature et société, l'homme et le droit, l'anthropologie et la politique, sont relatives à la conservation de soi : la seule naturalité par laquelle s'interpénètrent nature et droit civil est la conservation de soi, qui est la définition la plus forte et la plus significative de l'individu.

La loi naturelle énonce l'existence de l'individu comme existence d'un être visant à sa propre conservation.

Tout comme l'amour de soi chez Rousseau, la conservation de soi est à la fois la raison même de l'état civil, son fondement ultime et le principe naturel même.

Dans l'état de nature sont radicalement séparées deux choses : d'une part, un système de relations, droit naturel, qui n'a aucune raison de subsister à l'état de société ; d'autre part, l'individu, qui ne se définit en rien par relation avec la nature et qui existe en dehors du système des relations naturelles.

L'état de nature est donc tout à fait caractéristique, chez Hobbes, du travail de la modernité.

Là où la théorie traditionnelle fait de l'état de nature un univers de sujétions et de relations de domination de l'individu qui perdure dans l'état civil, la théorie moderne pose l'« ipséité » de l'individu, c'est-à-dire sa pure identité à soi ; l'individu n'existe plus par rapport à l'universel, mais en soi et pour soi comme autonomie de la conservation de soi.

L'état de nature ne conduit pas à l'état de société en vertu d'une sociabilité naturelle, autrement dit d'une continuité de la nature en la société, ou d'un fondement de la société sur un désir de vivre en société.

Le plaisir de la société n'est pour Hobbes qu'un accident des sociétés, non ce qui y conduit nécessairement.

La société n'est pas désirée pour elle-même, elle est avant tout désirée par intérêt, pour l'utilité qu'elle apporte aux. »

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