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Faut-il distinguer de bons et mauvais désirs?

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« Sujet : Faut-il distinguer de bons et mauvais désirs ? Problématisation : l On peut tout d'abord s'interroger sur la signification de « faut-il ? ».

La question peut se comprendre de deux manières : 1. On se demande s'il existe effectivement de bons et de mauvais désirs, sans que cela engage nécessairement un comportement. 2. On se demande s'il faut, dans notre conduite, faire une distinction entre de bons et de mauvais désirs (soit pour blâmer nos mauvais désirs, soit, plutôt, pour éviter d'avoir de mauvais désirs, ou, à tout le moins, d'y céder). l Il faut cerner ce qu'est un désir : le distinguer de la volonté, d'un simple souhait vain, etc. l Ces précisions préliminaires étant faites, on cherche ce qui fait problème dans le sujet. l Un désir n'est-il pas quelque chose de naturel, qu'il ne dépend pas de moi d'avoir ou de ne pas avoir ? Dans ce cas, comment peut-on dire qu'il y a de mauvais désirs ? Cela ne reviendrait-il pas au même que de dire qu'il y a de mauvais instincts, ce qui peut paraître paradoxal. l Peut-on se contenter de distinguer entre de bons et de mauvais désirs sans que cela entraîne un comportement adéquat ? l La question qui se pose est donc la suivante : s'il n'y a pas de distinction entre bons et mauvais désirs, on ne pourra pas me reprocher de chercher à obtenir ce que je désire, mais si, d'un autre côté, on distingue entre de bons et de mauvais désirs, à quoi cela sert-il s'il ne dépend pas de moi de désirer autrement que je ne le fais ? Proposition de plan : 1.

Tous les désirs sont bons. Spinoza, Éthique, III, scolie de la proposition 9. « L'appétit, par conséquence, n'est pas autre chose que l'essence même de l'homme, de la nature de laquelle les choses qui servent à sa propre conservation résultent nécessairement ; et par conséquent, ces mêmes choses, l'homme est déterminé à les accomplir. En outre, entre l'appétit et le désir il n'existe aucune différence, sauf que le désir s'applique, la plupart du temps, aux hommes lorsqu'ils ont conscience de leur appétit et, par suite, le désir peut être ainsi défini : « Le désir est un appétit dont on a conscience.

» l Toutes les choses cherchent naturellement leur conservation.

Or le désir est ce qui permet de se conserver.

Par exemple, je désire manger, ce qui m'évite de mourir de faim. l Par ailleurs, il n'y a pas de choses bonnes ou mauvaises en soi, je ne désire pas une chose parce qu'elle est bonne, mais cette chose m'apparaît bonne parce que je la désire, et je la désire parce qu'elle peut être utile à ma conservation. l Tout désir est donc nécessairement bon, dans le sens où il ne peut être que désir d'une chose bonne, puisque c'est mon désir qui qualifie la chose comme bonne et que la chose n'a pas de valeur propre en dehors de mon désir.

Pour Spinoza, « le désir est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle est conçue comme déterminée, par une quelconque affection d'elle-même, à faire quelque chose ».

Le désir est le terme générique englobant tous « les efforts, impulsions, appétits et volitions de l'homme ».

Il constitue l'essence de l'homme parce qu'il est le mouvement même par lequel ce dernier s'efforce de persévérer dans son être.

Chacun désire ce qu'il juge utile à la conservation de son être et susceptible d'en accroître la perfection, c'est-à-dire ce qui lui semble bon, ce qu'il aime.

En revanche, il désirera éviter ou détruire ce qui lui paraît faire obstacle au maintien de son être ou entraîner son amoindrissement.

Ainsi « chacun désire ou tient en aversion nécessairement par les lois de sa nature ce qu'il juge être bon ou mauvais ».

Le désir est donc une disposition naturelle, et tout désir est en soi légitime.

Cependant ce que l'homme désire parce qu'il le juge comme lui étant utile n'est pas nécessairement ce qui lui est vraiment utile.

C'est que communément « chacun juge selon son propre sentiment ce qui est bon, ce qui est mauvais », non selon sa droite raison.

Or le sentiment, en tant que passion de l'âme, est une « idée inadéquate », c'est-à-dire mutilée et confuse, et qui est donc cause d'erreur et de fausseté. C'est pourquoi les hommes, en croyant observer leur intérêt, désirent souvent comme utile ce qui leur est en fait nuisible.. »

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