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HEGEL: Dans l'histoire universelle...

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Dans l'histoire universelle nous avons affaire à l'Idée telle qu'elle se manifeste dans l'élément de la volonté et de la liberté humaines. Ici la volonté est la base abstraite de la liberté, mais le produit qui en résulte forme l'existence éthique du peuple. Le premier principe de l'Idée est l'Idée elle-même, dans son abstraction ; l'autre principe est constitué par les passions humaines. Les deux ensemble forment la trame et le fil de l'histoire universelle. L'Idée en tant que telle est la réalité ; les passions sont le bras avec lequel elle gouverne. Ici ou là, les hommes défendent leurs buts particuliers contre le droit général ; ils agissent librement. Mais ce qui constitue le fondement général, l'élément substantiel, le droit n'en est pas troublé. Il en va de même pour l'ordre du monde. Ses éléments sont d'une part les passions, de l'autre la Raison. Les passions constituent l'élément actif. Elles ne sont pas toujours opposées à l'ordre éthique ; bien au contraire, elles réalisent l'Universel. En ce qui concerne la morale des passions, il est évident qu'elles n'aspirent qu'à leur propre intérêt. De ce côté ci, elles apparaissent comme égoïstes et mauvaises. Or ce qui est actif est toujours individuel : dans l'action je suis moi-même, c'est mon propre but que je cherche à accomplir. Mais ce but peut être bon, et même universel. L'intérêt peut être tout à fait particulier mais il ne s'ensuit pas qu'il soit opposé à l'Universel. L'Universel doit se réaliser par le particulier. Nous disons donc que rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont collaboré. Cet intérêt, nous l'appelons passion lorsque refoulant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur un objectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins. En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion.HEGEL

Hegel développe dans ce texte la problématique esquissée dans le texte précédent (la passion est-elle au service du général ou du particulier ?  L’apparence contradiction entre l’origine individuelle (et donc libre) des passions, et leur portée générale (relevant d’une nécessité), trouve sa résolution dans la prise en compte du sens de l’Histoire : une rationalité est sous-jacente aux passions aveugles, sans que les acteurs de l’Histoire qui s’y abandonnent n’en aient conscience. Et cette rationalité n’apparaît clairement qu’a posteriori : c’est la ruse de la raison. Cad, les hommes font l’Histoire (générale et rationnelle) en poursuivant leurs passions (particulières et chaotiques). Ainsi, par exemple, l’ambition démesurée de Napoléon, quoique répondant à une « impulsion subjective » et à des intérêts particuliers, contribua à l’avancée d’une Histoire universelle, qui, elle, est rationnelle et objective. De même l’émergence de l’Etat moderne est le fruit de la concentration de volontés individuelles, ans doute égoïstes et contradictoires.  Les passions perdent ainsi toute connotation éthique, puisque la morale se trouve résolument dépassée par l’Histoire. au lieu de s’interroger sur leur contribution au bonheur des hommes, Hegel ne retiendra des passions que leur rôle dans l’accomplissement historique. Les passions constituent donc le moyen de la réalisation de l’Histoire, qui assure le passage du particulier à l’universel. Elles nourrissent la Raison dans l’Histoire, et par là même réalisent l’humanité.

« Dans l'histoire universelle nous avons affaire à l'Idée telle qu'elle se manifeste dans l'élément de la volonté et de la liberté humaines.

Ici la volonté est la base abstraite de la liberté, mais le produit qui en résulte forme l'existence éthique du peuple.

Le premier principe est constitué par les passions humaines.

Les deux ensemble forment la trame et le fil de l'histoire universelle.

L'Idée en tant que telle est la réalité ; les passions sont le bras avec lequel elle gouverne […] Ici ou là, les hommes défendent leurs buts particuliers contre le droit général ; ils agissent librement.

Mais ce qui constitue le fondement général, l'élément substantiel, le droit n'en est pas troublé.

Il en va de même pour l'ordre du monde.

Ses éléments sont d'une part les passions, de l'autre la Raison.

Les passions constituent l'élément actif.

Elles ne sont pas toujours opposées à l'ordre éthique ; bien au contraire, elles réalisent l'Universel.

