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Etre moral, est-ce contrarier ou suivre sa nature ?

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« Les deux verbes "contrarier" et "suivre" soulignent, pour le premier, l'action et, pour le second, la passivité. Contrarier, c'est s'opposer, résister à quelque chose ou à quelqu'un.

Suivre, c'est accompagner, se conformer. Être moral, serait-ce de s'opposer à tout ce qui en nous relève de la nature ou au contraire se conformer à la nature en chacun de nous ? Ce qui relève de la nature humaine : la raison et la passion.

Mais ce qui distingue l'homme de l'animal est cette capacité de se perfectionner.

La raison permet l'accès à la moralité. La position kantienne est originale : contrairement à Rousseau, il ne pense pas que l'homme soit originellement bon et pacifique, Cette idée maîtresse recouvre bien des ambiguïtés.

On peut l'interpréter comme une condamnation radicale de toute société qui dépravant l'homme le rendrait malheureux.

Et ce sera la postérité romantique de Rousseau qui exaltera l'individu incompris.

Le Werther de Goethe appartient à cette lignée.

Mais pour Rousseau, il ne faut pas l'entendre dans un sens aussi radical.

La Société n'est pas corruptrice par essence, mais seulement un certain type de société.

A vrai dire, toutes celles qui reposent sur l'affirmation de l'inégalité naturelle des hommes, oppriment l'immense majorité au profit d'une minorité de privilégiés de la naissance et de la fortune.

Si en effet, on examine attentivement les inégalités entre les hommes, seules celles de leurs possessions matériel-les qui, par des mécanismes comme l'héritage, sont provoquées par le type d'organisation de la société, sont indéniables.

Mais c'est un sophisme, ou à tout le moins un jugement précipité de conclure que de telles inégalités ont pour origine des différences de nature.

Si l'on dépouille par la pensée l'homme de tout ce qui chez lui relève du social, et donc du hasard, c'est bien l'égalité qui nous frappera : l'habileté de l'un peut compenser la force de l'autre.

Rousseau reprend ici l'affirmation de l'égalité naturelle proclamée par les penseurs de l'école du droit naturel.

L'homme de la nature, c'est donc la nature de l'homme. • L'homme diffère essentiellement des autres êtres naturels et en particulier de l'animal par sa perfectibilité.

Ce qu'il est naturellement en puissance ne peut s'actualiser que dans la vie en commun.

Ce n'est que parce qu'il vit en société que l'homme peut devenir moral, substituer dans sa conduite la justice à l'instinct.

Il est donc le produit de l'homme, aussi bien par son éducation que par le système de législation.

Et le problème fondamental sera dès lors de trouver une forme de société dans laquelle l'homme puisse préserver sa liberté naturelle et assurer sa sécurité. mais il ne pense pas non plus comme Hobbes qu'il soit un loup pour les autres hommes. Hobbes veut être le Galilée de la science politique, par l'application des principes de la physique à la société.

Il ne considère que les forces en présence, portées par les individus.

L'état de nature – fiction théorique et non description historique – représente l'état des forces individuelles en l'absence de tout pouvoir politique. Dans cet état, chaque individu poursuit sa conservation, poussé par trois passions fondamentales : la peur de la mort violente, la soif de pouvoir et la défiance à l'égard d'autrui (possible agresseur).

Pour assurer sa sécurité, chacun dispose d'un droit illimité sur toutes choses et tout homme.

C'est le droit de nature. Tout est permis, jusqu'au meurtre.

L'état de nature, c'est la guerre.

Mais tous y sont égaux, car la force est instable : celui qui domine aujourd'hui peut être surpassé demain par une alliance ou par une ruse.

Rien n'est sûr, la crainte est générale. Kant admet ces deux concepts car la nature n'est ni bonne ni mauvaise, elle est amorale.

L'homme possède « des impulsions à tous les vices », mais aussi la raison qui peut s'élever jusqu'au devoir. Ce ne sont pas les penchants naturels qui sont dangereux et mauvais, mais leur non-contrôle par une raison éduquée.

L'homme ne peut réaliser toutes ses dispositions naturelles qu'en vivant en société - état de culture - et en développant la vertu, cet acte par lequel un être humain montre la force de sa volonté « dans l'accomplissement de son devoir» (Métaphysique des moeurs). Si « la passion est une maladie de l'âme », pour Kant, c'est parce qu'elle aliène la raison et porte atteinte à la liberté.

La nature de l'homme est de s'élever non de régresser.

L'état de culture est un progrès - malgré « davantage de vices » - vers l'autonomie.

La question posée par le sujet est donc paradoxale : - si je contrarie ma nature, je ne peux pas progresser puisque le propre de la nature humaine est d'être perfectible ; - si je suis ma nature, je risque de ne satisfaire que mes désirs, mes penchants, mes instincts, ce qui est le propre de l'homme « innocent » - à l'état de nature -, mais contraire à la perfectibilité. L'homme, pour devenir un être moral, doit donc « exercer une contrainte sur lui-même », sur sa nature, et en même temps suivre sa nature qui lui permet de s'améliorer. L'éducation est identifiée alors à la socialisation.

C'est pourquoi le verbe suivre, contrairement à la définition donnée au début, n'est pas synonyme de passivité.

Suivre, c'est alors chercher ce qu'est sa nature humaine, sa propre nature.

Cette quête de soi nous fait découvrir l'action morale véritable : faire son devoir par pur devoir, respecter l'humanité en moi-même et en autrui. La morale exige donc la construction d'une contrainte de soi par soi et la production d'une loi à laquelle je vais obéir. Elle implique la liberté, attestée justement par l'existence de lois dérivées de la raison pratique : ce pouvoir de légiférer est un pouvoir de porter des jugements de valeur.. »

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