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Hobbes et le droit naturel

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Tout homme par nature a droit à toutes choses, c'est-à-dire qu'il peut faire ce qu'il veut à qui il veut, qu'il peut posséder toutes choses qu'il veut et peut posséder, en user et en jouir. En effet, si l'on considère que toutes les choses qu'il veut peuvent être bonnes pour lui selon son jugement, puisqu'il les veut, et peuvent contribuer à sa préservation un jour ou l'autre, il s'ensuit qu'il peut légitimement tout faire. C'est pour cela qu'on a dit avec juste raison: la nature a donné toutes choses à tous les hommes, de sorte que le droit et l'utile sont la même chose. Mais ce droit de tous les hommes à toutes choses ne vaut en fait pas mieux que si personne n'avait droit à rien. Car un homme a peu de chance d'exercer ce droit et d'en profiter, lorsqu'un autre homme aussi fort que lui, ou plus fort, a droit à la même chose. HOBBES

« Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son étude ordonnée: Tout homme par nature a droit à toutes choses, c'est-à-dire qu'il peut faire ce qu'il veut à qui il veut, qu'il peut posséder toutes choses qu'il veut et peut posséder, en user et en jouir.

En effet, si l'on considère que toutes les choses qu'il veut peuvent être bonnes pour lui selon son jugement, puisqu'il les veut, et peuvent contribuer à sa préservation un jour ou l'autre, il s'ensuit qu'il peut légitimement tout faire.

C'est pour cela qu'on a dit avec juste raison: la nature a donné toutes choses à tous les hommes, de sorte que le droit et l'utile sont la même chose.

Mais ce droit de tous l e s h o m m e s à toutes choses ne vaut en fait pas mieux que si personne n'avait droit à rien.

Car un homme a peu de chance d'exercer ce droit et d'en profiter, lorsqu'un autre homme aussi fort que lui, ou plus fort, a droit à la même chose.

HOBBES INTRODUCTION Le concept de droit naturel peut-il être autre chose qu'une pure hypothèse? ou si l'on préfère, un pseudo-concept n'ayant d'intérêt que parce qu'il oblige à penser qu'il y a contradiction entre le droit et la nature? I.

Définition Dans la première partie de son texte, Hobbes entreprend de donner à l'idée d'un droit naturel son extension maximale, dont la seule limitation provient du pouvoir (des forces) de l'individu.

En effet: • tout homme peut faire ce qu'il veut à qui (animal ou autre homme) il veut; • le droit de propriété est déterminé par l'alliance de la volonté (ou du simple désir) et de la puissance physique; • ce droit signifie la capacité de disposer pleinement, à son gré ou caprice, de ce que l'on possède. En second lieu, Hobbes montre la relation existant entre les buts que poursuit ainsi l'individu et la définition subjective de l'utilité: dans le contexte de la nature, est bon ce qui est bon «pour soi-même».

Il n'existe pas encore de critère général du bien.

Dès lors c'est cette utilité particulière qui détermine la légitimité du droit à posséder tout ce que l'on veut et peut. II.

Contradictions La contradiction naît du fait que tous les h o m m e s peuvent prétendre exercer ces m ê m e s droits.

Dès lors surviennent nécessairement des conflits d'intérêts (ou d'utilités subjectives). Conséquence: «ce droit de tous les hommes à toutes choses ne vaut en fait pas mieux que si personne n'avait de droit à rien». En effet, la force physique de chacun fait obstacle à l'expression du droit du voisin.

Il n'y a dès lors que deux issues: • la violence; • ou l'instauration d'un autre droit. III.

Nécessité du droit «positif» Hobbes suggère ici que, ainsi que le montrera ultérieurement Rousseau, l'expression «droit du plus fort» n'a pas de sens. Si le plus fort interdit au plus faible d'exercer son droit à la propriété et à la jouissance de ce qui lui est utile, rien ne l'empêche en apparence de monopoliser ce même droit à son seul profit...

jusqu'au jour où il se trouve face à plus fort que lui. Or la notion d e droit implique une stabilité, une permanence.

Elle est dès lors incompatible avec cette éventuelle succession d'individus qui, ou bien, étant égaux en force, ne peuvent rien faire, ou bien, étant de plus en plus forts, s'accaparent chacun à son tour un droit modifiable indéfiniment. La difficulté fondamentale vient donc d e l'arbitraire d e la force physique, qui apparaît sans rapport possible avec la notion de légitimité.

Aussi faudra-t-il renoncer au droit naturel pour instaurer un système de lois — ce qui implique la transformation de toutes les notions enjeu (force, liberté, utilité, propriété, etc.). CONCLUSION Hobbes montre ici la vanité de recourir au critère de la nature pour repérer des concepts comme le droit, la légitimité, la propriété: ils n'ont de sens que dans le cadre d'une société organisée, dans le contexte de rapports réglés entre les hommes. HOBBES (Thomas).

Né à Malmesbury en 1588, mort à Hardwick en 1679. Il fit ses études à Oxford et devint précepteur du jeune comte de Devonshire qui, plus tard, devait lui confier aussi l'éducation de son propre fils.

Il fit deux longs voyages en Europe, vécut à Paris de 1640 à 1651, y fréquenta le P.

Mersenne, puis rentra en Angleterre.

La Chambre des Communes exigea qu'il ne publiât plus aucun livre, après avoir vivement attaqué Léviathan en 1667.

La fin de la vie de Hobbes fut occupée par des controverses avec les mathématiciens.

— L'oeuvre de Hobbes est une théorie et une apologie fort logiques du despotisme.

Toutes les substances sont corporelles et la vie est mouvement.

Le désir, fondement du monde animal, est égoïste et guidé par l'intérêt.

Il n'y a ni amour ni accord possible entre les hommes ; ceux-ci sont naturellement insociables et méchants.

L'état de nature, c'est la guerre de tous contre tous.

Mai les hommes, qui considèrent que la paix est le plus grand des biens, confèrent tous leurs droits à un seul souverain.

Ils remplacent l'ordre mécaniste naturel par un ordre mécaniste artificiel, qui leur convient mieux : c'est l'État.

Le salut de l'État s'identifie avec le salut du souverain.

La souveraineté absolue d'un seul homme crée un déséquilibre qui assure la stabilité.

Le souverain établit les lois et définit la justice, se plaçant ainsi au-dessus d'elles.

Le bien et le mal dépendent de ses décisions ; la vraie religion est celle qu'il autorise.

Ainsi, les hommes sont libres et heureux, puisqu'ils peuvent agir à leur gré dans le cadre des lois.

Le souverain absolu n'est pas un tyran arbitraire le tyran est l'esclave de ses passions, alors que le souverain en est délivré par le caractère absolu de son pouvoir.

Car les passions résultent de la finitude humaine.

En somme, le pouvoir du souverain est légitime parce qu'absolu. La pensée de Hobbes a eu une influence incontestable sur Hegel.. »

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