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Faut-il défendre ces convictions à tout prix?

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« Lorsque nous s ommes convaincus de quelque chose nous pens ons pouvoir en rendre raison. P ar exemple, je suis convaincu qu'il va pleuvoir aujourd'hui en raison des nuages gris qui s 'amoncellent dans le ciel.

La conviction repose sur un savoir qui est fondé en raison, ce dont je s uis c onvaincu, je peux le prouver par des raisons.

Or il est des c onvictions qui se rapportent à des objets dont il est impos sible de rendre raison : c ' e s t l e c a s des convictions religieuses.

Le croyant affirme par exemple que D ieu e x i s t e e n vertu de s e s convictions religieuses.

O r la religion n'appartient pas au domaine de la raison mais plutôt à celui de la foi.

La foi es t une croyance à laquelle le croyant acquiesce et dont il n'a pas besoin de prouver la vérité en rec herchant des preuves rationnelles.

A insi face à c es deux types de c onvic tions, celle qui a trait à des choses dont on peut rendre rais on, et celle qui appartient au domaine de la foi, nous sommes face à un problème dans la mesure où il apparaît que certaines convictions sont plus proches de la vérité que d'autres.

P ar conséquent, faut-il défendre ses c onvictions à tout prix ? On peut donc définir la conviction comme une opinion dont il m'est poss ible de rendre raison.

O r si je suis convaincu de ce que je pense, c'est-à-dire s i je poss ède des c onvictions, pour quelles raisons devrais-je les défendre ? N'y a-t-il pas une contradiction à vouloir défendre ce dont on est sûr ? Si vouloir défendre ses convictions semble être contradictoire, il est peut être plus judicieux de penser que cette exigenc e d'analyse permet peut-être d'examiner que c e que l'on croit être une conviction n'es t peut être à l'arrivée qu'une simple opinion.

M ais si une c onviction est d'ordre religieux, c'est-à-dire du domaine de la foi, pourquoi faudrait-il en rendre raison, alors que la foi est une croyance qui s e passe de raisons rationnelles.

A i n s i l e s convictions ont-elles besoin néces sairement d'être défendues pour être fondées en vérité ? I A : A voir des convictions c'est penser que mes idées sont porteuses de vérité.

Par exemple si j'adhère à tel parti politique, c 'est parce que je pense que les idées qui s'y rattac hent sont en adéquation avec les miennes.

A voir des convictions politiques c'est donc penser que mes idées sont sources de vérité. A insi par le fait que je pense que mes idées sont porteuses de vérité, je m'évertue à les défendre.

La c onviction implique donc une adhésion totale du sujet à ce qu'il croit.

La conviction est donc différente de l'opinion qui comme le souligne P laton dans le Ménon, véhicule des vérités erratiques qui sont toujours susceptibles d'être en proie au changement.

L'opinion est un pseudo-savoir, c'est celui qui est fondé sur le ouï-dire.

T out le monde est capable d'avoir une opinion car il s 'agit simplement d'évoquer ses idées du moment sans savoir vraiment, c'est-à-dire sans les passer sous le crible de la raison, si elles s ont porteuses de vérité ou non.

A insi des convictions politiques peuvent être défendues à partir du moment où elles s 'appuient sur un savoir, en l'occurrence ic i, un savoir politique.

M ais qu'en est-il des convictions qui ne s'appuient pas s ur des raisons rationnelles, comme les convictions religieuses ? B : En effet le croyant fait reposer sa foi sur des vérités révélées.

O r les vérités religieuses sont de l'ordre de la transc endance et par c onséquent elles ne peuvent pas être passées au crible de l'entendement.

P our l'homme de foi Dieu exis te et il en a l'intime conviction.

A insi la conviction religieuse fait appel au sentiment plutôt qu'à l'examen critique de la raison.

Il est donc difficile pour un croyant de défendre s e s c o n v i c t i o n s religieuses car c e l l e s - c i repos ent non pas sur un savoir rationnel mais plutôt sur une croyance irrationnelle.

En revanc he les convictions religieuses peuvent être défendues, à condition qu'elles ne cherc hent pas à s'imposer de force comme le font les fanatiques.

