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Faut-il de la passion en politique ?

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« VOCABULAIRE: PASSION: * Ce que l'âme subit, ce qu'elle reçoit passivement.

Chez Descartes, le mot désigne tout état affectif, tout ce que le corps fait subir à l'âme.

Son origine n'est pas rationnelle ni volontaire. * Inclination irrésistible et exclusive qui finit par dominer la volonté et la raison du sujet (la passion amoureuse). POLITIQUE: 1) comme adjectif, qui a rapport aux affaires publiques, à l'État.

2) Comme nom au féminin: science ou art de diriger les affaires publiques, de gouverner un État.

3) Comme nom masculin, personne qui gouverne. Définition des termes du sujet : La question « faut-il » peut s'entendre sous deux intensités différentes : comme, et c'est la version forte « est-il nécessaire qu'il y ait? », « est-il besoin de ? », et comme, et c'est la version faible « est-il préférable qu'il y ait ? ». Les passions, ce sont, en un sens très large et imprécis, tout ce qui affecte l'homme, tout ce qu'il subit ; mais la philosophie en a donné des définitions et des appréciations très diverses, considérant tantôt qu'elles sont absolument nuisibles à l'homme, qu'elles sont presque des maladies, tantôt qu'elles sont des forces irréductibles avec lesquelles il faut compter et dont on peut même s'aider. La politique peut se définir en un sens restreint comme tout ce qui a trait aux activités relatives à l'organisation des appareils publics et étatiques, ou, dans un sens large, comme tout ce qui est lié à la vie communautaire de l'homme, ce qui dépasse les cadres simplement étatiques. La question est donc ici celle de l'opportunité/de la nécessité du recours aux passions en politique.

Autrement dit, comment faut-il, en politique, employer, réguler les passions, si on ne fait pas le choix de les réprimer totalement ? Répondre à cette question demande de poser d'abord celle des conséquences de la présence des passions en politique : par exemple, si l'on schématise, la présence de la colère dans la vie politique pourra amener à des instabilités, à une absence de garantie de la justesse de toutes les décisions prises ; la présence de la joie pourrait renforcer le corps politique.

Il semble donc possible de faire un certain usage des passions en politique.

La question est celle de la pertinence, ou de l'éventuel danger de cet usage : la politique ne doit-elle pas justement être une activité abritée de tout ce que les passions peuvent avoir d'instable et d'aléatoire ? Les passions ne sont-elles pas un moteur bien trop puissant, susceptible d'aliéner les esprits des membres du corps politique ? (on pourra donner l'exemple de l'organisation nazie appelée « Kraft durch Freude », « la force par la joie »).

En même temps, ne pourrait-on pas concevoir une manière de régler l'usage des passions en politique pour profiter de la puissance de leur force motrice sans en subir les risques ? Ce sont autant de questions qui permettent d'aborder ce sujet. Références utiles : Spinoza, Traité théologico-politique. Platon, Les Lois, livre II (sur le bon usage du vin, conçu comme un libérateur des passions, dans les banquets). Textes à utiliser : Hume « Dans toutes les créatures qui ne font pas des autres leurs proies et que de violentes passions n'agitent pas, se manifeste un remarquable désir de compagnie, qui les associe les unes les autres.

Ce désir est encore plus manifeste chez l'homme : celui-ci est la créature de l'univers qui a le désir le plus ardent d'une société, et il y est adapté par les avantages les plus nombreux.

Nous ne pouvons former aucun désir qui ne se réfère pas à la société.

La parfaite solitude est peut-être la plus grande punition que nous puissions souffrir.

Tout plaisir est languissant quand nous en jouissons hors de toute compagnie, et toute peine devient plus cruelle et plus intolérable.

Quelles que soient les autres passions qui nous animent, orgueil, ambition, avarice, curiosité, désir de vengeance, ou luxure, le principe de toutes, c'est la sympathie : elles n'auraient aucune force si nous devions faire entièrement abstraction des pensées et des sentiments d'autrui. Faites que tous les pouvoirs et tous les éléments de la nature s'unissent pour servir un seul homme et pour lui obéir ; faites que le soleil se lève et se couche à son commandement ; que la mer et les fleuves coulent à son gré ; que la terre lui fournisse spontanément ce qui peut lui être utile et agréable : il sera toujours misérable tant que vous ne lui aurez pas donné au moins une personne avec qui il puisse partager son bonheur, et de l'estime et de l'amitié de qui il puisse jouir.

» Aristote, Politique « Une question pourrait toutefois se poser si, dans tel cas, il y a compétence et attachement au régime, qu'est-il besoin de la vertu? Car ces deux qualités suffiront pour servir l'intérêt commun.

Ne peut-on répondre que les gens qui ont ces deux qualités peuvent ne pas être maîtres de leurs passions, et par conséquent, de même qu'ils ne servent pas leurs propres intérêts, tout en se connaissant et en s'aimant eux-mêmes, ainsi rien n'empêche que certains d'entre eux ne se comportent de même à l'égard du bien commun.

D'une manière générale, les dispositions législatives que nous présentons comme utiles pour les régimes politiques sont, toutes, celles-là mêmes qui assurent le salut des régimes; et le principe élémentaire, d'une très grande importance et souvent répété; c'est de veiller à ce que la masse favorable au régime l'emporte sur celle qui lui est hostile.

». »

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