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Faut-il admettre que l'autre est une limite pour le moi ou une source du moi ?

Extrait du document

« Observation.

— La formule est empruntée à M.

Nédoncelle : « L'autre n'est pas une limite du moi, mais une source du moi » (La réciprocité des consciences, § SI, p.

67). Position de la question.

Un certain individualisme romantique cherche dans le culte du moi, replié sur lui-même, le secret du développement de la personnalité.

De ce point de vue, « l'autre » apparaît comme une limite, voire un obstacle à ce développement.

La psychologie justifie-t-elle cette attitude? I.

« L'autre » comme étranger. Si l'on accepte le postulat de la « conscience close », il n'est pas de communication directe entre notre conscience et celle d'autrui.

Comme le dit le Fantasio de MUSSET, « c'est tout un monde que chacun porte en lui, un monde ignoré qui naît et meurt en silence! » L'homme est alors condamné à la solitude, et « l'autre » ne peut être qu'un étranger avec lequel aucun contact n'est possible et qui ne saurait être, en aucune façon, source d'enrichissement pour le moi.

— Mais précisément, ce postulat de la « conscience close » appelle de sérieuses réserves et la psychologie contemporaine nous présente sous de tous autres aspects les rapports du moi et de Vautre II.

« L'autre » et le moi de l'enfant.

C'est ce qui résulte déjà de la psychologie de l'enfant. A.

— Celle-ci nous montre d'abord qu'il n'y a pas, primordialement, opposition entre le moi et Vautre.

L'enfant part d'un syncrétisme ou, si l'on veut, d'un confusionnisme où les deux termes sont encore indistincts et c'est précisément le rapport avec autrui qui l'amène à un changement de perspective.

Ce rapport est donc essentiel dans le développement de sa personnalité.

Des recherches précises ont établi que l'enfant sans mère ou privé d'affection présente des troubles graves.

La frustration affective le réduit à un état intellectuel déficient dès la fin de la deuxième année : « Le divers stades de l'affectivité ne se développent pas automatiquement, mai seulement en fonction d'un partenaire.

Seul l'échange affectif peut transforme le nourrisson en un individu intelligent et sociable » (R.

A.

Spitz, Chicago, 1947). B.

— Plus tard, l'évolution de la personnalité de l'enfant s'accomplira, à tous les stades, en fonction d'autrui.

— 1° C'est vers l'âge de trois ans qu'il se découvre en tant que personne.

Mais cette découverte se manifeste d'abord par une opposition à autrui : c'est la phase de « négativisme ».

L'enfant trouve dans la désobéissance, la contradiction, l'obstination têtue la preuve de son autonomie.

— 2° Ensuite vient une phase plus positive.

Mais « l'autre » y joue encore un rôle très important, soit que l'enfant se donne en spectacle à autrui et cherche à attirer sur sa personne l'attention de l'entourage (phase d' « exhibition »), soit un peu plus tard, qu'il modèle son comportement, ses attitudes, son langage sur ceux d'autrui (phase d'imitation).

— 3° A l'âge scolaire, à partir de 67 ans, le rapport avec autrui prend une forme plus impersonnelle : c'est le rôle dans le groupe qui devient l'élément principal.

Cet élément apparaît déjà dans le jeu où, comme l'a montré G.-H.

MEAD, l'enfant apprend, d'abord à jouer le rôle de l'autre, puis de l'autre généralisé (Textes choisis, I, p.

304).

Mais c'est l'école dont l'influence est ici la plus importante.

A ce stade, l'adaptation domine. C.

—Une nouvelle phase d'opposition commence vers l'âge de 12 ans.

La crise d'originalité juvénile coïncidera avec le véritable avènement de la personnalité.

— Ainsi, à tous les stades, on peut dire que, pour l'enfant, « c'est à l'intérieur de la perception d'autrui que se déploie la conscience du moi » (NÉDONCELLE). III.

« L'autre » et le moi de l'adulte. Ce qui est vrai de l'enfant, demeure vrai, en grande partie, de l'adulte, et, chez celui-ci aussi, « l'autre » est bien plus souvent « source » du moi que limite ou obstacle.

Notre personnalité continue en effet à se développer ou du moins à évoluer, durant toute notre vie.

Or cette évolution peut se faire : A.

— soit par imitation d'autrui, consciente ou inconsciente : nous pouvons choisir une personnalité, un héros, un saint ou simplement quelqu'un que nous estimons, comme idéal du moi, et cet idéal devient pour nous un modèle auquel nous nous efforçons de nous conformer; B.

— soit par opposition : c'est parfois aussi pour nous distinguer d'autrui que nous adoptons certaines attitudes, voire certaines opinions : « L'homme, dit NIETZSCHE, a besoin de quelque chose qui s'oppose à lui.

» CONCLUSION.

« Un sujet n'est une personne que si, traversant l'objectivité brute propre au savoir animal, il en vient à prendre la subjectivité même pour objet «.(NÉDONCELLE).

Or cette prise de conscience du moi par lui-même ne s'effectue que par le contact avec autrui et par « l'intuition libératrice » qui fait sortir le moi de sa solitude apparente : « La relation du moi au toi entre pour quelque chose d'essentiel dans l'être même du moi.

». »

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