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HENRI BERGSON, Le Rire

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"Entre nous et notre propre conscience, un voile s'interpose, voile épais pour le commun des hommes, voile léger, presque transparent, pour l'artiste et le poète. Quelle fée a tissé ce voile ? Fut-ce par malice ou par amitié ? Il fallait vivre, et la vie exige que nous appréhendions les choses dans le rapport qu'elles ont à nos besoins. Vivre consiste à agir. Vivre, c'est n'accepter des objets que l'impression utile pour y répondre par des réactions appropriées : les autres impressions doivent s'obscurcir ou ne nous arriver que confusément. Je regarde et je crois voir, j'écoute et je crois entendre, je m'étudie et je crois lire dans le fond de mon coeur. Mais ce que je vois et ce que j'entends du monde extérieur, c'est simplement ce que mes sens en extraient pour éclairer ma conduite ; ce que je connais de moi-même, c'est ce qui affleure à la surface, ce qui prend part à l'action. Mes sens et ma conscience ne me livrent donc de la réalité qu'une simplification pratique. Dans la vision qu'ils me donnent des choses et de moi-même, les différences inutiles à l'homme sont effacées, les ressemblances utiles à l'homme sont accentuées, des routes me sont tracées à l'avance où mon action s'engagera." HENRI BERGSON, Le Rire.
Le mot conscience vient du latin cum-scientia qui signifie accompagné de savoir. Être conscient, c’est en effet agir, sentir ou penser et savoir qu’on agit, qu’on sent et qu’on pense. Le fait d’être conscient constitue donc pour l’homme un événement décisif qui l’installe dans le monde et lui commande de prendre position. Car l’homme, dans la mesure où il est conscient, n’est plus simplement dans le monde, chose parmi les choses, vivant parmi les vivants.
Or pour Bergson, la conscience n'est pas ce qui nous est immédiatement accessible, car constate Bergson, le rapport que nous avons à nous-mêmes est biaisé. En tant que nous sommes dans un monde, en tant que nous sommes orientés par certains besoins, nous sommes davantage dirigés vers la quête de l'utilité et de là nous devenons comme étrangers à nous-mêmes. C'est dans cette mesure que s'interpose entre nous et le monde un voile dés lors que nous visons dans l'existence que la dimension utile. Ce rapport à l'utilité brime notre connaissance de nous-mêmes et nous donne une vision erronée du réel qui consiste en une simplification. Nous verrons donc en premier lieu comment la vie est nécessairement tournés uniquement vers la dimension utile de la réalité, en nous pressant d'agir. « Entre nous » à « confusément ». De là notre rapport au monde ne saurait consister qu'en une simplification. (de « Mais ce que je vois et ce que j'entends », à « où mon action s'engagera. »
 

« Un rationalisme universel Pour Zenon, le fondateur du stoïcisme, tout ce qui compose l'univers, tous les êtres, toutes les choses, divines, humaines et naturelles, sont constitués et conduits par l'action de la raison, qu'il appelle le logos. Cette raison stoïcienne n'est pas un pur intellect détaché du monde sensible.

Elle est immanente, à l'œuvre dans les moindres détails de la marche du monde.

Nulle place n'existe pour l'irrationnel ou le hasard qui ne sont que des illusions et des défauts de la connaissance.

Dès lors, dans toutes les divisions du savoir - logique, physique, théologie, psychologie -, il s'agit de faire toute la lumière sur ce postulat de départ : les domaines du savoir sont intimement liés entre eux.

Mais le but de cette connaissance est le développement d'une morale qui s'appuie sur les autres domaines de la connaissance et qui permet une existence de sage.

C'est essentiellement cette dernière partie qui connaîtra un grand succès dans l'Antiquité. Un monde fondé en raison La morale va servir à dégager non pas tant une ligne de conduite précise qu'une disposition de l'âme à travers toutes les actions et toutes les situations.

Le stoïcisme, en effet, n'enjoint pas de mener tel ou tel type de vie.