La religion doit être une affaire personnel qui met en relation le croyant et son Dieu. A insi défendre ses convictions implique que celles-ci reposent sur un savoir dont le convaincu puisse rendre raison en s'appuyant sur des arguments rationnels.

Du coup se trouve écarté toute forme de c onvic tion qui ne fait pas appel à un savoir rationnel.

O r es tce parce qu'il m'est possible de défendre mes convictions que je dois nécess airement croire à la vérité de ce que je pens e ? II A : M ême si on est toujours en mesure de défendre ses convictions , il ne s'ensuit pas nécessairement que ce que je pense est vrai.

A insi ce n'est pas parce que je peux défendre mes idées politiques que celles -ci doivent s'impos er à tous.

Défendre ses convictions implique que l'on acc epte l'échange le dialogue avec autrui.

O r le dialogue a cette vertu d'examiner nos idées au moyen de l'échange avec autrui.

Et justement une conviction ne doit pas éviter le dialogue pour deux raisons : la première c'est que si on est sûr de ses convictions, alors il n'y a pas de raison de vouloir éviter le dialogue.

La seconde c'est que le dialogue permet peut-être d'examiner ce qu'on croit être une c onvic tion et qui peut être ne l'est pas de fait.

Il est donc une néces sité de mettre à l'épreuve ses convictions afin de s e convaincre de leur vérité ou peut être de leur fauss eté. Défendre s e s convictions permet donc de mettre à l'épreuve ce dont on c roit être des c onvictions.

O r n'y a - t - i l p a s d e s c o n v i c t i o n s qui doivent être défendues pour la s imple et bonne raison qu'elle s'impose à la raison ? III A : En effet il est des idées qui s'imposent à la raison humaine et qui n'ont pas besoin de passer par l'épreuve du doute pour être des convictions.

C 'est le cas des idées morales telles que les droits de l'homme, la liberté etc..

C es idées s'imposent d'elles-mêmes car elles sont is sues directement de la raison, or de ce que Kant appelle la loi morale, qui est un commandement de notre rais on pure pratique qui prend la forme d'un impératif catégorique et qui a une valeur universelle : « tu ne dois pas mentir » est un impératif c atégorique qui s'impose à la volonté humaine.

L'homme doit donc se faire un devoir de défendre ce qui s'impose à lui. Le devoir est une loi de la raison. «A gis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la pers onne de tout autre toujours en même temps c omme une fin et jamais simplement comme un moyen.» Kant, Fondements de la métaphys ique des moeurs (1785). • L'impératif c atégorique d e Kant est distinc t du commandement chris tique quant à s o n fondement.

E n effet le commandement d'amour du C hrist vient de l'extérieur et est fondé sur un commandement antérieur qui presc rit l'obéissance inconditionnelle au C hrist.

L'impératif kantien vient, lui, de la rais on.

C 'est en nous - m ê m e s q u e n o u s le trouvons, comme une structure de notre propre esprit, qui fonde notre moralité. • Q u e c e soit un «impératif» ne s ignifie pas que nous soyons contraints à nous y plier, mais il est en nous comme une règle selon laquelle nous pouvons mes urer s i nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvais e conscience»). • I l s e distingue aussi par s a portée.

En effet, traiter les autres «comme une fin» ne signifie pas nécessairement les «aimer».

C 'est à la fois moins exigeant, car il s'agit «seulement» de les respecter, en reconnaiss ant en eux la dignité humaine.

M ais c ' e s t a u s s i p l u s exigeant, car il faut maintenir le respect même quand on n'aime pas! C 'es t l à que le «devoir» est ressenti comme tel. Conclusion : I l e s t d o n c n é c e s s aire de défendre ses convictions dans la mesure où cela permet de mettre à l'épreuve celles-ci.

M es toutes convictions ne sont pas défendables dans la mesure où certaines s'appuient s ur des croyances irrationnelles.

C ela ne signifie pas que les convic tions religieus es sont indéfendables car la liberté de c r o y a n c e e t d e c u l t e e s t un droit.

Mais cela signifie qu'elle ne peuvent s'imposer dans la mesure où elles ne s'appuient pas sur des arguments rationnels.

En revanche il est des convictions qui s'imposent et dont nous devons nous faire un devoir de défendre.. »

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