En ce qui concerne la morale des passions il est évident qu'elles n'aspirent qu'à leur propre intérêt.

De ce côté-ci, elles apparaissent comme égoïstes et mauvaises.

Or ce qui est actif est toujours individuel : dans l'action je suis moi-même, c'est mon propre but que je cherche à accomplir.

Mais ce but peut être bon, et même universel.

L'intérêt peut être tout à fait particulier mais il ne s'ensuit pas qu'il soit opposé à l'Universel.

L'Universel doit se réaliser par le particulier. La passion est tenue pour une chose qui n'est pas bonne, qui est plus ou moins mauvaise : l'homme ne doit pas avoir des passions.

Mais passion n'est pas tout à fait le mot qui convient pour ce que je veux désigner ici.

Pour moi, l'activité humaine en général dérive d'intérêts particuliers, de fins spéciales ou, si l'on veut, d'intentions égoïstes, en ce sens que l'homme met toute l'énergie de son vouloir et de son caractère au service de ces buts en leur sacrifiant tout le reste.

Ce contenu particulier coïncide avec la volonté de l'homme au point qu'il en constitue toute la détermination et en est inséparable : c'est là qu'il est ce qu'il est.

Car l'individu est un « existant » ; ce n'est pas l' « homme général », celui-ci n'existant pas, mais, un homme déterminé.

Le mot « caractère » exprime aussi cette détermination concrète de la volonté et de l'intelligence.

Mais le caractère comprend en général toutes les particularités de l'individu, sa manière de se comporter dans la vie privée, etc.

; et n'indique ps la mise en action et en mouvement de cette détermination.

Je dirai donc passion entendant par là la détermination du vouloir n'ont pas un contenu purement privé, mais constituent l'élément actif qui met en branle des actions universelles.

L'intention, dans la mesure où elle est cette intériorité impuissante que courtisent les caractères faibles pour accoucher d'une souris, n'entre évidemment pas dans nos considérations. Nous disons donc que rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont collaboré. Cet intérêt, nous l'appelons passion lorsque, refoulant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur un objectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins.

En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion. La passion, c'est tout d'abord l'aspect subjectif, formel de l'énergie de la volonté et de l'action.

Le contenu ou le but en restent encore indéterminés – aussi indéterminés que dans le cas de la conviction, de l'opinion et de la moralité personnelles.

Il s'agit alors de savoir quel est le contenu de ma conviction, le but de ma passion, - de savoir aussi si l'un ou l'autre est vrai.

S'il est vrai, il faut qu'il passe dans la réalité, dans l'existence : c'est alors qu'intervient l'élément de la volonté subjective, lequel comprend tous les besoins, les désirs, les désirs, les passions aussi bien que les opinions, les idées et les convictions de l'individu. Hegel développe dans ce texte la problématique esquissée dans le texte précédent (la passion est-elle au service du général ou du particulier ? L'apparence contradiction entre l'origine individuelle (et donc libre) des passions, et leur portée générale (relevant d'une nécessité), trouve sa résolution dans la prise en compte du sens de l'Histoire : une rationalité est sous-jacente aux passions aveugles, sans que les acteurs de l'Histoire qui s'y abandonnent n'en aient conscience.

Et cette rationalité n'apparaît clairement qu'a posteriori : c'est la ruse de la raison. Cad, les hommes font l'Histoire (générale et rationnelle) en poursuivant leurs passions (particulières et chaotiques).

Ainsi, par exemple, l'ambition démesurée de Napoléon, quoique répondant à une « impulsion subjective » et à des intérêts particuliers, contribua à l'avancée d'une Histoire universelle, qui, elle, est rationnelle et objective.

De même l'émergence de l'Etat moderne est le fruit de la concentration de volontés individuelles, ans doute égoïstes et contradictoires. Les passions perdent ainsi toute connotation éthique, puisque la morale se trouve résolument dépassée par l'Histoire.

au lieu de s'interroger sur leur contribution au bonheur des hommes, Hegel ne retiendra des passions que leur rôle dans l'accomplissement historique.

Les passions constituent donc le moyen de la réalisation de l'Histoire, qui assure le passage du particulier à l'universel.

Elles nourrissent la Raison dans l'Histoire, et par là même réalisent l'humanité.. »

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