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Faut-il se méfier de sa conscience ?

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« Comment définir la conscience dans un premier temps? Elle semble bien être cette faculté en l'homme qui lui permet de faire retour sur lui-même, d'être capable en somme de réflexivité.

Qu'est-ce que cela signifie? Lorsque nous pensons à quelque chose, notre pensée est entièrement dirigée vers l'extérieur si l'on peut dire, elle se porte vers l'objet auquel je pense.

Ainsi, si je pense à un arbre, cet arbre est pour ainsi dire l'objet de ma pensée.

Cependant, la conscience ne peut se réduire à la pensée, ou du moins elle n'est pas une simple pensée qui porte sur un objet. En effet, dans la conscience, l'objet de la pensée, c'est précisément la pensée.

En d'autres termes, la conscience c'est tout simplement penser que l'on pense, c'est faire retour sur soi et sur ce dont on est entrain de penser.

En somme, dans la conscience je deviens spectateur des propres opérations de mon esprit: je ne sens plus mais je me vois entrain de sentir, je ne pense plus mais je me vois entrain de sentir...

Notons, que lorsque nous disons « je vois » nous ne faisons pas allusion aux yeux du corps, mais bien à celui de l'esprit, c'est-à-dire à l'intuition (intuieri en latin c'est précisément voir): dans la conscience l'esprit à l'intuition de lui-même pourrions-nous dire.

Aussi, la question posée par le sujet est assez surprenante.

En effet, lorsque nous sommes embarqués dans la pensée, lorsque nous ne faisons pas retour sur nous-mêmes, c'est là qu'il semble précisément il y avoir un risque.

La conscience permet d'avoir du recul sur soi, ce qu'on retrouve dans l'expression « prise de conscience », un recul que ne propose pas la pensée lorsqu'elle se perd dans le réel sans discernement.

On comprend d'ailleurs en quel sens on parle justement de conscience morale: la conscience est la faculté morale par excellence puisqu'elle nous permet ce recul, ce jugement distancié face à ce que nous faisons.

Grâce à la conscience, le sujet du jugement peut devenir également l'objet: Je me juge, sous entendu, Je juge moi.

Faut-il donc se méfier de ce retour sur soi? Est-il biaisé, faux, voir même trompeur? Car on se méfie toujours de ce qui apparaît tel qu'il n'est pas vraiment, de se qui se masque derrière un rideau d'apparences.

Aussi, ce retour sur soi n'aboutit-il qu'à une image tronquée de ce que je suis réellement? Suis-je en somme dans ce qu'on appelle l'illusion, soit un mensonge que l'on se fait à soimême, un mensonge où l'on est à la fois trompeur et trompé? I.

Sartre: le garçon de café Il s'agit de partir d'une opposition que propose Sartre entre être-en-soi et être-pour-soi.

L'être-en-soi c'est en principe le mode d'être des objets qui ont une existence close sur elle-même.

En effet, si l'on prend l'exemple d'une tasse de café qui se trouve devant soi, nous pouvons dire que l'être de cette tasse est déterminée: elle est une tasse et c'est tout ce qu'elle est, il ne lui revient pas le choix d'être autre chose.

On pourrait remonter jusqu'au bureau d'étude où elle fut conçue: on a alors décidé de sa forme, de sa couleur, de sa fonction, du rôle en somme qu'elle tiendrait comme outil au près de l'homme.

Somme toute, je n'ai que très rarement des discussions métaphysiques avec une tasse (!), précisément parce qu'elle n'est qu'une tasse et ne sera jamais que cela.

Mais il faut préciser que l'homme n'est pas totalement étranger à l'être-en-soi, puisqu'une part de lui est quelque part déterminée.

En effet, il semble qu'il existe des choses en moi qui soit difficilement changeable, qui me fassent exister sur le mode de l'être-en-soi, c'est-à-dire sous un mode déterminé.

C'est pas exemple le cas de mon passé qui ne peut quelque part pas être changé, mais aussi mon corps, mon conditionnement social...

etc.

Bien évidemment, on peut envisager d'augmenter le volume de sa poitrine, de faire une rhinoplastie, mais il restera toujours certaines choses déterminées, à commencer par mon terrain génétique originaire, certains actes que j'ai pu commettre (et qui sont définitivement accompli, parfois à son propre dépend) (…).

il y a une sorte de tragédie en ce point, puisque l'on doit se résigner à subir ce poids de l'être-en-soi, accepter par exemple un visage difficile, des erreurs commises, soit un ensemble de chose qui ne dépendent aucunement de mon bon vouloir. Cependant, l'homme existe aussi sur le mode de l'être-pour-soi de par sa conscience précisément.

Je suis libre pour Sartre, précisément parce que je suis une conscience.

Pourquoi? Parce que par la réflexivité que me permet la conscience, par ce retour sur soi qu'elle me permet, je prend une certaine distance sur l'être que je suis, je ne suis justement pas emporté entièrement par l'être.

Nous pourrions-dire un peu énigmatiquement, que nous ne sommes pas entièrement ce que nous sommes.

Je peux avoir tel nom, venir de tel endroit, avoir vécu ce que j'ai vécu, ressemblait à ce à quoi je ressemble, je ne me réduis pas pour autant à cela.

Et à vrai dire, cela n'est pas forcément et systématiquement une bonne nouvelle comme nous allons le voir.

En effet, parce que j'ai une conscience je suis aussi libre précisément, ce qui signifie que malgré tous mes efforts je ne pourrai jamais me réduire à un être-en-soi. Dans l'Être et le Néant, Sartre prend ainsi pour exemple un garçon de café qui joue au garçon de café.

Il joue son rôle maladroitement, rend les pourboires non sans une certaine hésitation, tient son plateau en tremblant un peu: il voudrait être entièrement un garçon de café, se fondre dans ce rôle, s'y perdre, s'y aliéner, mais en raison même du fait qu'il est aussi être-pour-soi, il ne peut pas complètement adhérer à ce rôle.

Il ne pourra jamais être complètement ce garçon de café, il ne pourra jamais entièrement s'assimiler à ce rôle que tout le monde dans le bar et en terrasse, espérerait qu'il joue à la perfection.

Jouer un rôle, c'est vouloir figer son être dans une forme définitive, c'est vouloir se réduire en somme à la consistance plénière de l'être-en-soi.

Or, l'homme désire l'en-soi, nous explique Sartre: il aimerait pendant un instant s'appartenir entièrement, d'une manière complète, mais cela lui est impossible.

Malgré la mauvaise foi du garçon de café qui se perd dans le regard de l'autre, dans les attentes des autres, une part de lui l'empêche d'être intégralement assimilé à cette fonction.

Sartre explique ainsi dans l'Existentialisme est un Humanisme, que l'homme est condamné à être libre, condamné à ne jamais pouvoir être seulement un être-en-soi.

En ce sens, on saisit que la conscience est précisément ce qui nous délivre de toute existence factice, ce qui nous empêche d'être réduit à une seule modalité d'être: nous ne sommes jamais pleinement ce que nous sommes, il y a toujours un « plus » créer par la distance de soi par rapport à soi. II.

La psychologie des profondeurs chez Lacan et Jung: Suis-je moi, ou suis-je soi?. »

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