Un empereur - et ce sera le cas avec l'empereur romain Marc Aurèle au IIe siècle après J.-C.34 - comme un simple citoyen peuvent ainsi suivre les préceptes de la morale stoïcienne.

L'être vivant a dès le départ de sa vie la connaissance du bien car il est naturellement raisonnable puisque la raison est la nature.

Ce bien consiste à vouloir se conserver lui-même, c'est-à-dire à vouloir préserver ce que la raison elle-même ou la nature a produit.

Car la nature-raison veut se faire perdurer elle-même au travers des choses et des êtres individuels.

Le bien est donc différent de la santé, de la richesse ou de la satiété.

Ces sortes de biens sont en quelque sorte subordonnés au Bien supérieur qui est la préservation de soi-même en tant qu'être de raison. Aussi la vertu ne tient-elle pas à la recherche des biens secondaires, richesse, santé, vertu, mais à celle du Bien supérieur que l'on vient de décrire.

La vertu est une pure tension de la volonté vers ce Bien supérieur, un pur vouloir de la préservation de soi-même.

Ceci a pour conséquence une modification très importante de la perspective morale : être vertueux équivaut désormais à une activité tout intérieure et non plus, comme chez Aristote, à une activité extérieure. Introduction Le mot conscience vient du latin cum-scientia qui signifie accompagné de savoir.

Être conscient, c'est en effet agir, sentir ou penser et savoir qu'on agit, qu'on sent et qu'on pense.

Le fait d'être conscient constitue donc pour l'homme un événement décisif qui l'installe dans le monde et lui commande de prendre position.

Car l'homme, dans la mesure où il est conscient, n'est plus simplement dans le monde, chose parmi les choses, vivant parmi les vivants. Or pour Bergson, la conscience n'est pas ce qui nous est immédiatement accessible, car constate Bergson, le rapport que nous avons à nous-mêmes est biaisé.

En tant que nous sommes dans un monde, en tant que nous sommes orientés par certains besoins, nous sommes davantage dirigés vers la quête de l'utilité et de là nous devenons comme étrangers à nous-mêmes.

C'est dans cette mesure que s'interpose entre nous et le monde un voile dés lors que nous visons dans l'existence que la dimension utile.

Ce rapport à l'utilité brime notre connaissance de nous-mêmes et nous donne une vision erronée du réel qui consiste en une simplification.

Nous verrons donc en premier lieu comment la vie est nécessairement tournés uniquement vers la dimension utile de la réalité, en nous pressant d'agir.

« Entre nous » à « confusément ». De là notre rapport au monde ne saurait consister qu'en une simplification.

(de « Mais ce que je vois et ce que j'entends », à « où mon action s'engagera.

» Vivre c'est voir l'utile Bergson débute le texte en affirmant: "Entre nous et notre propre conscience, un voile s'interpose, voile épais pour le commun des hommes », un rapport à nous-mêmes que nous présentons comme recelant une grande clarté est en réalité un rapport voilé, et davantage voilé pour le plus commun des hommes.

Bergson affirme donc d'emblée que nous sommes étrangers à nous-mêmes.

Mais que ce « voile léger est presque transparent, pour l'artiste et le poète ».

L'artiste et le poète paradoxalement verraient mieux la réalité que l'homme du commun.

Et pourtant on présente généralement l'artiste et le poète comme éloignés de la réalité, ils sont, dit-on, davantage dans l'imagination, et l'illusion plutôt que dans la raison et dans la vérité.

Ce devrait être eux qui voient la réalité de manière voilée.

Mais pour Bergson, comme nous le verrons plus tard c'est tout le contraire. Aussi interpelle Bergson: « Quelle fée a tissé ce voile ? Fut-ce par malice ou par amitié ? ».

Ce n'est pas un malin génie qui a mis ce voile entre nous et nous-mêmes, c'est tout simplement les exigences inhérentes à l'existence qui ont créés cette illusion.

Car précise aussitôt Bergson: « Il fallait vivre, et la vie exige que nous appréhendions les choses dans le rapport qu'elles ont à nos besoins.

».

En d'autres termes entre nous et le monde s'interpose nos. »

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