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Faut-il vivre comme si on ne devait jamais cesser d'exister ?

Extrait du document

« Au mot d'existence, nous vient certainement beaucoup d'autres mots qui lui sont plus ou moins synonymes: vie, destinée, fortune, activité, occupation , création, évolution, énergie, vitalité, force.

Mais la finalité de l'existence ne serait-elle pas aussi la mort, d'où la question suivante : faut-il vivre comme si nous ne devions jamais exister ? Est-il un devoir, une nécessité, une obligation morale d'exister en faisant semblant , en prétendant que nous ne devons jamais exister, et qui peut potentiellement nous obliger à ne jamais penser que nous existons, si ce n'est nous même ?.

Le problème principal est de savoir si cette prétention , cette apparence ne serait-elle pas une illusion, mais alors comment qualifier cette illusion, est-elle bonne, mauvaise, voire même salutaire ? Nous verrons que cette apparence dans un premier temps contient une certaine positivité indéniable et qu'il existe de forte raisons de croire en cette apparence, cette dissimulation, bref qu'il y a des illusions salutaires et que celleci en fait partie, ensuite nous verrons que cette apparence est une illusion, et que l'illusion ne dure qu'une seconde, la vie nous rappelant sans cesse que toute prétention est illusoire, enfin et surtout que le devoir de vivre est plus impérieux que cette prétention elle-même. I Les raisons de croire en cette apparence, en cette dissimulation, en cette illusion a) b) Ne pas penser à notre existence nous permet de faire des projets Le divertissement, les loisirs, les plaisirs, les désirs son autant de faire semblant qui sont des faits de notre existence.

Pensez à Pascal . L'ennui est hautement insupportable à l'homme, parce qu'alors, l'absence de tout désir fait place à la considération de soi-même et à la conscience de sa vanité.

Dès lors, on comprend que tout homme cherche à se divertir, c'est-àdire à se détourner de la pensée affligeante de sa misère.

Nos désirs, pour autant qu'ils nous portent à croire que leur réalisation nous rendrait heureux, sont l'instrument majeur de cette stratégie.

L'imagination, qui institue des biens comme désirables, en est l'auxiliaire indispensable.

La vérité du désir n'est donc pas dans son objet mais dans l'agitation qu'il excite : « nous ne recherchons jamais les choses mais la recherche des choses » (773).

Mais le divertissement n'est qu'un cache-misère.

Préférable à l'accablement de l'ennui, il s'avère sur le fond tout aussi nuisible.

Faire obstacle à la considération de sa misère, c'est se priver des moyens de la dépasser. c) L'épicurisme. On peut tout à fait affirmer à la manière d'Epicure dans les Lettres à Ménécée que la mort n'est rien pour nous et qu'il faut vivre au jour le jour les plaisirs quotidiens comme si nous étions immortels.

Mais c'est seulement après avoir reconnu que la mort n'est rien pour nous, que nous pourrons jouir pleinement , c'est-à-dire apprécier les joies de l'existence.

La peur de la mort n'a plus raison d'être pour celui qui a compris que la mort n'a rien de terrible ou d'effrayant.

Elle n'a rien d'effrayant ou de terrible parce que lorsqu'elle existe, nous ne sommes plus là , et lorsque nous existons, la mort n'est pas.

Il ne faut craindre que ce que l'on peut bien se représenter dans son « existence ».

Donc c'est bien la crainte de la mort qui semblerait davantage nous causer des troubles que la mort elle-même.

La crainte de la mort empoissonnerait notre existence au point de nous faire oublier de vivre.

D'où la position que nous devrions adopter à l'égard de la mort « qui ne fait pas fi à la vie » de la même manière « qu'il ne craint pas la mort ». Dans la Lettre à Ménécée, Épicure conduit une réflexion opposée à celle du platonisme : elle s'en tient à un strict matérialisme.

La mort n'est pas une évasion de l'âme, elle est un pur non-être qui ne nous concerne en rien, puisque vivants, nous appartenons à l'être.

"Tout bien et tout mal résident dans la sensation ; or, la mort est la privation complète de cette dernière." Ensuite, sachant que notre durée de vie est limitée, nous serons heureusement pressés de jouir raisonnablement des biens de la vie.

La pensée de la mort dissipe l'angoisse d'une vie illimitée, en laquelle nous aurions à choisir et agir en vue de l'éternité.

Pour l'existence humaine, l'éternel n'est jamais en jeu : il n'y a rien de si grave qui mérite un souci sans limites.

De plus, les dieux immortels, qui jouissent d'une béatitude infinie, ne se soucient pas des affaires humaines.

Si la mort n'est rien pour nous, nous ne sommes, mortels, rien pour les dieux : leur jugement n'est pas à craindre.

Il ne faut donc se soucier ni de la mort elle-même, ni de l'attente de son heure.

Une chose absente ne peut nous troubler, et quand la mort advient, c'est que déjà nous ne sommes plus là pour en souffrir.

L'homme ne rencontre jamais sa propre mort, et le "passage" est aussi irréel et inconsistant que l'instant présent qui sépare le passé du futur.

La mort n'est rien, comme le pur instant présent, sans passé ni avenir : "La mort n'a par conséquent aucun rapport avec les vivants, ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pour les premiers, et que les derniers ne sont plus." La mort ne doit être pensée ni comme un mal, ni comme une délivrance.

Si ne pas exister n'est pas un mal, la vie comporte des joies qui peuvent être très agréables.

Vivre sagement, ce n'est pas chercher à jouir le plus longtemps possible, mais le. »

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