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Explication de texte _ Kant, Critique de la raison pure ,  Introduction (B1-2)

Publié le 25/10/2022

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« Explication de texte : Kant, Critique de la raison pure , Introduction (B1-2) ; Dans cet extrait de l’introduction à la Critique de la raison pure ayant pour thème la connaissance, Kant se propose d'expliquer les raisons pour lesquelles l’expérience est la pierre de touche de toute connaissance.

En effet, d’après lui, le monde empirique éveille notre pouvoir de connaître.

Dès lors, des jeux de mise en rapport se mettent en place entre le sujet qui reçoit l’objet mais qui, en même temps - d’une certaine manière - se l'approprie, cette appropriation étant entendue comme résultant de notre activité intellectuelle.

L'auteur explique ensuite que même si cette mise en rapport existe bel et bien, elle est néanmoins difficilement caractérisable.

Ici, tout l’enjeu pour lui est donc de tenter de présenter une heuristique ayant pour but de clarifier ces différents rapports, ce qui constitue une démarche d’autant plus nécessaire que le philosophe a bien conscience du fait que, bien qu’il soit indéniable que l’expérience occupe une place prépondérante dans le champ de l’élaboration de la connaissance humaine, cette dernière n’est pourtant pas réductible à l’expérience. Pour ce faire, il invite le lecteur à avoir une sorte de retour réflexif sur les mécanismes qui fondent sa connaissance.

Ainsi, il s’agit pour Kant de dégager les raisons pour lesquelles le rapport entre le sujet et l’objet place le sujet dans une posture active et non passive vis-à-vis de l’élaboration de la connaissance. Dans un premier temps, nous verrons que le philosophe tente d’adopter une posture humble en épousant la thèse empiriste afin de pouvoir en rendre compte du mieux possible.

Par suite, nous observerons que cet effort lui permettra de donner plus de corps à la nuance qu’il apporte à la thèse empiriste, à savoir que l’expérience prise pour elle-même ne suffit pas à rendre compte de la complexité de la connaissance humaine. Tout d'abord, nous pouvons voir que Kant énonce de manière péremptoire, voire dogmatique qu'il n'y a aucun doute sur le fait que « notre connaissance commence avec l'expérience » (l.1).

Se faisant, il adopte totalement la thèse empiriste.

Plus précisément, il pose d'emblée l'idée selon laquelle l'expérience constitue la pierre de touche de toute connaissance.

Ensuite, il justifie sans détours cette thèse en disant que l'expérience déclenche deux étapes essentielles concernant l'élaboration de la connaissance humaine, à savoir l'éveil puis la mise en exercice de ce qu'il appelle « [notre] pouvoir de connaître » (l.2).

Remarquons d'abord qu'il précise que l'éveil place le sujet dans une posture passive à l'égard des éléments qui l'entourent.

Plus encore, lors de cette première étape, « [l]es objets [...] frappent [les] sens [du sujet] » (l.3), si bien qu'il semble même subir leur impact. Considérons donc un peu plus en détail cette idée de quasi soumission du sujet vis-à-vis de l'objet.

On peut à bon endroit supputer qu'en adoptant une tournure syntaxique aussi abrupte, Kant souhaite interpeller et susciter l'intérêt du lecteur.

Mais il semble insuffisant de relever uniquement cet aspect de pur stylistique.

Cette assertivité assumée paraît aussi servir à mettre au jour un certain rapport d'instantanéité entre le sujet et l'objet.

Et c'est notamment sur ce rapport que repose toute la puissance thétique de la thèse empiriste. Ensuite, l'auteur précise que de cet impact des objets sur l'individu découle deux conséquences.

Effectivement, d'une part, les objets « produisent d'eux-mêmes des représentations» (l.4) - ce qui vient mettre une fois de plus l'accent sur la passivité de l'individu - et, d'autre part, « mettent en mouvement [son] activité intellectuelle, pour comparer ces représentations, pour les lier ou pour les séparer, et élaborer ainsi la matière brute des impressions sensibles en une connaissance des objets, qui s'appelle expérience » (l.4-7).

Cette seconde conséquence a donc pour but de préciser ce que le philosophe entendait par mise en exercice si avant, la mise en exercice qui correspond par ailleurs à la seconde étape essentielle dans l'élaboration de la connaissance.

