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Faut-il redouter la mort ?

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« Définition des termes du sujet - Faut-il : doit-on, est-ce une obligation, une tâche… - Redouter : craindre fortement.

La crainte diffère de la peur : on a peur d'un danger présent (réel ou supposé), on craint un danger à venir (réel ou supposé). Sens global du sujet - Y a-t-il lieu de craindre fortement, à l'avance, la destruction totale, inévitable et définitive de la vie ? Problème Enjeu Arguments principaux (indiquer le type de plan choisi) - Questions : la crainte de la mort est-elle fondée, rationnelle ? La mort est-elle une chose si terrible ? Est-ce mourir qui est redoutable Mais ne pas redouter la mort, n'est-ce pas une façon de ne pas regarder les choses en face - La question de l'attitude de l'homme à l'égard de la mort est celle-là même de sa condition. Elle pose le problème éthique de la sagesse, de l'art de vivre : comment affronter d'une façon lucide, joyeuse cette vérité que la mort est notre destin absolu ? - Plan progressif : 1.

La crainte de la mort est-elle fondée, rationnelle ? 2.

Ne pas redouter la mort, n'est-ce pas en éluder le problème ? 3.

L'angoisse, non la crainte, de la mort est donatrice de sens.

Se souvenir que le néant définitif est un possible de chaque instant, c'est penser qu'il est urgent d'agir, de faire oeuvre de sujet et d'homme, d'agir bien si l'on veut être en règle avec soi-même et avec autrui.

" Il faut toujours, écrit Montaigne, être botté et prêt à partir." - Le problème central est le suivant : comment doit-on vivre ? En pensant la mort comme redoutable et la vie comme une tragédie ? INTRODUCTION Importance philosophique du problème de la mort: le sens de la vie est lié au sens de la mort. I.

LA MORT EST REDOUTÉE — A — La peur de mourir. Crainte de l'inconnu ou crainte de l'au-delà.

Racines profondes en l'homme (effets physiologiques).

Pas d'expérience de la mort. — B — La mort comme faillite. Parce que nous devons mourir, la vie est absurde.

Mythe de Sisyphe : rien n'a d'importance puisque tout est condamné à l'échec.

L'homme en sursis. — C - Le désir d'éternité. La mort est le terme de notre existence temporelle, d'où : le Temps ennemi de l'homme et « le désir d'éternité » (Alquié) comme passion fondamentale. Alquié a brillamment illustré la thèse psychanalytique en son « Désir d'éternité ».

Le « désir d'éternité », le « refus du temps » dont parle Alquié à propos des passions, c'est la fixation du passionné à des circonstances de son passé dont il est d'autant plus l'esclave qu'il n'en prend pas une conscience claire.

Les passionnés, « prisonniers d'un souvenir ancien qu'ils ne parviennent pas à évoquer à leur conscience claire sont contraints par ce souvenir à mille gestes qu'ils recommencent toujours, en sorte que toutes leurs aventures semblent une même histoire perpétuellement reprise.

Don Juan est si certain de n'être pas aimé que toujours il séduit et toujours refuse de croire à l'amour qu'on lui porte, le présent ne pouvant lui fournir la preuve qu'il cherche en vain pour guérir sa blessure ancienne.

De même, l'avarice a souvent pour cause quelque crainte infantile de mourir de faim, l'ambition prend souvent sa source dans le désir de compenser une ancienne humiliation...

Mais ces souvenirs n'étant pas conscients et tirés au clair, il faut sans cesse recommencer les actes qui les pourraient apaiser.

» La conception de Alquié a été discutée par Pradines.

Ce dernier, tout en reconnaissant que nos premières émotions sont parfois susceptibles d'orienter définitivement nos tendances, se refuse à voir en toute passion l'emprise inconsciente du passé.

Le plus souvent, la passion se présente « plutôt comme l'appétit de sensations inconnues que comme le désir de renouveler d'anciennes expériences ».

La passion charnelle n'est-elle pas « révolte contre l'habitude » ? Sans doute, en sa conscience claire, la passionné aspire à éprouver des sensations nouvelles.

Dans le « coup de foudre », la passion éclate brusquement, s ‘éprouve comme une découverte que rien ne laissait présager.

Mais le témoignage de la conscience du passionné ne nous semble nullement décisif.

Les « découvertes », les « révélations » de la passion sont la réponse à une angoisse qui leur préexiste et qui ne trouve sa signification claire que dans les événements de notre passé.

Le « coup de foudre » ne nous introduit pas dans un monde réellement nouveau, mais réveille une ancienne nostalgie.

Si ce visage, inconnu encore de nous il y a seulement quelques instants, nous trouble si fort, n'est-ce pas, comme le dit Alquié, que « nouveau en lui-même, il devient pour nous l'image et le symbole d'une réalité que notre passé a connue » ? Dans le « Phèdre », Platon a parlé de l'émotion amoureuse de l'âme qui tombe en extase devant la beauté.

