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Faut-il libérer le désir ou se libérer du désir ?

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« Analyse du sujet: Une formulation qui met en lumière la problématique du désir: s'il est enchaîné (et alors, par qui ou par quoi ?), faut-il lui laisser libre cours; et s'il règne (grâce à quoi ?, dans quels domaines ?), faut-il tenter d'échapper à son emprise (et comment) ? Dans la "République" et le "Banquet", Platon insiste sur l'origine spirituelle du désir qui est liée à la présence de la raison en nous.

En effet, c'est parce que nous sommes des êtres pensants que nous désirons.

Le corps est innocent et il serait injuste de lui imputer les erreurs du désir.

C'est l'âme seule qui est fautive.

D'où la fameuse tripartition de l'âme qui permet d'expliquer cette origine spirituelle du désir.

L'âme selon Platon comprend trois parties : le noûs qui est la partie rationnelle, intelligible, le thumos qui est la partie courageuse et enfin l'épithumia qui est la partie désirante.

A la partie rationnelle incombe la maîtrise des désirs et la conduite de la vie.

A l'aide de sa partie courageuse, elle doit s'emporter contre les désirs démesurés de mettre bon ordre en faisant respecter l'hégémonie de la raison. Ainsi la raison nous pousse-t-elle toujours à renoncer à nos désirs, à s'en libérer ? Il est vrai que le désir semble souvent déraisonnable mais y renoncer ne serait-il pas encore plus déraisonnable.

En résumé faut-il libérer le désir ou se libérer du désir ? C'est pourquoi nous verrons d'abord qu'il apparaît raisonnable de renoncer.

En effet, ce dernier peut être synonyme d'aliénation, de déraison.

Par la suite nous établirons que l'homme ne peut exister sans ces désirs dans la mesure où le désir suppose le manque et l'absence, sa non satisfaction entraîne la frustration et qu'il constitue l'essence de l'homme.

Enfin nous montrerons que tout désir n'est pas forcément déraisonnable et que l'épanouissement de chacun dépendra du calcul qu'il fera sur sa position vis à vis des différents désirs. Si nous nous attachons à définir le besoin et le désir on se rend compte que le premier est de l'ordre du nécessaire et l'autre du superflu.

En effet le besoin correspond à l'état de l'organisme privé de ressources nécessaires à son bon fonctionnement ; il est un état de manque correspondant à une nécessité vitale et peut être repu.

Le désir, lui, est la recherche d'un objet que l'on imagine.

En ce cas là, le seul désir qu'il ne faut délaisser est celui qui suit le besoin, c'est à dire qui relève du vital.

Nous savons tous que si nous ne buvons pas, nous allons mourir de soif mais nous pouvons boire l'eau du robinet ou bien rechercher du "Ruinard" ou du "Saint-Emilion".

Ainsi dans la vie quotidienne, le désir dépasse l'ordre du simple besoin et amène à la déraison. Epicure énonce que le plaisir est le but de la vie mais cela sans passer par des jouissances luxurieuses.

Le stoïcisme vient en appui de cette idée en énonçant que celui qui vit en harmonie avec la raison échappe aux troubles des désirs sujets à la déraison. Par la suite, il apparaît raisonnable de se libérer du désir car celui-ci constitue un obstacle à la morale, c'est à dire à un ensemble de règles de conduite et de valeurs au sein d'une société ou d'un groupe.

En effet que serait un monde où chacun accomplirait ses désirs.

Agir selon ses désirs n'est pas agir selon la volonté qui "suppose toujours la mise en oeuvre d'une intelligence qui puisse poser un objectif précis et élaborer la série des moyens propre à l'obtenir" et peut conduire à l'accord entre les hommes.

Le désir en revanche, est singulier, propre à celui qui l'éprouve.

Ainsi un conflit d'intérêt peut apparaître entre deux personnes.

Par exemple, si je désire le bien d'autrui, cela ne signifie pas que celui-ci désire me le donner.

FREUD montre qu'une vie pleinement humaine n'est pas compatible avec la satisfaction totale des désirs.

Le désir d'inceste, par exemple, est présent chez l'enfant.

or la prohibition de l'inceste est le fondement même de toute société, ce qui nous rend pleinement humain.

Enfin ce désir peut nous emmener à nous conduire comme des "moutons", ce que l'autre désire, j'en viens à le désirer aussi (cf : HEGEL).

En effet, le désir de l'autre pour un objet me désigne cet objet comme ayant une valeur, comme étant digne de convoitise et agréable à posséder.

Par exemple, il suffit à une jeune fille que les autres filles de son groupe trouvent un garçon "supergénial" pour qu'aussitôt elle ait envie de sortir avec lui.

Tel est la cause des mouvements de mode : la valorisation soudaine et provisoire d'un produit. Il apparaît raisonnable de se libérer du désir car celui-ci constitue un obstacle au bonheur.

En effet, n'est-il pas un éternel recommencement ? Le désir serait-il alors insatiable ? Ainsi Platon compare le désir au tonneau des Danaïdes.

Selon la mythologie, les Danaïdes ont été condamnées à remplir d'eau un tonneau percé.

De la même façon que le tonneau ne sera jamais rempli, le désir ne sera jamais satisfait.

En ce sens accomplir tous ces désirs n'est pas une recette de bonheur.

De plus, si l'on s'en réfère à l'origine du mot on constate que celui-ci vient du verbe latin "desiderare", constater l'absence, de "considerrare", contempler un astre, de "sidus" qui signifie "étoile" et de "désiderium" qui signifie à la fois désir et regret.

Ce qu'illustre bien la théorie de Platon pour qui le désir est la constatation d'un manque qui ne pourra jamais être comblé, donc source de frustration puisqu'il est la trace nostalgique du Bien, du Beau, du Vrai de ce monde intelligible contemplé par chaque âme avant de tomber dans un corps (cf : Mythe de la caverne) et dont notre monde n'est qu'une pâle copie.

Il faut ajouter que la psychanalyse nous a montré que le désir est fantasme et que nous embellissons l'objet de notre désir.

Dans ces conditions sa satisfactions est toujours décevante. En résumé, nous faisons l'expérience que la multiplication des désirs engendre l'insatisfaction, de dégoût et l'ennui. Fatigué de désir, on reste mécontent, nous serions presque tenté avec Proust de dire que "si le bonheur ou du moins l'absence de souffrance peut être trouvé, ce n'est pas dans la satisfaction, mais dans la réduction,. »

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