Ce faisant, Kant met en exergue ce qui semble être un véritable travail intellectuel du sujet à partir des objets qui lui sont donnés.

Ce travail est d'ailleurs d'une grande minutie puisque, comme nous venons de le spécifier, le philosophe mentionne qu'il s'agit là d'un exercice d'élaboration des impressions à partir des objets qui entourent le sujet.

Cela renforce encore le statut de pierre de touche de l'expérience d'où paraît effectivement provenir toute connaissance.

Mais nous pouvons observer que l'auteur choisit cette fois-ci d'insister sur le fait que le sujet effectue des jeux de mise en rapport entre les objets qui s'imposent à lui et lui-même.

De prime abord, nous pourrions penser qu'ici, l'auteur se contredit en vertu du fait qu'il se dégage de l'activité intellectuelle qu'il détaille une certaine activité du sujet à l'égard de son environnement.

Mais il n'en est rien car il précise par suite que « [s]elon le temps, aucune connaissance ne précède donc en nous de l'expérience, mais toutes commence avec elles » (l.7-9), ce par quoi il rappelle que l'instantanéité prévaut toujours, en sorte que, bien qu'il soit vrai qu'un individu donné puisse effectuer des jeux de mise en rapport, il n'en est en définitive pas conscient.

En ce sens - à strictement parler - à ce stade de l'extrait, Kant n'admet pas qu'il puisse y avoir une certaine activité du sujet concernant l'élaboration de sa connaissance.

Il convient par ailleurs de remarquer que l'auteur à détaillé le processus d'éveil ainsi que celui de mise en exercice sous la forme d'une question rhétorique afin de renforcer le caractère thétique de son argumentation.

Cependant, aussi thétique soit-elle, il nous faut sans doute nous arrêter sur le fait que l'auteur affirme qu'à partir de ces deux processus se construit une connaissance des objets qu'il dénomme expérience de sorte qu'il apparaît que cette dernière possède une nature double.

Effectivement, elle semble être à la fois le point d'origine de toute connaissance mais aussi le résultat.

Nous nous trouvons face à une difficulté textuelle d'autant plus déroutante que, comme nous l'avons dit plus haut, la conclusion que le philosophe tire de sa question rhétorique nous ramène au premier des deux sens du concept d'expérience… Dans cette partie, Kant s'est efforcé de rendre compte au mieux de la thèse empiriste en posant d'emblée l'expérience comme origine de toute connaissance.

Il a justifié cette thèse sous la forme d'une question rhétorique et a mis l'accent sur l'attitude passive du sujet vis-à-vis des objets qu'il a environne, attitude qui perdure même lorsque ce dernier effectue une certaine sélection des éléments qu'il reçoit de l'objet et ce, à cause principe d'instantanéité qui le plonge en quelque sorte dans une cécité sui l'empêche d'avoir conscience et d'analyser le rapport qu'il entretient avec l'objet.

Mais qu'en est-il alors lorsqu'on dépasse cette cécité ? Pour effectuer une telle démarche, il faut - selon le philosophe - tenter de déployer une heuristique s'articulant autour d'un retour réflexif du sujet sur lui-même, ou, plus exactement, sur ses propres mécanismes de connaissance.

Mais Kant est bien conscient qu'une telle démarche est marquée par le sceau de l'incertitude, de la mise en hypothèse, du tâtonnement.

C'est pourquoi il prend soin débuter la formulation de sa thèse avec une conjonction de subordination, à savoir « bien que » (l.10) : ainsi - d'après lui - si nous nous astreignions à effectuer un retour réflexif sur nos mécanismes de connaissance, nous finirions par découvrir quelque chose de fondamental, à savoir que « bien que toute notre connaissance commence avec l'expérience, elle ne résulte pourtant pas toutes de l'expérience » (l.10-11).

Kant utilise ici de nouveau le verbe commencer, ce qui montre qu'il ne remet pas en cause l'importance de la temporalité dans l'élaboration de la connaissance. Mais remarquons qu'à ladite notion de temporalité l'auteur ajoute celle de la causalité par le biais du terme résulte.

Bien que cet ajout vienne complexifier davantage l'analyse du rapport qu'il existe entre le sujet et l'objet, ce dernier a le mérite de montrer qu'en réalité, les empiristes n'ont peut-être pas explorer en totalité les implications.... »

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