Mais cette extase soudaine n'est que le retour d'un souvenir.

Réveillée par la présence du Beau, l'âme se souvient moins obscurément de son passé lumineux, avant l'incarnation, au paradis des Idées.

Il est permis de reconnaître en ce mythique paradis, magiquement ressuscité par une belle apparition, le symbole métaphysique du « vert paradis » de nos « amours enfantines » dont nos passions adultes ne sont obscurément que la résurrection nostalgique. De la théorie psychanalytique, nous retiendrons essentiellement le caractère inconscient des processus passionnels.

L'objet de la passion résulte d'un transfert ou d'une compensation, ou d'une sublimation.

Les vraies causes de la passion sont en nous-mêmes et non réellement dans les objets qui paraissent les solliciter. « Orientée vers le passé, remplie par son image, la conscience du passionné devient incapable de percevoir le présent : elle ne peut le saisir qu'en le confondant avec le passé auquel elle retourne, elle n'en retient que ce qui lui permet de revenir à ce passé, ce qui le signifie, ce qui le symbolise : encore signes et symboles ne sont-ils pas ici perçus comme tels, mais confondus avec ce qu'ils désignent.

L'erreur de la passion est semblable à celle où risque de nous mener toute connaissance par signes [...] ; le signe est pris pour la chose elle-même : telle est la source des idolâtries, du culte des mots, de l'adoration des images, aveuglements semblables à ceux de nos plus communes passions ; [...] Il est vain de vouloir détruire un amour en mettant en lumière la banalité de l'objet aimé, car la lumière dont le passionné éclaire cet objet est d'une autre qualité que celle qu'une impersonnelle raison projette sur lui : cette lumière émane de l'enfance du passionné lui-même, elle donne à tout ce qu'il voit la couleur de ses souvenirs [...].

L'erreur du passionné consiste donc moins dans la surestimation de l'objet actuel de sa passion que dans la confusion de cet objet et de l'objet passé qui lui confère son prestige.

[...] Son erreur est seulement de croire que les beautés qui l'émeuvent et les dangers qu'il redoute sont dans l'être où il les croit apercevoir.

En vérité, l'authentique objet de sa passion n'est pas au monde, il n'est pas là et ne peut pas être là, il est passé.

Mais le passionné ne sait pas le penser comme tel : aussi ne peut-il se résoudre à ne le chercher plus.

» Alquié, « Le désir d'éternité ». La problématique de la passion est ici posée dans son rapport au temps : en cherchant à faire perdurer le passé dans le présent, elle veut abolir la fuite du temps et instaurer le régime de l'éternité.

La passion amoureuse est l'amour d'un être passé qu'elle confond avec ses substituts actuels.

En ce sens, l'être passionné se singularise par la méconnaissance de son objet : il ne peut distinguer l'objet de sa passion tel qu'il est réellement aujourd'hui, de ce qu'il a été mais n'est plus à présent.

Les marques qui témoignent de ce passé (une photographie, par exemple) se substituent à la réalité actuelle. Cette analyse permet à Alquié d'expliquer les malentendus qui s'instaurent inévitablement entre le passionné et une autre personne, bénéficiant d'un statut de neutralité : ils ne discernent pas, de l'objet, la même apparence ; même en adoptant le même angle de vue, ils ne « voient » pas le même objet.

Ce sont deux regards, deux logiques qui entrent en conflit. Alquié en conclura que l'objet de la passion n'est qu'accidentel, que celle-ci n'est en fait qu'un amour de soi-même, issu de l'égoïsme.

Et si le véritable amour est l'oubli de soi afin de faire le bien à venir de l'être aimé, la passion, tournée vers soi et vers le passé, s'avère être un obstacle à tout amour authentique. Cf.

le divertissement : oublier sa condition mortelle. La philosophie comme effort pour vaincre la mort sans s'aveugler. II.

LA MORT N'EST PAS REDOUTABLE — A — La mort comme naissance. « Les véritables philosophes n'ont d'autre souci que d'apprendre à mourir et de vivre comme s'ils étaient déjà morts » (Platon).

Cf.

Hegel « La mort est le commencement de la vie de l'esprit ».

Le Christianisme. — B — La mort comme évasion. Pessimisme : Schopenhauer : le « vouloir vivre » est la source de tous nos maux ; aspiration au néant.

Cf.

Lecomle de Liste : O morts I morts bienheureux en proie aux vers avides ! Souvenez-vous plutôt de la vie et dormez I — C — La mort comme sommeil éternel. Épicurisme : la mort n'est rien pour nous.

Comparer au sommeil. La métaphysique matérialiste va permettre à Epicure de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : la crainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dans l'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles ne leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront que quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dans l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps qui se décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.

Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégat d'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation, de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, et que la mort est absence de sensation.

» En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source de toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal, puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d' Epicure comme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peut y avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la pensée individuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

» Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'est ici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie est une affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. CONCLUSION « Mieux on remplit sa vie, moins on craint de la perdre » (Alain).. »

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