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Expliquez, discutez et commentez cette opinion de Diderot : C'est la condition, ses devoirs, ses avantages, ses embarras, qui doivent servir de base à l'ouvrage. Il me semble que cette source est plus féconde, plus étendue et plus utile que celle des car

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Diderot a exposé ses conceptions dramatiques dans ses Entretiens sur le Fils naturel : Dorval et moi ( I757) et dans son Discours sur la poésie dramatique (1758). Il cherche à renouveler le théâtre en créant le genre sérieux, intermédiaire entre la comédie et la tragédie. Toutefois, ce n'est pas en mélangeant le comique et le tragique qu'il veut réaliser cette révolution, mais en déplaçant le centre d'intérêt des pièces. Il constate que jusqu'à son époque le caractère a été l'objet principal et qu'on a négligé la condition, c'est-à-dire la situation sociale et familiale. Il voudrait qu'on jouât l'homme de lettres, le philosophe, le commerçant, le juge, l'avocat, le politique, le citoyen, le magistrat, le financier, etc. Le théâtre représenterait donc les divers métiers avec leurs obligations particulières, mais ce n'est pas tout : les relations de famille compléteraient cette peinture : Le père de famille ! Quel sujet, dans un siècle tel que le nôtre ! Les pièces toucheraient ainsi un public toujours plus étendu : Nous avons chacun notre état dans la société, mais nous avons affaire à des hommes de tous les états. (Dorval et Moi, 3e entretien.)

« Expliquez, discutez et commentez cette opinion de Diderot : C'est la condition, ses devoirs, ses avantages, ses embarras, qui doivent servir de base à l'ouvrage.

Il me semble que cette source est plus féconde, plus étendue et plus utile que celle des caractères... Diderot a exposé ses conceptions dramatiques dans ses Entretiens sur le Fils naturel : Dorval et moi ( I757) et dans son Discours sur la poésie dramatique (1758).

Il cherche à renouveler le théâtre en créant le genre sérieux, intermédiaire entre la comédie et la tragédie.

Toutefois, ce n'est pas en mélangeant le comique et le tragique qu'il veut réaliser cette révolution, mais en déplaçant le centre d'intérêt des pièces.

Il constate que jusqu'à son époque le caractère a été l'objet principal et qu'on a négligé la condition, c'est-à-dire la situation sociale et familiale.

Il voudrait qu'on jouât l'homme de lettres, le philosophe, le commerçant, le juge, l'avocat, le politique, le citoyen, le magistrat, le financier, etc.

Le théâtre représenterait donc les divers métiers avec leurs obligations particulières, mais ce n'est pas tout : les relations de famille compléteraient cette peinture : Le père de famille ! Quel sujet, dans un siècle tel que le nôtre ! Les pièces toucheraient ainsi un public toujours plus étendu : Nous avons chacun notre état dans la société, mais nous avons affaire à des hommes de tous les états.

(Dorval et Moi, 3e entretien.) Part de vérité : Pour bien comprendre cette affirmation de Diderot, ¡1 faut la rapprocher du but poursuivi dans l'Encyclopédie et des recherches personnelles entreprises par Diderot sur la vie des métiers.

L'homme qui a un métier n'a pas seulement les pensées et les passions propres à son caractère et à son tempérament, mais encore un état d'esprit particulier à sa condition sociale.

Cette condition sociale imprime sa marque surtout par le métier et la situation de famille.

Cette remarque semble aujourd'hui banale, tant 6116*-est vérifiée par l'importance sans cesse grandissante de la vie syndicale; elle ne l'était pas au XVIIIe siècle, où les conditions particulières des corporations n'apparaissaient pas aussi impérieuses et ne fournissaient pas de sujets aux dramaturges. Part d'exagération : Molière n'a pas ignoré la peinture des conditions; chaque caractère a été replacé dans son milieu social: M.

Jourdain, Harpagon, Don Juan sont autre chose qu'un vaniteux, qu'un avare ou qu'un séducteur.

Ses continuateurs (Regnard, Dufresny, Dancourt et surtout Lesage avec Turcaret ou le Financier) ont esquissé la peinture des conditions.

Toutefois, sauf chez Lesage, cette peinture n'est pas systématique et Diderot a raison de dire qu'elle passe après l'analyse des caractères. Les réalisations : • Diderot : Diderot a mis en œuvre ses principes dans Le Fils naturel ou Les épreuves de la vertu ( 1757), comédie en 5 actes et en prose, dans Le Père de Famille (1758), également en 5 actes et en prose.

Cette dernière pièce montre le conflit entre un père et un fils au sujet du mariage de celui-ci : Saint-Albin veut épouser Sophie, une orpheline.

Le père s'y oppose au nom de la raison, des différences de fortune, mais finit par s'incliner, ému par la passion de son fils.

Le sujet ne paraît donc guère différent de celui des comédies de Molière, mais le ton est tout nouveau : les appels au cœur, les larmes y remplacent les défis et les plaisanteries de la comédie classique : Vous verrez couler les pleurs de Sophie, dit Saint-Albin ; j'embrasserai vos genoux ; mes enfants vous tendront leurs bras innocents et vous ne les repousserez pas.

A quoi le Père réplique en aparté : M me connaît trop bien. • Sedaine ( I 7 19-1797), ouvrier maçon devenu écrivain, a appliqué les théories de Diderot dans le Philosophe sans le savoir ( I 765), qui fait toujours partie du répertoire de la Comédie-Française, mais n'engendre guère que l'ennui. • Sébastien Mercier (1740-1814), aujourd'hui bien oublié, eut pourtant l'idée originale d'associer les théories de Diderot aux formules dramatiques de Shakespeare et de Schiller en lançant le drame historique. • Nivelle de la Chaussée (I692-I754j : Parallèlement au drame sérieux de Diderot, la comédie larmoyante de Nivelle de la Chaussée apportait un renouveau à la scène.

Au lieu de se moquer des ridicules, on s'attendrissait sur les vertus des personnages.

Le Préjugé à la Mode ( 1735), où Ton voit deux jeunes mariés s'aimer contrairement au préjugé mondain qui veut que l'amour disparaisse avec le mariage, est une pièce agréable et qui n'a pas trop vieilli. Les tentatives de Diderot étaient intéressantes, mais les réalisations restèrent trop timides et imparfaites.

Ni le drame sérieux, ni la comédie larmoyante ne constituent de véritables pièces sociales.

Elles montrent cependant combien la revanche du sentiment sur l'esprit fut importante dans la seconde moitié du siècle.. »

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