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Faut-il reprocher au langage d'etre équivoque ?

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« L'instrument n'est pas clair Parler présuppose qu'il y a une correspondance (au moins possible) entre le discours et la réalité.

Or, les définitions de noms sont arbitraires.

Le même mot ne signifie pas la même chose pour tous les hommes, ni pour le même homme à des moments différents.

Cette ambiguïté conduit à faire de faux raisonnements soit involontairement, soit volontairement. Les mots ne disent pas les choses Il ne peut pas y avoir adéquation parfaite entre les mots et les choses.

En effet, les mots sont en nombre limité, tandis que les choses sont infinies en nombre.

Par exemple, si je dis: "cet avocat est pourri".

Cette phrase est équivoque car le mot "avocat" peut désigner plusieurs choses: l'homme de lois ou le fruit. Les mots trahissent notre pensée Qui n'a pas fait l'expérience de « chercher ses mots » ? Cette expérience témoigne de l'existence d'une pensée antérieure à la parole, d'une antériorité à la fois de temps et de causalité.

Il y a là quelque chose que nous pensons comme un « encore à dire », une sorte de pensée antérieure à tout discours, même intérieur.

Tantôt nous ne trouvons pas les mots pour le dire soit parce que, jusqu'à présent, cela n'a pas encore été dit et qu'il faudrait avoir recours à des mots nouveaux, soit parce que notre pensée refuse de faire surface et d'émerger des profondeurs de l'esprit.

Tantôt nous trouvons les mots, mais, une fois ceux-ci trouvés, nous avons le sentiment que le langage a pacifié notre pensée, qu'il l'a faite passer à l'être et au repos, voire qu'il l'a pétrifiée. L'équivocité du langage de l'inconscient " Ca parle là où ça souffre": cet aphorisme de Jacques Lacan souligne la liaison étroite entre le langage et la psychanalyse.

Lapsus, rêves, cure, tout se joue autour de la question du langage et de sa signification. La révolution psychanalytique part d'une constatation dont toute l'oeuvre de Freud s'efforce d'administrer la preuve en étendant ses recherches depuis le comportement du sujet individuel jusqu'aux manifestations culturelles de l'humanité (art, religion, guerre, morale); l'homme n'est pas le centre de lui-même.

Il y a en lui un autre sujet que le sujet conscient de la psychologie traditionnelle dont les racines sont à trouver du côté de la sexualité: l'inconscient. La découverte freudienne n'est dont pas une recherche de type biologique ou physiologique, encore moins une apologie des instincts, et le psychanalyste n'est pas tant à comparer à un explorateur de fonds inconnus qu'à un linguiste tentant de déchiffrer des réseaux de signes et d'en interpréter le sens.

Ce qui a été "refoulé" continue de fonctionner en dehors du sujet, et le nouveau sujet de cet "en dehors" est strictement ce qu'on nomme inconscient.

Une vérité, une conduite refoulée s'expriment ailleurs, dans un autre registre, en langage chiffré et clandestin.

Sous la voix claire de notre conscience, murmure ou quelque fois crie une autre voix, celle d'une histoire très ancienne, celle de notre passé individuel et plus généralement de notre culture qui nous conte des récits faits d'inceste, de meurtre et de parricide. Freud, nous donne donc à comprendre que l'homme est indissociablement un être de désir et un être de langage et que le premier a besoin du second pour se dire ou pour se cacher.

L'inconscient est donc un langage qui ne cesse de parler, qu'il s'agisse de la folie, parole qui a renoncé à se faire (re)connaître, ou de la "normalité" dans laquelle le sujet ne parvient que rarement à maîtriser son inconscient. Dans tous les cas de figure, la psychanalyste nous montre que le lieu en lequel l'homme accède à son humanité est le lieu de l'ordre du Symbolique, c'est-à-dire de la culture formellement identique à l'ordre du langage.

Mais, cet ordre du Symbolique peut être aussi le lieu où l'homme "rate" son humanité. Ainsi, toute psychanalyse s'organise autour du langage, de la "maladie" à la "guérison" en un geste qui légitime l'intérêt que linguistes, analystes et anthropologues lui portent. C'est dans "La science des Rêves", cette "voie royale vers l'inconscient", que Freud pose clairement l'existence d'un autre langage que celui de la communication conventionnelle.

Le rêve est un rébus, c'est-à-dire une suite de graphismes exprimant par homologie une phrase qu'il s'agit de retrouver.

Les rêves parlent, ils ont un sens.

Bien loin d'être pur non-sens, ils possèdent une signification dont la structure est analogue à celle d'une phrase mutilée, tronquée, truquée et dont il importe de reconstituer l'enchaînement et la lecture cohérente.

Freud découvre donc, en laissant dire le rêve, que le désir tend à s'y accomplir et qu'une "pensée" est possible sans le "je pense" cartésien ou kantien.

Bien plus, les rêves obéissent à des règles de transformation comparables aux règles de la rhétorique:. »

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