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Faut-il dialoguer ?

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« Termes du sujet: DIALOGUE : Discours à plusieurs voix cherchant la vérité universelle, et présupposant, entre ceux qui parlent et se répondent, une raison commune. Du grec dia, « à travers », et logos, « parole ».

Le dialogue n'est pas uniquement échange d'informations utiles, il est aussi échange d'idées.

Il fait accéder à la représentation abstraite, il est, par conséquent, le propre de l'homme. Pas de dialogue sans écoute L'alternance des locuteurs ne suffit pas à définir le dialogue : il faut aussi que les propos soient adressés à quelqu'un en se préoccupant de sa réponse.

Est donc nécessaire la reconnaissance de la deuxième personne, c'est-à-dire la constitution d'un discours commun (porté par un « nous »).

Le dialogue présuppose un certain accord interpersonnel, un sens partagé : chaque locuteur intériorise l'écoute de l'autre dans ses propres énonciations (chacun sait se taire et écouter). Le dialogue socratique Dans les dialogues socratiques, qui modèlent l'oeuvre de Platon, la pensée est elle-même un dialogue : elle avance pas à pas, quand le meneur de jeu et ses partenaires ont réussi à se mettre d'accord sur chaque idée en question.

Le dialogue est alors une enquête ontologique, qui cherche à établir l'existence et l'identité d'une réalité (dire ce qu'est une chose en tant que telle, connaître son essence).

Or, les hommes peuvent, soit être prêts à échanger leur position de locuteur ou d'auditeur dans l'examen de la question débattue, soit au contraire se montrer en désaccord avec le principe même de l'échange.

Mais le rejet du dialogue n'est-il pas le commencement de toute violence ? La réponse de Calliclès Au diable le dialogue ! " CALLICLÈS 6 : Moi, en tout cas, je me moque bien de ce que tu dis ! " Platon, Gorgias (IVe s.

av.

J.- C.), 177c. Problématique Faut-il se soucier du discours d'autrui, ou au contraire l'ignorer et même le mépriser ? Explication La parole lestée de vérité Pour Platon et Aristote, les mots ne sont pas vrais en eux-mêmes : le sens d'une parole ne suffit pas à déterminer sa vérité ou sa fausseté.

La plupart des paroles échangées visent d'abord à vérifier une certaine sociabilité, au travers de lieux communs.

La parole ne devient véritablement dévoilante que lorsque la vérité y est présente.

Ainsi, sans être par elle seule la vérité, la parole peut lui faire accueil ou bien s'obscurcir dans l'illusion. Parler pour séduire ou pour connaître ? C'est précisément cette confiance en un logos apte à dire l'être que les sceptiques vont mettre en doute.

La suspension du jugement (ne rien affirmer de rien) est pour eux un mode d'expression capable de s'en tenir à la vie affective, sans se prononcer sur la réalité du réel.

Comme les sceptiques, Calliclès entretient avec la philosophie un double rapport d'intérêt et de défiance : d'un côté, l'habileté à discourir et une ample culture peuvent donner à l'orateur ce brillant qui séduit un auditoire ; de l'autre, le sage peut être conduit à délaisser ses ambitions politiques au profit du loisir studieux.

Mais Calliclès à la fin se tait, ce que ne feraient certainement ni un philosophe, ni un rhéteur... Débat et enjeu La philosophie contre la rhétorique La rhétorique fait de la langue un écran entre les choses et nous.

Pour Platon, seul l'homme de bien parle les yeux fixés sur l'être, en cherchant à rendre sa parole nécessaire (méthode dialectique).

Le silence de Calliclès est alors une véritable négation du logos : il n'est plus pour lui ni parole susceptible de vérité, ni reflet de la seule vie affective, ni même un enjeu politique, mais une chose dont on se défait parce qu'on est convaincu de sa faiblesse.

La misologie (haine du logos) de Calliclès plonge ses racines dans le sentiment d'une nature dont seuls les rapports de force expriment l'exacte proportion. Le langage doit viser l'être À l'opposé, Platon réfère le discours aux genres intelligibles.

Si toutes choses se mélangeaient avec toutes, le discours n'aurait plus l'occasion de dire l'identité des êtres ; si, à l'inverse, rien ne se mélangeait avec rien, l'être serait absolument un et le discours ne pourrait pas articuler les différences.

C'est en énonçant les justes relations entre les idées que le langage est apte à déceler plutôt qu'à dissimuler.

Il ne renverrait sinon qu'à lui-même, absurdement.. »

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